Lo and Behold, Reveries of the Connected World - Werner Herzog (2016)
S'il y a bien un truc que je concède a Werner Herzog, c'est qu'il est toujours là où on l'attend pas, surtout dans le registre du documentaire, si le bonhomme me donnait surtout l'image d'un Nicolas Hulot qui se serait acheté du talent, voilà qu'il surprend littéralement en s’intéressant cette fois a la question d'internet et son impact de notre vie quotidienne. Un sujet sur le papier assez rébarbatif et éloigné de ses tournages dans des lieux naturels dangereux qu'il va traiter de manière intelligente, un peu comme Ennemis Intimes, le fait qu'Herzog soit un cinéaste de fiction joue pour beaucoup dans la construction du documentaire : pas question de faire un vulgaire reportage a simple vocation informative, ici le point de vue du réalisateur domine et va diriger son regard de façon subtile afin d'élargir la question de départ pour faire un constat en demi-teinte sur le monde dans lequel on vit. D'habitude, je n'aime pas les "documentaires incarnés" mais c'est fait avec tellement de maitrise et sans une once d'égo ou de condescendance (il faut voir la pudeur de Herzog face a certains intervenants, il pourrait aller plus loin, mais il s'y refuse, c'est tout a son honneur).
Lo and Behold se présente donc au départ comme un portrait émerveillé sur les prouesses de la technologie, un petit peu trop d'ailleurs, mais bon pourquoi pas, les intervenants sont pas toujours funs a écouter ceci dit, mais a partir du troisième chapitre, le ton devient carrément glacial avec l'interview d'une famille endeuillée qui continue a souffrir a cause du web (le fait raconté est glauquissime, si une telle chose m'arrivait, je serais pas certain de m'en remettre) et dès lors, Herzog va constamment jouer sur le principe de la thèse/anti-thèse pour livrer un portrait dur mais juste de la condition humaine où le meilleur peut parfois engendrer le pire. Comme dit, vous fiez pas trop au sujet de départ sous peine de passer a côté d'un excellent documentaire.
7,5/10