Un Singe en hiver de Henri Verneuil
(1962)
(1962)
Seconde vision et je revois clairement le film à la hausse. Autant la première fois, le rythme et le script m'avaient surpris, et je trouvais le film juste bien, autant là c'est clairement le film de Verneuil que je préfère avec I comme Icare, et c'est un de mes films français favoris de cette période bénie où on savait encore faire de vrais bons films dans notre pays. Comme j'ai pu le constater à la découverte, c'est un film assez spécial à appréhender, dans le sens où toute la base du film va se poser sur une ambiance mélancolique, et sur un script qui est un peu une sorte de requiem pour alcooliques. Dis comme ça, c'est guère encourageant, mais au final Verneuil livre à l'arrivée son plus beau film.
Dès le début, le film étonne par la qualité de ses dialogues et son scope (il me semble que c'est le second film de Verneuil dans ce format, et le bonhomme savait déjà l'utiliser comme peu de réalisateurs savent le faire, il suffit de voir le générique), mais aussi par sa direction d'écriture, car mine de rien toute l'introduction ne sert qu'à poser les bases du personnage de Gabin, et à strictement rien d'autre. Vient ensuite la rencontre avec le personnage de Belmondo, et à partir de là le film décolle pour ne plus jamais redescendre. La rencontre entre ces deux géants de cinéma est pour le moins mythique, Gabin jouant le registre mélancolique qu'il a toujours bien su retranscrire dans ses films d'avant-guerre, pendant que Belmondo joue exactement le type de rôle que son aîné aurait pu jouer quelques décennies plus tôt. Du coup, l'histoire qui pourrait être ennuyeuse dans les mains de mecs sans talent se révèle ici magnifiée à la fois par son casting, son écriture et la façon d'être retranscrite à l'écran.
Sans réel climax (au mieux, on a un feu d'artifice), Un singe en hiver se trouve passionnant uniquement via son ambiance douce-amère et l'évolution de ses personnages, où l'un a encore toute la vie devant lui pendant que l'autre a tout laissé dans un autre pays. Au centre du récit, un troisième acteur : l'alcool, ici loin d'être traité négativement puisqu'il permet au contraire de libérer les personnages pour mieux leur faire exprimer leur vision du monde et de la vie. Et là encore, toute la subtilité du film va se jouer sur l'opposition entre Belmondo et Gabin, l'un buvant pour oublier l'avenir pendant que l'autre boit pour mieux se souvenir du passé. A côté de ça, le film est bourré d'idées formelles (l'ellipse avec le panneau, pour passer de la France occupée à la France libérée, la composition des plans dans le bunker, etc...) et me conforte dans l'idée que Verneuil était plus un réal de la trempe d'un Melville (avec une vraie patte) que d'un Lautner (au style plus passe-partout). Un très beau film (cette dernière scène !! ) à regarder idéalement devant un picon de bière, et clairement l'un de mes films français favoris ever.
Dès le début, le film étonne par la qualité de ses dialogues et son scope (il me semble que c'est le second film de Verneuil dans ce format, et le bonhomme savait déjà l'utiliser comme peu de réalisateurs savent le faire, il suffit de voir le générique), mais aussi par sa direction d'écriture, car mine de rien toute l'introduction ne sert qu'à poser les bases du personnage de Gabin, et à strictement rien d'autre. Vient ensuite la rencontre avec le personnage de Belmondo, et à partir de là le film décolle pour ne plus jamais redescendre. La rencontre entre ces deux géants de cinéma est pour le moins mythique, Gabin jouant le registre mélancolique qu'il a toujours bien su retranscrire dans ses films d'avant-guerre, pendant que Belmondo joue exactement le type de rôle que son aîné aurait pu jouer quelques décennies plus tôt. Du coup, l'histoire qui pourrait être ennuyeuse dans les mains de mecs sans talent se révèle ici magnifiée à la fois par son casting, son écriture et la façon d'être retranscrite à l'écran.
Sans réel climax (au mieux, on a un feu d'artifice), Un singe en hiver se trouve passionnant uniquement via son ambiance douce-amère et l'évolution de ses personnages, où l'un a encore toute la vie devant lui pendant que l'autre a tout laissé dans un autre pays. Au centre du récit, un troisième acteur : l'alcool, ici loin d'être traité négativement puisqu'il permet au contraire de libérer les personnages pour mieux leur faire exprimer leur vision du monde et de la vie. Et là encore, toute la subtilité du film va se jouer sur l'opposition entre Belmondo et Gabin, l'un buvant pour oublier l'avenir pendant que l'autre boit pour mieux se souvenir du passé. A côté de ça, le film est bourré d'idées formelles (l'ellipse avec le panneau, pour passer de la France occupée à la France libérée, la composition des plans dans le bunker, etc...) et me conforte dans l'idée que Verneuil était plus un réal de la trempe d'un Melville (avec une vraie patte) que d'un Lautner (au style plus passe-partout). Un très beau film (cette dernière scène !! ) à regarder idéalement devant un picon de bière, et clairement l'un de mes films français favoris ever.
8,5/10