Rattrapage tardif de ce blockbuster que j'aurais bien souhaité continuer à ignorer. Malheureusement, avec la perspective de retrouver peut-être un réalisateur comme David Fincher à la barre de la suite, une partie de moi avait envie de s'infliger ce truc, et à ma grande surprise c'est encore plus naze que ce que je redoutais. Alors déjà, je vais évacuer le gros défaut que je connaissais d'avance, à savoir la présence de Marc Forster derrière la caméra. Si on pouvait déjà bien cracher sur le bonhomme avec son travail sur
Quantum of Solace, ici c'est carrément plusieurs levels au-dessus. La caméra a beau être un tantinet moins tremblante que dans son James Bond, on y retrouve tout de même sa science pour le moins particulière du montage, où la théorie veut que plus une scène est découpée, plus elle va fonctionner. A l'arrivée, c'est donc un film pour le moins pénible à suivre visuellement. Aucune réelle lisibilité, et c'est franchement pas aidé par le script qui va faire crapahuter Brad Pitt d'un endroit à l'autre avec un semblant de justification.
A partir de là, j'arrive donc aux défauts où le film m'a carrément surpris, ne m'attendant pas à un tel déluge de médiocrité. Le script, c'est bien simple, c'est du nawak le plus total, avec des poncifs insupportables. Je me souviens en 2005 qu'une partie de la critique et du public avait critiqué
War of the Worlds de Spielberg, prétextant que c'était un énième film où Tom Cruise sauvait le monde, alors qu'il y jouait simplement un père de famille dépassé par les situations. Ici, la méthode Spielberg aurait été bienvenue, mais non, on se retrouve avec un métrage bâti à la gloire de son acteur principal, et là pour le coup j'exagère à peine en disant que Brad Pitt, dans
World War Z, n'a aucun défaut. Le mec est le meilleur de sa catégorie au point qu'on lui envoie un hélicoptère pour le sauver, il est un super mari, un père modèle qui ne s'énerve jamais, il a un look de surfeur, il sauve le maximum de personnes en chemin alors que sa vie est en danger, il prend toujours les bonnes décisions, sait se servir de toutes les armes, arrive à guérir l'amputation d'un bras sans utiliser de garrot, trouve exactement le laboratoire qu'il voulait après que son avion de ligne se soit crashé au milieu de nulle part, boit du Pepsi tranquille avant d'affronter une horde de zombies, et enfin il trouve le remède à une épidémie mondiale tout seul, comme un grand
. C'est franchement assez dingue de se retrouver devant un film débordant autant d'auto-suffisance, et limite les personnages secondaires ne servent à rien vu qu'ils ne font qu'accompagner la star ou lui confirmer ses dires, le must étant de constater que le seul personnage qui aurait pu faire de l'ombre à l'efficacité de Pitt meurt comme une merde après une minute à l'écran (et quand je dis mort de merde, c'est vraiment une mort où je me suis retrouvé à rire nerveusement tant c'est ridicule
).
Je passerais sur le passage à Jérusalem qui me paraît carrément limite idéologiquement : le coup du mur pour repousser des masses de zombies assoiffés de sang, pendant que des rabbins chantent de joie à l'abri, c'est carrément autre quand on réfléchit un minimum à ce que le réal ou les scénaristes ont essayés de faire passer comme message
, après peut-être que c'est comme le reste du film, et c'est juste écrit avec les pieds, sans aucune arrière-pensée. Finalement, il n'y a qu'une seule scène à peu près sympa, celle où on voit, depuis un avion, une bombe atomique exploser au loin et on se met à deviner ce qui peut se passer derrière les nuages. C'est typiquement ce genre de point de vue qu'il aurait fallu à un film pareil, mais à la place on se retrouve avec un star vehicle qui ignore son sujet, scénaristiquement et visuellement (le PG13 bien gênant pour le coup), insipide (comme son acteur principal) et mal branlé
. Clairement l'un des pires blockbusters de ces dernières années, haut la main (et quand je vois l'indulgence de certains membres ici, ça fait peur
).