Jackie de Pablo Larraín
(2016)
La saison des Oscars est lancée, et avec elle la promesse de biopics consensuels, conçus dans l'unique but de remporter un maximum de récompenses tout en brossant le public dans le sens du poil. Mais à ma grande surprise, Jackie n'entre clairement pas dans cette catégorie. Le film a beau être un des fers de lance de cette saison, notamment avec la performance de Natalie Portman grandement mise en avant, on est face à un biopic pour le moins étrange, et qui en déstabilisera certainement plus d'un. La première chose qui étonne, c'est l'ambiance du métrage du début jusqu'à la fin. On est dans quelque chose de très austère, qui ne cherche pas à raconter grand chose, si ce n'est souligner la solitude d'une femme qui cherche à reprendre le contrôle dans une situation où elle est sur le point de tout perdre. La forme joue beaucoup dans cette impression d'austérité, avec un format qui rend la plupart des environnements clautrophobiques, mais aussi une caméra souvent fixe (le seul mouvement de caméra bien cash, c'est celui suivant l'assassinat de JFK), avec des compositions de plans symétriques qui finissent de donner un sentiment de mal-être à l'écran. Bref, on est ici devant un film qui épouse son personnage, quitte à perdre une partie de son public potentiel en cours de route, et rien que pour ça je ne peux décemment pas condamner ce film qui ose prendre une part de risque non négligeable.
Malheureusement, je dois bien avouer que c'est finalement cette même austérité qui m'aura fait garder mes distances avec le sujet, et donc le personnage. Aussi bonne soit la prestation de Natalie Portman (et elle l'est, c'est clairement le meilleur rôle de l'actrice depuis longtemps), impossible d'avoir de l'empathie pour ce personnage qui ne libère que rarement ses émotions, et dont les tentatives de reprendre le contrôle sur son petit monde la rendent encore moins agréable à suivre. Nul doute que cela fait partie des intentions du métrage, mais du coup suivre exclusivement pendant deux heures un personnage qui n'inspire pas grand chose rend forcément l'expérience un peu limitée, en tout cas en ce qui me concerne. Néanmoins, je reconnais au film un propos pour le moins pertinent, puisqu'on cherche ici à analyser ce qui rend un personnage éternel dans l'histoire, et ce à travers un personnage dont on se souvient surtout pour avoir été l'une des veuves les plus célèbres du monde. Je suis donc clairement partagé sur ce film qui donne l'impression d'avoir autant de bon que de moins bon à proposer, mais toujours est-il que dans la longue liste de biopics consensuels que l'on se tape à longueur d'années, voir un film aux intentions aussi différentes force un minimum le respect.
5,5/10