Free Fire |
Réalisé par Ben Wheatley Avec Brie Larson, Cillian Murphy, Armie Hammer
Long-métrage : fr, uk Genre : action Durée : 01h30min Année de production :2017 |
5/10 |
SynopsisUne vente d’armes clandestine doit avoir lieu dans un entrepôt désert. Tous ceux qui y sont associés se retrouvent face à face : deux Irlandais, Justine, l’intermédiaire, et le gang dirigé par Vernon et Ord. Mais rien ne se passe comme prévu et la transaction vire à l’affrontement. C’est désormais chacun pour soi… pour s’en sortir, il va falloir être malin et résistant. CritiqueSur le papier, le scénario de Free Fire tient en quelques lignes, un groupe de malfrats qui organisent une vente d'armes qui dégénère en fusillade qui n'a ni queue ni tete, mais le film ne se résume pas qu'à celà et tire sa force de son casting et de ses punchlines efficaces.
Ben Wheatley propose un huis clos hallucinant, pas crédible pour un sou qui a pour résultat jubilatoire, un flot interrompu de déflagrations. Ne comptez pas sur le cinéaste pour vous approfondir les présentations de sa flopée de malfrats, le réalisateur va à l'essentiel c'est à dire l'action et l'humour, n’esquissant que très brièvement ses protagonistes.
Sa distribution permet à Free Fire de tirer son épingle du jeu, là où on pourrait voir du gâchis d'engager des acteurs de renoms reconnus de leurs pères pour finir en simple cible dans un jeu de massacre, le contraste de jeux et de finesse des acteurs incarne l’intérêt majeur de Free Fire. Certains poussent la caricature au curseur le plus élevé (Sharlto Copley) d'autres misent plus sur le flegme britannique (Armie Hammer).
Vernon (Sharlto Copley) sort du lot à la fois part son look inimitable, sa lâcheté et son avidité sans limite, je lui trouve des points communs avec Saul Goodman, un embobineur né en nettement moins talentueux ou à Begbie de Trainspotting pour le coté revanchard.
Amateurs du style retro, vous serez servis avec des cols pelle à tarte, pantalons patte d'eph' et BO d'époque (mais si elle reste discrète).
D'autres pourraient être issus des productions Guy Ritchie, des petites frappes qui n'ont pas inventé l'eau chaude mais qui ont le sang chaud, toujours près à faire un détour au pub et à chercher les embrouilles. Sam Riley, qui est en général dans un registre classique, se lâche complètement, cassant son image de dandy coincé, une prestation folle quand on connait le reste de sa filmo.
Les personnages se révèlent attachants sans distinction entre gentils et méchants mais l'émotion liée à leur souffrance ou leur disparition est limitée par ce canardage sans fin où le public finit par rire dès qu'un truand est touché plutôt que d'avoir mal pour lui, un coté tire au pigeon de fête foraine ou au coté virtuel des jeux vidéos.
Même si à l'écran les blessures sont belles et bien présentes, les balles glissent comme sur les plumes d'un canard sans jamais enrailler la machine, même un Jason Staham et cie ne sont pas aussi résistants!
Le cinéma nous a déjà offert maintes scènes de fusillades qui s'éternisent ou qui partent en sucette mais de là à en faire un film entier, le pari est osé...Les camps définis en début de film n'ont rien à voir avec ceux de la fin, le film tourne au survival où la chance et la loi du plus fort prévalent sur la loyauté.
Le problème de Free Fire c'est son concept qui obligatoirement offre peu de liberté visuelle ou narrative avec une construction linéaire et répétitive. L’entrepôt choisit pour la transaction permet quelques possibilités de fuites pour certains personnages, de trouver des gadgets utiles pour se défendre ou des recoins de planque mais ça n'est pas dans les décors que Ben Wheatley a décidé de trouver une option de secours pour son histoire.
La narration est donc linéaire avec peu de rebondissements, c'est plus dans les changements d'ambiance qu'on peut observer que Free fire peut brièvement frôler le genre horrifique avec des références évidents aux classiques (Shining par exemple) . Ne vous méprenez pas le métrage est certes violent par le nombre de balles qui fusent mais pas du tout gore ou sanglant (à dose homéopathique).
Free Fire est aussi un film très testostéroné avec que des hommes qui font un concours de b**** en se lançant des vannes sur leurs looks, leurs origines, leurs gestes, bref, ils se toisent, la tension est déjà là avant même que l'affrontement est débuté. Pourtant une intruse (Brie Larson) s'invite dans cette bande masculine et est accueillie avec beaucoup d'attention et de lourdeur.
Le mise en scène a un rôle crucial, pourtant j'ai trouvé le montage illisible et perturbant (et certainement délibérément chaotique), déjà qu'on distingue de moins en moins les limites entre les gangs ennemis, les angles choisis et plans de coupes ne facilitent pas l'identification du tireur ajoutant encore plus de confusion à la compréhension des scènes.
Le point fort de Free Fire est bien entendu son humour qui à l'image des truands est plus ou moins lourd. Celà va des petites piques lancées à voix basse au ridicule de situations improbables où on reste scotché devant l'audace du cinéaste. Wheatley fait causer mais pas à la façon de Tarantino, aucune longue tirade, aucune vraie anecdote croustillante ou perchée. Pourtant l'affrontement se joue par les armes mais aussi par les échanges verbaux qui parfois blessent autant qu'une arme à feu.
Free Fire est savoureux, mais à l'image de son concept se déguste en temps réel pour retomber comme un soufflé pour un résultat plutôt vain malgré un exercice de style efficace, Ben Wheatley s'enlise et n'arrive à trouver le ressort suffisant pour en dégager un style visuel ou des figures marquantes du 7eme art. Free Fire est comme un snap, un instantané sympathique qui disparaît qu'on oublie rapidement.
Un spectacle jouissif sans temps mort, sauvé par la plume du dialoguiste et ses interprètes qui hélas ne se résume qu'à un film pop corn déjanté mais anecdotique.