À ma grande surprise, j'ai préféré un chouïa
The Yellow sea à
The Chaser, pourtant plus estimé, qui se présente encore comme du bon gros polar vénère mais plus porté vers l'action que ce dernier. Certes, l'intrigue porte parfois un peu à confusion, surtout lors d'une seconde partie (débutant avec la fuite du protagoniste dans les montagnes) qui délaisse un poil sa crédibilité du début (impressionnant comme il est résistant et rapide le saligaud) pour offrir de grands moments d'action où on s'affronte sans complexe à coups de machettes, haches, ou couteaux, lors de plusieurs course-poursuites haletantes qui laissent peu de temps au protagoniste (et au spectateur) de souffler (putain de carambolage!).
Mais la qualité de la mise en scène (on passe encore à un autre niveau) permet de passer outre certains de ces défauts, d'autant plus qu'au final le ton général du film est assez ironique, comme
The Chaser en somme. Et ça commence fort en offrant un cadre poisseux et réaliste à souhait avec cette banlieue de laissés pour compte, et on va d'ailleurs rester par la suite dans le même genre d'ambiance, toujours oppressante y compris lors des séquences en extérieur où les montagnes vont se recouvrir d'une chape de brouillard. Et même si on se ballade un peu entre divers endroits ayant chacun une personnalité propre, on ne perd jamais cette identité visuelle qui laisse peu d'espoir aux personnages. Quant au duo principal, le même que dans
The Chaser mais aux rôles inversés, est vraiment impressionnant. Tandis que Kim Yoon-seok qui joue le commanditaire pète la classe à chaque plan, Ha Jung-woo, l'exécuteur, surprend avec un jeu quasi mutique mais dont on peut deviner aisément les doutes et réactions.
Côté action, on a droit à certaines séquences d'anthologie. Ma préférée demeure celle de l'immeuble où l'exécuteur imagine son plan de manière méticuleuse, comme un pro, mais qui va finalement ne pas se dérouler comme prévu. Ce retournement de situation ne m'a pas déplu, mais j'aurais peut-être préféré que ce soit un élément plus banal qui vienne enrayer la machine. Passée l'acceptation de cette petite facilité du script venant justifier une séquence d'une rare sauvagerie et donc balayer une première partie marquée par une peinture sociale au cachet réaliste, on passe rapidement au cinoche de genre. Une transition un peu poussive qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui m'a finalement accroché par tant de générosité dans la marchandise délivrée, d'autant plus si on joue le jeu de cet humour noir et glauque auquel sont invités de force les protagonistes (non mais sérieux je suis encore estomaqué par ces montagnes de cadavre que constitue autour de lui le commanditaire avec une simple hache, et plus légèrement, par l'incapacité des flics à faire leur job).
Bref, bien que l'apparente invincibilité des deux protagonistes et quelques trous dans le scénario finissent par faire baisser la tension dans la dernière ligne droite du film, je n'ai pas eu l'impression d'avoir été volé en termes de maestria visuelle (sans oublier le réalisme en chemin), offrant des séquences d'action particulièrement tendues, mettant ainsi à l'amende nombreux polars de ces dernières années, avec en bonus une petite touche d'humour noir et d'ironie qui fait plaisir.
Note : 8/10