L'ETE MEURTRIER (1983)▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔▔
┟ jean becker ┧
5/10 Thriller sans suspense, l'été meurtrier est un film qui porte pas si bien son nom. Pour un film chaud, il manque de transpiration tout simplement parce qu'il se dévoile trop vite. Adjani, sans remettre en cause ses talents d'actrice, porte un personnage trop facile à lire et qui oscille entre la femme fatale et la vengeresse sanguinolente en prétendant être les deux mais en ne finissant par en être ni l'une ni l'autre. Trop vite on lit dans ses yeux ses traumas enfantins qui annihile tout ce vers quoi auraient pu nous amener ses enjeux personnels. Son corps, trop vite dévoilé, n'a pas le temps de transpirer d'un désir intérieur et de dégager une force qui aurait agit sur son environnement bien plus qu'un simple objet physique bon à reluquer. C'est un film qui manque de passion, qui s'impatiente et s'explicite beaucoup trop, rythmé par de interminables voix off bêtement transposées du livre par l'auteur lui-même. C'est un film long qui ne laisse pas le temps à l'image d'imposer son sens, trop bouffé par la volonté de dire ce qui se passe et surtout ce qui va se passer. C'est un film qui manque de chair, de jus, de pouvoir érotique toujours par cette impatience latente de vouloir tout dévoiler sans faire saliver. Même si Souchon n'est pas mauvais, il incarne trop mollement son personnage d'amoureux naif, happé par la beauté de Elle. Sa passivité rend le personnage mou, et le film mou par ce qu'il représente et ce qu'il est censé faire rejaillir. Deux heures c'est long quand une narration ne sait pas exactement comment s'articuler. Le puzzle de l'intrigue se devine trop vite pour donner de l'importance réelle à la dissémination (parfois maline, pourtant) des pièces. La réalisation est classique, sans véritable parti pris ni fulgurances, si ce n'est ces flashbacks efficaces dans leur énergie dramatique apportée aux personnages. En somme on n'est pas devant un téléfilm (même si on est en France, dans les années 80), il y a une vraie volonté de raconter quelque chose et Adjani transmet sa beauté fragile, mais c'est bien trop mou, bien trop tendre pour prétendre être plus que cela.