Adaptation fleuve du roman de Hugo en trois films : Une Tempête sous un crâne (1H41), Les Thénardier (1H21) et Liberté, liberté chérie (1H23)
Ce qu’il y a de bien avec les Misérables, c’est que l’histoire est tellement forte qu’il y a peu de chances d’être déçu. Je ne dirais pas non plus que le monceau d’adaptations n’est constitué que de réussites (le film opéra de Tom Hooper avec Russel Crowe ne m’inspire guère confiance) mais enfin, à partir du moment où l’on a de solides acteurs dans les rôles clés, il me semble que l’on a la garantie de passer un bon moment à revoir une histoire que l’on connaît par cœur.
Cette version de 1934 de Raymond Bernard m’intriguait depuis longtemps justement à cause de la présence de Harry Baur, monstre sacré du cinéma français avant l’arrivée d’un certain Jean Gabin, dans le rôle de Jean Valjean ainsi que celle de Charles Vanel dans le costume de flic de Javert. Pas trop effrayé par les 4H20, j’ai saisi l’occasion de le voir cette semaine. Verdict ? C’est encore difficile de se prononcer. Le truc est que l’on a tous été marqué par une version des Misérables et qu’il peut être difficile d’en savourer une nouvelle sans y penser. À l’adolescence, je me souviens avoir vu la version avec Ventura jouant Valjean et Carmet dans le rôle de Thénardier. Cinématographiquement parlant, ce n’était sans doute pas grand-chose (Robert Hossein, vous pensez !) mais avec Ventura dans le rôle principal, ça marquait forcément un peu. De même quelques années plus tard, voir Gabin et Bourvil s’affronter dans le film de Le Chanois avait été inoubliable. Ventura, Gabin, comment apprécier la performance d’un Harry Baur sans comparer inconsciemment et systématiquement avec ces deux autres monstres sacrés ?
J’avoue, et c’est ma principale réserve concernant cette version, que la prestation de Baur m’a un peu laissé sur ma faim. Je l’avais vu camper un excellent M. Lepic dans la deuxième version de Poil de Carotte par Duvivier. Le problème, c’est que sa manière de jouer un brave homme réservé se différencie assez peu de son interprétation de Valjean. Lorsque Valjean devient Fauchelevent et joue au papa gâteau avec Cosette, il apparaît presque terne, donnant l’impression de voir une sorte de Casimir asthmatique sous héroïne plutôt que Jean Valjean, c’est-à-dire un ancien redoutable bagnard. Du coup, penser à Gabin joue forcément à son désavantage. Gabin possédait une force intérieure capable de donner au personnage une aura à la fois rassurante et menaçante (Gabin aurait été magnifique dans le rôle de Jacques Vautrin s’il avait pu jouer dans une adaptation des Illusions Perdues) Chez Baur, c’est beaucoup plus calme. Il faut attendre la fameuse scène où Valjean se coltine physiquement Thénardier et sa bande pour que l’on voit un Valjean enfin menaçant. Et encore cette menace est-elle surtout signifiée plus par la mise en scène que par le jeu d’acteur de Baur.
Bref, faut-il éviter cette version à cause d’un rôle principal défaillant ? À vrai dire je ne sais pas. Car quelques jours après l’avoir vue, je dois dire que l’image de Baur, de sa voix et de ses expressions ne sont pas sans charme. Sans doute y a-t-il moins de charisme dans son incarnation mais d’un autre côté, si l’on considère que Valjean s’efforce de devenir un simple homme dans la foule en quête de dignité, il y a quelque chose de touchant dans cet homme qui devient de plus en plus terne et dont la voix agonisante va s’éteindre pour laisser apparaître le mot « fin ». Finalement pas impossible qu’au fil des ans Harry Baur s’impose dans mon esprit comme une excellente incarnation de Jean Valjean.
Pour les autres personnages, je passerai sur les rôles féminins (Fantine et Cosette) qui ne m’ont pas enthousiasmé des masses (Danielle Darrieux avait été pressentie au début pour jouer Cosette, à la place on a une agaçante Josselyne Gaël). En revanche, j’ai aimé Vanel en Javert. Physiquement – excusez les vieux réflexe de mangaphile – il m’a tout de suite évoqué Acetylene Lamp, un des personnages récurrents dans les mangas d’Osamu Tezuka. Vanel sait susciter le mépris et l’antipathie et parvient à camper un Javert convaincant, même si l’on peut regretter un certain foirage dans sa manière de montrer le revirement intérieur final de son personnage, mais cela est surtout dû à un mauvais script pour l’épisode du suicide du personnage.
Pas de réserve non plus concernant les Thénardier. Il faut dire ici qu’une bonne version des Misérables tient tout autant que d’un Valjean convaincant que d’un Thénardier qui doit en faire baver le plus possible cette petite gueuse de Cosette. Ici, on est royalement servi avec Marguerite Moreno et surtout un Charles Dullin jubilatoire dans la peau d’un Thénardier avec une tête de fouine. A chaque fois que ces deux-là apparaissaient, j’avoue que je me frottais illico les mains de plaisir. Je n’ai peut-être qu’un seul regret : que le père Thénardier n’ait pas balancé davantage de mornifles sur la frime de Cosette.
Le trio d’acteurs principaux se tient donc globalement et peut être la raison suffisante pour se farcir quatre heure et demie des Misérables. Cependant la meilleure raison quand j’y repense vient des qualités cinématographiques. Pas non plus que ce soit un joyau du septième art. Mais comparé à des versions ultérieures, on saura gré à Raymond Bernard d’avoir tenté certaines choses. Les plans obliques, un peu systématiques dans le premier film, pourront agacer et paraître démodés. Mais on appréciera les décors alternant réalisme et stylisation, comme cette forêt dans laquelle Cosette doit se rendre pour aller chercher de l’eau. De même la maquette pleine de charme représentant Paris la nuit et annonçant la très réussie scène d’insurrection : plans au ras du sol, scènes filmés caméra à l’épaule (ou équivalent), joli travail sur le noir et blanc et la composition pour accentuer la dramaturgie de l’épisode, la scène, bien que longue, procure un certain plaisir, tout comme nombre de scènes où l’on sent un soin à cadrer les êtres de manière expressive. De petites trouvailles sont donc à découvrir tout du long (autre exemple : le fondu enchaîné sur les cartons d’invitations qui se répandent à terre – et qui symbolise la perte de Fantine dans une vie déréglée – et laissant apparaître d’autres papiers envoyés au sol : les miettes du document de Valjean indiquant son identité) et ne contribuent pas peu à prendre un réel plaisir au visionnage de cette adaptation qui ne doit pas être vue comme une énième version des Misérables mais bien comme l’une des toutes meilleures. Pas vraiment gêné par le passage au parlant, Raymond Bernard montre sa capacité à faire vivre un classique de la littérature et à gérer énormément de figurants (capacité déjà appréciée dans le Miracle des Loups) tout en se faisant maître des capacités techniques offertes par le cinéma, et tant pis si certains effets peuvent apparaître gratuits comme ces plans obliques. Oui, décidément, à bien y réfléchir, cette version est peut-être la meilleure.
Un professeur de langue dans un collège, Antoine Fournier, surprend un jour trois adolescents essayant de dérober dans son bureau une somme consacrée à une œuvre de charité dont il s’occupe. Il leur fait aussitôt écrire et signer un papier sur lequel ils avouent leur faute, leur promettant de détruire ce papier au bout d’un nom s’ils rentrent sur le droit chemin. Mais l’un d’eux l’a particulièrement mauvais et décide de monter une machination par l’intermédiaire de Gisèle, sa petite-amie. Celle-ci se fait donner des cours à domicile par le professeur et fait croire un jour à une tentative de viol ! C’est le scandale. Ne pesant pas lourd face à cette progéniture de bonne famille, Fournier est destitué.
Bien des années plus tard, il occupe la place de premier concierge dans un palace de Monte Carlo. Le hasard le fera rencontrer ceux qui l’ont déshonoré, riches et toujours aussi malfaisants. Pour Fournier, l’heure de la vengeance a sonné…
On songe tout d’abord aux Risques du métier avec Jacques Brel, avant de se rendre très vite compte que le film ne suivra pas la même voie. Pas de longue enquête ni de tentatives de reconstitution ici. Fournier est d’emblée vaincu et ne pourra se réhabiliter. Du coup on se retrouve avec une histoire de rape and revenge ou plutôt de fake rape and revenge, avec un Fournier gonflé à bloc et décidé à faire chuter ceux qui l’ont piégé. Comment ? C’est toute la question car il ne le sait pas encore lui-même.
Et c’est peut-être à cause de ce flou que le spectateur peine à entrer totalement dans le film. Il manque au personnage de Pierre Fresnay une dose de dureté implacable pour que l’on soit pleinement derrière lui. Et ceux qu’il a en ligne de mire, bien falots à l’exception de personnage d’Annie Girardot qui joue une belle garce, apparaissent très vite comme un menu fretin insignifiant qui ne mérite pas tous ses efforts pour leur faire payer.
Le film se clôt de manière abrupte, lors d’une scène au tribunal dans laquelle Fournier quitte son costume de portier pour endosser celui de cureton prêchant l’indulgence et le pardon. Hum ! Rectifions de nouveau le genre du film : fake rape and revenge en carton.
Sarah, jeune femme rendue aveugle après un accident de cheval, va rendre visite à son oncle, sa tante et sa cousine dans leur luxueux manoir. Assez rapidement, elle retrouve Steve, propriétaire d’un haras et ancien amant de Sarah. Toujours amoureux, il semble décidé à convaincre la jeune femme de rester plutôt que de retourner Londres, vraisemblablement dans l’espoir de vivre ensemble. Mais alors qu’il essaye de la convaincre lors d’une romantique escapade à cheval, un tueur (dont on ne voit que les bottes de cow-boy) pénètre dans le manoir et y massacre tout le monde…
Voir un film de ce touche-à-tout qu’était Richard Fleischer est l’assurance peut-être pas de voir un chef-d’œuvre mais au moins de passer un bon moment avec un art de l’intrigue consommé et une cinématographie parfois très originale. C’était le cas avec l’Etrangleur de Boston en 1968 et ses split screens qui annonçaient de Palma, et ça l’est encore avec ce Terreur Aveugle qui réussit le pari de proposer au spectateur une nouvelle expérience : rendre dix minutes de déplacements anodins dans un manoir absolument captivantes.
En effet, alors que Sarah est au retour à son manoir après ses roucoulades naissantes avec Steve, elle ne sait pas que sa petite famille a été massacrée. N’entendant rien et sachant qu’ils devaient sortir pour la soirée, elle s’imagine tout naturellement qu’ils ne sont pas encore rentrés. Du coup on la voit vaquer tranquillement à ses occupations avant d’aller se coucher, en slalomant innocemment entre des débris montrant qu’il y a eu du grabuge puis en s’endormant alors que sur le lit à côté est étendue sa cousine raide morte !
Les esprits forts trouveront sûrement la séquence grotesque à la longue. Et pourtant, conjuguée au jeu de Mia Farrow absolument convaincante dans sa manière de jouer une aveugle, la scène m’a parue prenante, vraiment réussie dans le minimalisme de ses effets. Dans les scènes précédentes, le spectateur avait eu droit à une musique langoureuse accompagnant la promenade se Sarah et de Steve, puis à des bruits de la vie quotidienne du manoir (tondeuse à gazon, poste radio de la cousine…). Tout à coup plus rien, c’est le silence absolu seulement ponctuée des discret bruits de Sarah toute à ses occupations. Filmée selon un point de vue externe, la scène livre habilement, au fur et à mesure de la progression de Sarah dans la vaste maison, des détails faisant comprendre l’horreur qui s’y est produite quelques heures plus tôt. On a alors l’étrange impression d’être comme ces objets, de faire partie du décor et d’assister impuissant à la déambulation et surtout à l’inconscience de Sarah qui ne s’aperçoit pas du moindre indice susceptible de lui faire comprendre qu’un vilain rififi a eu lieu.
Evidemment, la vulnérabilité du personnage est pleinement ressentie et l’on se prend à tendre l’oreille, plus que jamais l’organe de la peur cher à Nietzsche, pour guetter le moindre bruit suspect et à scruter les moindres recoins de l’image, redoutant que le tueur ne surgisse à chaque instant et ne fasse qu’une bouchée de l’aveugle maigrichonne. Cela n’arrivera pas, l’assassin se trouvant ailleurs (on le découvre plus tard) mais cela importe peu puisque l’enjeu narratif est alors de découvrir les cadavres et de prévenir la police le plus vite possible, le spectateur se doutant bien que tôt ou tard les routes de Sarah et du tueur se croiseront.
Au spectacle de la déambulation à l’intérieur du manoir suit un deuxième : celui de son errance à l’extérieur. Là aussi, les mêmes esprits forts pourront trouver que cette perpétuelle « faute à pas de chance » est tout de même too much pour ne pas s’en gausser. Personnellement, j’ai aimé cette trajectoire du personnage qui, en commençant par un pied écorché et en terminant dans une scène saisissante dans une glaisière, va subir une série d’avanies qui n’a pas été sans m’évoquer les malheurs de la Justine de Sade. Sortant du cocon familial qui protège ce pauvre poussin aveugle, Sarah se confronte à une réalité hideuse qui, des gitans dissimulateurs aux badauds assoiffés de mort lors du plan final, ne rassurera pas quant à la possibilité d’un avenir heureux pour Sarah.
On pourra trouver les ficelles un peu grosses concernant le faux suspect et la manière de faire le lien avec le réel assassin dont le prénom a été donné de manière très artificielle (et donc suspecte) plus tôt dans le film, mais peu importe : la curieuse expérience de voir un endroit que l’héroïne ne voit pas, tout en sachant que l’on est nous-mêmes prisonnier de ce que veut bien nous montrer la caméra, cette expérience vaut bien de s’intéresser à ces 90 minutes qui font de ce thriller anglais du début des années 70 de nouveau une excellente incursion de Fleischer dans le genre.
Pas simple, la vie de l’inspectrice Corinne Levasseur qui doit sans cesse composer avec les préjugés quant à l’efficacité de son sexe lorsqu’on travaille dans la police, mais aussi à une hiérarchie soucieuse de ne pas troubler les hautes sphères. Perçue comme gênante, elle est envoyée à Lens où elle ne tarde pas à découvrir un réseau de prostitution infantile. Problème, le réseau touche quelques huiles locales…
Casting intéressant pour un film qui ne l’est pas moins, film renouant avec le Juge Fayard et son personnage de fouille-merde en bute avec un establishment juridico-politique. Pourtant, avec Miou-Miou dans le rôle principal, ce n’était pas gagné d’avance. Car très vite se pose la crédibilité d’une telle femme au poste d’inspectrice. Du coup on partage un peu le scepticisme des individus qu’elle rencontre au fil de ses enquêtes et qui y vont de leur petite pique. Mais cette fragilité, aux antipodes d’un personnage de flic à la Belmondo, permet de faire ressortir toute la veulerie de sa corporation. Puisque cette femme, en apparence inapte, incapable de se servir d’une arme lorsqu’une situation l’y oblige, puisque cette femme donc parvient à progresser habilement dans une affaire de pédophilie, on se dit que ses collègues masculins devraient sans problème l’épauler et donner un vigoureux coup de pied dans cette fourmilière peu ragoutante constituée de tous les pervers pépères du bled. Mais non, le personnage se retrouvera peu à peu seule et on ne sera pas très loin de craindre pour elle le même sort que le personnage de Dewaere dans le Juge Fayard.
Ajoutons à cela une peinture désespérante des milieux populaires pour qui le qu’en-dira-t-on possède un poids non négligeable, tout comme la crainte de perdre son emploi à cause d’une affaire qui éclabousserait de trop près le nabab local, sorte de Monsieur Madeleine déviant cherchant des petites Cosette pas forcément pour la bonne cause.
Un peu ce genre-là, quoi.
On saura gré à Boisset d’avoir éviter le crapoteux. Quelques couvertures de magazines dégueulasses fugitivement aperçues suffisent à imaginer le calvaire des petites victimes. Une scène en particulier m’a paru terriblement glaçante : une vieille dame vient chercher un garçon sur un terrain de basket. Personne n’y prête attention, c’est juste une grand-mère qui vient chercher son petit-fils. Sauf qu’on découvre qu’il s’agit d’une maquerelle venant chercher son employé pour le livrer à son client, un vieux monsieur tiré à quatre épingles. La scène ne dure que deux minutes, nous la suivons à travers les yeux de Levasseur qui est postée dans une voiture, et la scène suffit à concevoir l’horreur d’un trafic qui se fait au sus de tous sans que personne ne suspecte quoi que ce soit.
C’est donc un film dur, mais qui sait éviter le putassier pour insister autant sur l’ignominie de ce type de trafic que de la pesanteur politico-administrative qui empêche de réaliser une enquête efficace. Cerise sur le gâteau : la scène où apparaît le docteur Godiveau joué par François Simon. L’amateur de littérature aura tôt fait de piger qu’il s’agit en fait du bon docteur Louis-Ferdinand Céline, que Boisset avait par ailleurs rencontré lorsqu’il était jeune et fiancé à une jolie danseuse qui suivait des cours dispensés par Lucette Destouches à Meudon. La scène est drôle, quasi magique, unique touche comique dans un film où, on le devine, la gaudriole est forcément absente.
Alors qu’ils se trouvent en vacances dans les Cornouailles, un jeune compositeur, Roderick Fitzgerald, et sa sœur Pamela tombent en arrêt devant une superbe maison perchée sur une falaise. Tombée amoureuse de la demeure, Pamela convainc son frère de l’acheter. Bonne surprise, l’actuel propriétaire est prêt à la leur vendre pour une somme dérisoire alors que sa petite-fille, Stella, les a mystérieusement dissuadés de l’acheter.
Quelque temps plus tard, Roderick et sa sœur s’installent dans leur nouvelle maison mais très vite de curieux événements viennent détériorer l’atmosphère. D’abord le chien de Pamela qui refuse obstinément d’entrer dans la maison, ensuite une pièce à l’étage dont il se dégage une tristesse communicative, enfin les pleurs d’une femme en pleine nuit que le couple ne parvient pas à localiser…
Bien avant la Maison du Diable de Robert Wise ou l’hôtel Overlook dans Shining, il y a eu the Uninvited de Lewis Allen. Exploitant le thème du lieu hanté, le film apparaît maintenant certes bien moins angoissant que de prestigieux successeurs mais a le mérite de posséder une splendide photographie (que l’on doit à Charles Lang) qui en fait véritablement un petit joyau du cinéma fantastique. Il y a tout d’abord cette atmosphère gothique, tous ces chandeliers, ces vieilles pierres sculptées et ces escaliers en colimaçon toujours du meilleur effet lorsque vient la nuit et surtout lorsque cette dernière se contente d’un noir et blanc accentuant sur les murs les jeux d’ombres et des lumières. On arguera que tout cela est bien cliché et pourtant, pour un film de 1944, il faut reconnaître une belle maîtrise dans cette imagerie gothique pleine de charme. Et puis, toujours pour rester dans la photographie, il y a ces tentatives – réussies – d’effets spéciaux. Ceux-ci apparaissent lors de deux scènes uniquement, le temps d’apercevoir un fantôme et sont la preuve qu’il ne suffit pas d’avoir un ordinateur pour créer des effets spéciaux qui résisteront au temps. Deux scènes, c’est peu, le film préférant jouer sur la suggestion, mais suffisant pour relancer l’attention du spectateur, même si celle-ci n’a pas vraiment le temps de faiblir tant l’intrigue et la galerie des personnages, tous excellemment interprétés, captive l’attention, le tout avec çà et là de petites pointes d’humour (on songe parfois un peu à Rebecca d’Hitchcock) toujours un peu risquées dans une histoire de tonalité fantastique mais que j’ai trouvées pour ma part discrètes et cohérentes par rapport au caractère enjoué de Roderick. Ce qui est aussi plaisant, c’est de voir comment l’explication fantastique peut-être dépassée par une explication plus symbolique et freudienne, le personnage principale étant après tout non pas Roderick mais Stella, jolie jeune femme de vingt ans vivant encore chez un grand-père bien décidé de l’empêcher de vivre comme elle l’entend et surtout à l’inciter à se modeler sur sa défunte mère, femme que beaucoup décrive comme une mère sublime et raffinée. Sa surprenante demande auprès de Roderick pour ne pas acheter la maison constitue le début d’une longue enquête que mèneront les personnages, enquête pour faire surgir du passé une vérité familiale constituée d’adultère, de naissance illégitime, de tentative d’infanticide et d’une probable relation lesbienne. Nous n’en dirons pas plus, l’intrigue gardant pour la fin une surprenante révélation. Au milieu de ce cloaque familial, l’enjeu pour Stella de reconquérir son passé pour son reconquérir elle-même afin de mieux envisager l’avenir avec Roderick, lui aussi présenté au début de film comme arrivé à un carrefour de sa vie. Pour résumer, The Uninvited est un de ces films qui se sont essayés au genre fantastique de manière sérieuse et convaincante. Pour accéder au statut de chef-d’œuvre il lui a peut-être une petite once de malsain, de grinçant ou de choquant. Mais nous sommes en 1944 et comme le film possède son lot de ladies et de gentlemen, difficile aussi d’en demander plus.
Un père de famille accaparé par son travail doit accompagner sa fille en train à Busan, chez son ex-épouse. Problème : une jeune femme un peu déglinguée pénètre dans le train juste avant son départ. C’est parti pour deux heures de voyage avec une fille zombie (suivie d’une ribambelles de victimes contaminées) à bord !
Train to Busan (Yeon Sang-ho – 2016)
Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un blockbuster coréen et tenter un film de zombie, genre qui m’assomme depuis le succès de Walking Dead, n’était pas fait pour me rassurer. Et pourtant, difficile de bouder mon plaisir à la fin des deux heures. Ce que j’aime dans Dernier train pour Busan, c’est sa manière d’annoncer la couleur dès le début. Après quinze petites minutes d’exposition, nous voici donc dans le train pour ce qui va s’apparenter essentiellement à un survival dans un lieu clos. Au programme donc, beaucoup de scènes d’action avec une succession de relances scénaristiques pour varier la progression narrative. On apprendra ainsi que l’obscurité permettant de figer les zombies, les tunnels s’avéreront cruciaux. Se cacher de leur champ de vision, par exemple en plaquant des feuilles de journal sur une vitre en plexiglas, peut aussi suffire à stopper leur frénésie destructrice. Amateur de scènes de baston ? Pas de problème, vous aurez votre lot de scènes de combat au corps-à-corps, et tant pis si cela paraît pour le moins improbable.
Bref, avec Dernier Train, il ne faut pas s’attendre à de longs dialogues existentiels dans lesquels les personnages décideraient de faire le point sur leur vie. Il y a bien un peu de cela, notamment avec le personnage du père qui comprend que sa vie familiale à jusqu’à présent été un ratage, mais cet aspect est réduit à la portion congrue, juste de quoi pour s’attacher un minimum aux personnages et pour ne pas regarder le jeu de massacre avec une totale indifférence. Ce n’est pas vrai pour tous les personnages (les deux petites vieilles et les joueurs de baseball m’ont laissé froid), mais cela fonctionne au moins pour le père et Sang-hwa, le compagnon de la femme enceinte (joué par le massif et excellent Ma Dong-seok). Point trop de nunucheries donc, juste quelques visages angoissés et en pleurs (ce qui est bien la moindre des choses vu les circonstances), suffisant pour distiller le minimum de pathos au milieu d’une action finalement prenante, bien mise en scène, me rappelant par son rythme et son côté collection d’images apocalyptiques la Guerre des Mondes de Spielberg (par exemple le train fou enflammé).
Ce qui est valable pour le pathos l’est aussi pour le symbolisme. On aurait pu craindre une insistance sur le côté lutte des classes, d’un côté les gens riches tranquilles dans leur compartiment, de l’autre les sales pauvres qui n’ont qu’à se démerder avec les zombies. Ce qui prédomine à mes yeux surtout dans la scène choc où les principaux personnages se voient refuser l’entrée à un compartiment préservé des zombies, c’est la faillite d’une entraide sociale (quelle que soit les classes concernées) dès que cela va contre des intérêts individuels. Il est significatif que les personnages les plus sensibles à la notion d’altruisme soit une vieille dame (témoin d’une autre époque où l’individualisme restait mesuré) et une petite fille (pas encore pénétrée des déviances de son époque).
D’un autre côté, Seok-woo (le père) essuie bien des marques de mépris de la part de Sang-hwa dont on suppose des origines plus modestes. Mais cette opposition n’est pas systématique, les deux personnages s’inscrivant très vite dans une complémentarité cruciale pour espérer s’en sortir, complémentarité de l’esprit et de la force brute (force qui donne d’ailleurs lieu à une curieuse scène dans laquelle Sang-hwa se prépare à la baston en se couvrant les pognes d’adhésifs pour se protéger des morsures… tout en faisant tomber la veste, sans doute dans le but d’impressionner l’adversaire en exhibant ses gros biceps).
Le film aurait pu être gavant à plus d’un titre. Au lieu de cela il réussit à proposer un spectacle équilibré, avec une action qui gère parfaitement deux heures durant les possibilités scénaristiques d’une ligne ferroviaire. Pas le blockbuster coréen ultime mais infiniment plus recommandable que World War Z.
J'ai beaucoup aimé le film, mais la symbolique est tout de même très poussée/appuyée.
A l'image du vieux chef d'entreprise persuadé qu'il peut tout gérer lui-même, au point de s'improviser conducteur de train (ce qui le conduit à sa perte)...
Ce qui ne gâche pas, pour autant, la générosité du film en tant que spectacle (et c'est mille fois mieux shooté que la bousasse avec Brad Pitt, sans cesse tirée vers le bas par l'incapable Marc Forster).
Pour le dire différemment le symbolisme est marqué mais ne m'a pas paru de quoi susciter le sarcasme. On reste de toute façon un peu sous la menace de gros sabots dans un film catastrophe. Inévitablement on se retrouve avec un mec de la haute antipathique qui va recevoir quelques leçons de vie d'un bon gars issu du peuple, qui sait bien quelle est la valeur de la vie, lui. En bref, la pilule symbolique est plutôt bien passée pour moi.
Le chef d'entreprise est très bon. Pour le coup, le trait est tellement forcé que le personnage devient la caution comique du film. Mais ce n'est pas grave, une bonne et belle raclure comme on les aime.
Documentaire sur la vie trépidante des Beatles de 1962 à 1966, alors occupés à des tournées incessantes et de plus en plus chaotiques.
Inévitablement, le pédantisme de certains hard fans des Beatles s’est fait entendre dès la sortie du film. Celui-ci promettait des documents inédits, on rétorqua que non, on les avait en fait tous vus. Le film s’arrête en 1966, juste avant la période studio du groupe, infailliblement des geignards ont regretté que le film n’évoque pas la genèse des albums à venir, à leurs yeux la période la plus intéressante du groupe. Le titre était pourtant très clair, il semblait évident qu’un film intitulé Eight Days a Week n’allait pas parler des séances d’enregistrement intenses mais encore confortables des Fab Four.
Bref, ignorant ces griefs de chieurs, je me décide hier à sortir de son emballage le coffret double bluray destiné à être offert à mon paternel pour Noël, histoire de m’offrir 105 minutes endiablées de Beatlemania. Verdict ? Immédiatement un regret, celui de n’avoir pas vu le film à sa sortie en Mondovision. Car oui, les promesses vendues à la sortie du documentaire, les « du footage inédit ! » et autres « les Beatles comme si vous y étiez ! », ces promesses-là sont bien tenues. Sans avoir tout vu sur les Beatles, je me suis tout de même enquillé pas mal de docus sur la question, le dernier en date avant Eight Days a Week étant le monumental (dans la durée) The Beatles : Anthology. Voir Eight Days promettait donc d’avoir une sensation de déjà-vu. Et de fait, c’est une sensation qui est éprouvée tout le long du métrage. Mais très vite ce sentiment se double d’un autre, celui de ressentir un vif plaisir dans cette immersion dans les années de tournées à travers un montage évitant aussi bien le côté ronronnant d’Anthology que les travers d’un montage qui chercherait trop des effets clipesques. Rien d’original dans les sources : Howard alterne photographies, documents d’époque et interviews récentes. Mais il a su en même temps y insuffler un dynamisme dans le montage qui donne l’impression de vivre comme jamais ces choses déjà connues. Et donc, oui, l’argument publicitaire de « l’inédit » n’a donc rien de mensonger, d’autant que dans la masse de documents qui nous sont déversés tout le long du film, il y a des photos, de courtes vidéos que je confesse n’avoir jamais vues.
Bobbies VS Beatles fans
A cela ajoutons une remastérisation 4K qui rend vraiment saisissant le visionnage de séquences de concerts vue, revues et archi-revues, je pense à celles du Shea Studium et de l’ABC Theater de Manchester. Là, c’était sûrement le « comme si vous y étiez » qui devait primer sur grand écran. Dans une moindre mesure, ce côté immersif se ressent aussi sur petit écran. On jubile vraiment de voir ces quatre gueules bien connues en 4K en train d’interpréter Twist and Shout tandis que devant eux c’est un océan de femelles hystériques en pleine furie utérine. Et l’on reste médusé par ces fans se faisant méchamment plaquer par les flics au milieu du Shea Stadium, ces manifestants japonais enragés à l’idée de voir leur cher Budokan – traditionnellement utilisé pour les arts martiaux – se voir profané par ces quatre gaijins avec leur coupe au bol qui arrivent à faire mouiller leurs copines rien qu’en chantant, ou encore ces émeutes de haine parce que l’un d’entre eux a dit qu’ils étaient plus célèbre que le Christ.
Petit à petit, les visages changent. Lennon perd son expression sarcastique pour un visage fatigué, indifférent, lassé de ce qui tient plus du cirque que d’une communion autour de la musique. Le film se termine avec la fin du cirque, mais pas celle de la légende. Luxe incroyable d’un groupe qui se permit de faire définitivement une croix sur les concerts au profit d’enregistrements en studio qui allaient leur permettre de véritablement graver dans le vinyl leur génie musical. A un moment du film, un journaliste demande au jeune McCartney s’il sait quel sera l’impact des Beatles dans la culture populaire occidental. Question qui fait sursauter Macca, qui répond : « vous plaisantez ? Tout cela n’est qu’une plaisanterie ». Et pourtant, au moment où se clôt le film, la plaisanterie est sur le point de prendre une tout autre tournure. Et quarante ans plus tard, à une époque où le moindre artiste préfabriqué peut se targuer de remplir des stades, ce film semble avoir comme une mission de salubrité culturelle : rappeler qu’autrefois ont existé quatre dieux qui avaient le monde à leurs pieds, dieux plus célébrés que Presley, Sinatra, Monroe et Kennedy réunis, dieux qui, malgré le barnum médiatique dans lequel ils se trouvaient, avaient la capacité d’écrire des chansons désarmantes de facilité et d’universalité et qui, quarante ans après, continuent de faire sentir ce petit frisson de plaisir propre au génie. Pour avoir rappelé tout cela, il n’y a qu’une chose à dire :
Dans une ville française sous l’Occupation, un petit groupe de lycéens décide de passer à l’action. Cela commence par des dessins satiriques placardés un peu partout avant qu’ils ne décident de passer à la vitesse supérieure : incendie puis, lorsque leur professeur de chimie est arrêté à leur place, prévision d’une attaque de la Kommandatur de la ville pour l’en délivrer. Mais pour cela, il faut des armes et lorsqu’ils s’en prennent à un motard allemand et qu’ils le tuent, la tragédie pour eux n’est plus très loin…
Découverte intéressante que cette Verte Moisson, découverte qui m’incite vivement à explorer la filmographie de François Villiers, homme qui s’illustra surtout dans des séries mais qui a tout de même réalisé une douzaine de films. Dans la Verte Moisson, il décide de mettre l’accent sur un élan juvénile sans que cela s’accompagne forcément d’un message patriotique lourdingue. Devant la couardise des adultes, des scènes de violence injustifiables ou encore une absence de liberté individuelle (le personnage de Claude Brasseur qui ne peut écouter tranquillement ses chers disques de Django Rheinardt), la jeunesse ne réfléchit pas, elle se livre spontanément à un désir de résistance qui ira crescendo jusqu’au drame.
Les personnages sont bien dessinés. Olivier incarne le farouche anti-Allemands, Mesnier l’amoureux heureux de vivre une histoire intense avec sa petite-amie, Robert le fils sans histoire qui va sentir pousser une envie de révolte. Tous ces personnages, excellemment interprétés, constituent une base sur laquelle n’ont plus qu’à se greffer les autres personnages de jeunes hommes pour rendre leur équipée attachante et prenante. Se partageant les rôles comme dans un épisode de Mission Impossible, les jeunes gens tranchent singulièrement avec l’apathie des adultes, celle notamment du père de Bernard, coiffeur de son état.
Après, Villiers, au-delà du ressentiment anti-Allemand qu’un personnage comme Olivier peut éprouver, préfère insister sur l’absurdité de la guerre quelle qu’elle soit. Une idée intéressante à ce sujet est d’avoir cristallisé l’aberration de la guerre autour de la poésie, le temps de deux scènes. La première nous montre les jeunes jouant à une étrange partie de roulette russe lors de leur cours de français : devant choisir au hasard un papier sur le bureau de leur professeur, papier sur lequel se trouve le titre d’un poème qu’il vont avoir à réciter, ils jouent leur vie car il a été décidé que celui qui choisirait La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse (de Baudelaire) serait le malheureux à qui incomberait la mission la plus risquée, sans doute mortelle, lors de l’attaque de la Kommandantur.
Devinette : ce bon petit gars qui a bien appris sa poésie s'appelle ?...
Jacques Higelin
Un peu plus tard, ils apprendront que le jeune Allemand qu’ils ont tué avait pour habitude de copier des poèmes de Hölderlin dans un petit carnet qu’il gardait sur lui. Le petit détail qui tout de suite anéantit tout bellicisme aigu. Il y a un bien un éloge de la Résistance, mais cette verte moisson, c’est cette moisson qui a fauché de jeunes pousses aussi bien du côté allemand que du côté des lycéens. Courage, colère, patriotisme, désir de liberté, amour, amour de la musique, de la poésie, c’est tout un maelstrom de sentiments que Villiers a parfaitement su restituer et ce, par une réalisation efficace et touchante.
Elève dans un lycée pro, Song Byung-tae doit subir les persécutions d’un petit groupe de délinquants qui ne lui pardonnent pas d’être le fils d’un flic. Il essaye d’apprendre par lui-même les arts martiaux mais rien n’y fait : les maltraitances continuent, notamment celles de Paco, le chef de bande qui fricote d’ailleurs avec la pègre locale. Tout va donc de mal en pis, jusqu’au jour où Byung-tae rencontre un étrange personnage : Oh Man-su, un quinquagénaire ne payant pas de mine mais qui est capable de corriger sans efforts des mecs trois fois plus balèze que lui. Aussitôt Byung-tae lui demande de lui apprendre l’art de la castagne…
Shin Han-sol, deux films au compteur, et c’est bien dommage tant ce premier film laissait augurer de bonnes choses. Je n’ai pas vu son deuxième, A Tale of legendary libido (titre accrocheur pourtant), mais après avoir revu ce Art of Fighting, oui, il est dommage qu’il n’ait pas eu d’autres opportunités tant ce coup d’essai avec son côté « Karaté Kid avec des burnes » apparaît franchement réussi. On aurait pourtant pu craindre un film prétexte à aligner des scènes de baston cradingues, avec moult dents défoncées et volant dans tous les sens mais non : la violence reste finalement assez contrôlée, explosant souvent de manière très sèche, le temps de courts instants, un peu à la manière d’un Kitano. Elle est parfois plus développée, comme lors de la confrontation entre Paco et Byung-tae dans leur salle de classe, mais il semble évident que Shin Han-sol ait préféré développer ses personnages, avec ce duo que tout oppose. D’un côté cet homme d’un âge avancé, sorte de Joe Pesci flegmatique qui terrasse tous ses adversaires avec des coups qui claquent…
ou qui craquent
De l’autre Byung-tae pour qui il serait sans doute facile de contacter papa mais qui ne le fait pas tant ce problème de persécutions semble être le point névralgique, l’obstacle qu’il va devoir surmonter pour s’affirmer en tant qu’homme. C’est pour lui un long processus qui va toujours repousser un peu plus l’achèvement de sa formation. On croit que ça y est, qu’il va pouvoir défoncer l’arrogance de Paco et de ses sbires mais non, à chaque fois arrive une déconvenue qui permet de relancer un peu plus l’intérêt du film. Le tout avec quelques moments plus légers qui ne sont pas sans évoquer la décontraction d’un film de Johnnie To (comme The Mission) ou bien sûr de Kitano, avec ses personnages de durs à cuire volontiers farceurs et se foutant pas mal de la notion de fair play.
Précisons : de vrais durs à cuire, ce genre de fiotasse éteignant sa cigarette sur la langue ne pesant pas lourd face à un Oh Man-su.
On aura donc compris qu’Art of fighting, malgré son titre, est moins un film exaltant la beauté et l’efficacité des arts martiaux que d’une certaine rage permettant d’être le dernier à rester debout, et tant pis si cela doit passer par les coups les plus vicieux qui soient. Ce qui compte, c’est la volonté de s’affirmer, de se coltiner au monde en surmontant ses peurs. Finalement, Yoda, Oh Man-su, même combat, la seule différence étant que le dernier picole peut-être un peu plus.