The Barefoot Contessa de Joseph L. Mankiewicz
Excellente surprise venant d’un Mankiewicz souvent cité comme mineur dans sa filmographie j’ai trouvé ça bien au-dessus d’autre film du réal à mon avis surestimé et loin d’être aboutis comme Mrs.Muir, A Letter to Three Wives, Eve ou People Will talk alors que là on est dans du Mankiewicz en grande forme presque du niveau de Cleopatre, House of Strangers ou Five Fingers.
Mankiewicz démontre une nouvelle fois qu’il est le meilleur scénariste que Hollywood ai connu arrivant à faire un miracle rendre captivant un film qui parle de son métier et de lui-même, le genre qui tourne à chaque fois en film introspectif et nombriliste sur les réalisateur/scénariste à bout de souffle qui devient vite chiant sur la longueur alors qu’ici c’est passionnant pendant 1h30, les répliques fusent, le ton est acerbe et désabusé, l’atmosphère est chaleureuse et le rythme est soutenu.
Alors oui il faut l’avouer les dernières 30 minutes sont assez faible par rapport au reste car cela vire à la romance plutôt basique même si la finalité est belle mais avant cela c’est un festival d’écriture et de réal, l’angle d’approche est excellent au lieu de faire de Bogart, ici parfait pour son rôle de réalisateur/scénariste au bout du rouleau, le rôle principal en fait c’est Ava Gardner qui vampirise le film, le monde n'a d'yeux que pour elle, jamais elle n’aura été autant sublimé à l’écran ici en star montante du cinéma d’origine espagnole qu’elle incarne à la perfection.
Dans ce récit funèbre on se retrouve avec une narration proche d’un Casino avec une grosse présence de la voix off ou l’on va changer de protagoniste principal/narrateur 3 fois en cour de route, chaque homme ayant connu la comtesse va nous dévoiler une nouvelle facette du personnage, le tout enrobé de référence à un conte éveillé à la cendrillon volage et au mythe de Faust retravaillé, celui de l’artiste qui va vendre son âme au diable et à dieu qui vont se livrer un combat acharné.
En plus du duo star Bogart/Gardner qui ont une relation d’entraide mutuelle assez touchante, on a aussi droit à plusieurs personnages masculin plus imbu d’eux même les uns que les autres qui sont juste excellent, Edmond O'Brien a pas volé son oscar et aussi Marius Goring qu’on retrouve souvent chez Powell/Pressburger permettant des joutes verbales mémorable ou Mankiewicz règle ses comptes et vient démystifier l’envers du décor du monde cinéma.
Tous ces producteurs et la Jet set qui l’entoure, ces rois de pacotille tout dans l'apparat et rien dans le crane qui ne prennent même pas plaisir à la vie s’en prennent plein la tronche dans ce film. Le récit est d’une intelligence rare entre private joke et clin d’oeil qui renvoi à ses propres scènes précédentes en forme de boucle et dialogues plus que brillant.
En terme de réal c’est très soigné rien qu’à partir de l’intro ou Mankiewicz nous montre jamais la danseuse mais l’effet que sa danse procure aux différents spectateurs, cela annonce les choix de réal et narration pertinent que Mankiewicz va aligné à une vitesse folle, on voyage entre les mêmes scènes rejoué de plusieurs angles différents, aux flashbacks imbriqué jusqu’aux longs travellings latéraux, le tout relance sans cesse l’histoire dans un équilibre quasi parfait à l’exception de ce dernier acte beaucoup moins cynique, plus classique dans son ton et son fond, plus prévisible dès lors que le mystère autour de Ava Gardner a disparu et qu'elle se range dans une romance au final très hollywodienne.
8/10