[Nulladies] Mes critiques en 2016

Modérateur: Dunandan

Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Mar 21 Juin 2016, 06:04

Ahah, la coalition des fanboys !
10 c'est rarissime chez moi. Y'a peut-être moyen de négocier un 9.5 cela dit. :mrgreen:

Je me demande si je ne préfère pas encore Le sixième sens, mais ça, c'est l'effet surprise pour le visionnage de cette intégrale. Je ne me souvenais pas beaucoup de ce film, alors que Heat, je l'ai vu un grand nombre de fois, c'est pas vraiment comparable.
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Révélations - 8,5/10

Messagepar Nulladies » Mar 21 Juin 2016, 06:06

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Déclarations de dépendance.

Il semble y avoir, dans la carrière de Michael Mann, un avant et un après Heat. Le succès critique et public de son grand œuvre provoque chez le cinéaste une confiance qui lui permet de pousser plus loin certaines tentations dans son esthétique. Révélation en est le terreau, Ali le confirmera, jusqu’à une certaine rupture toujours à l’œuvre depuis.
Révélation quitte le terrain balisé du polar et du monde des gangster si cher au réalisateur pour traiter d’une grande enquête journalistique autour d’un lanceur d’alerte sur l’industrie du tabac : c’est résolument la cour des grands, puisque les faits sont véridiques, les personnages réels et les entités de véritables institutions, comme CBS ou les grandes firmes américaines de cigarettes. On n’échange plus des rafales de balles, mais on s’affronte à coup de milliards et de procédures juridiques, de clauses de confidentialités et d’entourloupes face à la légalité : dans ce monde compassé, Mann gère avec toujours autant de maestria les différents instances, comme il le faisait dans Le dernier des Mohican : un individu, sa famille, un journaliste, sa structure, une firme, la loi, le pays tout entier s’entremêlent en un tableau à la fois exhaustif et fluide. Le montage alterné, entièrement au service du drame, est millimétré, à l’image de cette séquence lors de laquelle Wigand doit choisir de venir déposer ou non dans une cour du Mississipi, va et vient entre son hésitation et la pièce dans laquelle les avocats l’attendent.
Révélation peut déconcerter dans sa première heure : puisqu’il sait qu’il prendra son temps, Mann met en place avec une certaine austérité son thriller, avant que ne montent en puissance les enjeux dramatiques : la destruction d’un individu, les imbroglios juridiques et les débats journalistiques finiront par ne former plus qu’un écheveau inextricable, d’une force de frappe indiscutable. Cette sorte de désincarnation initiale est peut-être une façon pour le cinéaste de coller à la personnalité un peu opaque de Wigand, bien rendue par Crowe, et qui équilibre certaines grandes sorties de Pacino qui semblent par moment s’épancher dans des scènes écrites sur la démesure de son jeu.
Car la question du regard est évidemment primordiale : Mann fait désormais un film de mise en scène : elle est le sujet même de son récit (comment cacher ou révéler, donner à voir sans en avoir le droit), et une déclaration d’intention esthétique. Les champs/contre-champs se multiplient, et les dialogues durant lesquels la tête de l’interlocuteur au premier plan occupe une partie du champ. Souvent, les visages sont à moitié occultés par l’obscurité, notamment dans la fameuse interview filmée pour Sixty Minutes : l’image joue habilement sur cette fragmentation et ce rapport biaisé à la prise de parole contrainte.
Cette enquête magnifiée par un regard exigeant renvoie au Zodiac de Fincher : une osmose entre le réel et sa métamorphose par la grâce du montage. Dans cette austérité affichée, Mann ne renonce pas pour autant à son esthétique habituelle : l’ambiance reste bleutée et urbaine comme on la voit depuis Le Solitaire. L’atmosphère carcérale de la paranoïa est particulièrement soulignée dans une thématique des fenêtres et des lucarnes dans des tonalités très picturales au point qu’on pense à du Hopper sur certains plans. Puis le récit s’ouvre sur quelques séquences d’un lyrisme assumé, comme un green nocturne constellé de balles de golf, un homme les pieds dans l’océan pour capter une conversation téléphonique et son interlocuteur voyant son papier peint se transformer en toile de projection du manque de ses filles.

Cette montée en puissance accuse certaines limites : la musique de Lisa Gerrard n’est pas particulièrement pertinente dans les séquences finales, et Pacino peut avoir tendance à trop en faire, mais le réalisateur parvient à ne pas en faire les apogées du film.
Car la question finale est bien celle de la vérité : croisade pour pouvoir la diffuser, et à laquelle répond la campagne de dénigrement du lanceur d’alerte. Le film ne s’occupe pas tant de Révélations que de propagation et de divulgation : comment dire, par quel biais, comment se faire entendre, quel prestige en retirer, quel dégâts accepter pour ce faire. Dans ce monde cynique et vénal, on broie toutes les valeurs, et l’individu n’en sort jamais vainqueur, même s’il l’est sur le papier.
En cela, la conclusion est particulièrement intéressante : la victoire est indiscutable, mais ce qui reste explique les choix singuliers de mise en scène opérés par Mann, fondés sur la brisure et la part d’ombre et que le personnage de Pacino explique en démissionnant :
“What got broken here doesn't go back together.”
(8.5/10)
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Mar 21 Juin 2016, 07:18

Je trouve que Mann a bien réussi à canaliser la fougue de Pacino sur la doublette Heat/Revelations. Rien ne dépasse. Tu dois avoir du mal avec le bonhomme dans ses films les plus outranciers? :mrgreen:

Sinon, très bonne critique comme dab. Il fut un temps où Révélations était mon Mann préféré. Mais c'était avant de revoir Heat. Le 10 était une évidence, presque 10 ans que je ne l'avais vu. Le plaisir fut incommensurable.

Je t'attends au tournant pour Miami VIce maintenant :twisted:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Mar 21 Juin 2016, 10:00

C'est lesquels, ses films les plus outranciers ? L'avocat du diable ? Any given sunday ?

Ce mec est un génie, c'est indéniable, mais je regrette un peu ses débuts, chez Lumet notamment, où il avait pas besoin d'en faire autant.

Et pour la suite de l'intégrale, c'est surtout pour Collateral que ça va saigner. J'avais mis 8 de mémoire, revu il y a trois ans, la note avait été divisée par deux... Wait & see pour le troisième chance :eheh:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Mar 21 Juin 2016, 10:10

Jimmy Two Times a écrit:Je trouve que Mann a bien réussi à canaliser la fougue de Pacino sur la doublette Heat/Revelations.


Dans Révélations, oui. Mais dans Heat il cabotine assez souvent.

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Alors ça, c'est de la fougue canalisée :mrgreen:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar osorojo » Mar 21 Juin 2016, 10:15

Nulladies a écrit:C'est lesquels, ses films les plus outranciers ? L'avocat du diable ? Any given sunday ?

Ce mec est un génie, c'est indéniable, mais je regrette un peu ses débuts, chez Lumet notamment, où il avait pas besoin d'en faire autant.


Je l'ai trouvé bon dans un après midi de chien pour ma part.

Nulladies a écrit:Et pour la suite de l'intégrale, c'est surtout pour Collateral que ça va saigner. J'avais mis 8 de mémoire, revu il y a trois ans, la note avait été divisée par deux... Wait & see pour le troisième chance :eheh:


Tant que tu mets 4 à Hacker, tout va bien.

:mrgreen:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Mar 21 Juin 2016, 10:58

Mark Chopper a écrit:
Jimmy Two Times a écrit:Je trouve que Mann a bien réussi à canaliser la fougue de Pacino sur la doublette Heat/Revelations.


Dans Révélations, oui. Mais dans Heat il cabotine assez souvent.

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Alors ça, c'est de la fougue canalisée :mrgreen:



MERCI, voilà quoi !

osorojo a écrit:Je l'ai trouvé bon dans un après midi de chien pour ma part.


C'est ce que je disais justement, je le trouve excellent dans celui-ci ou Serpico, où il est beaucoup plus sobre. Et puis le Parrain, c'est sublime.

Et pour Hacker, c'est 6...
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar pabelbaba » Mar 21 Juin 2016, 11:01

Enfin on aime bien qu'il pète un câble et nous fasse son pacino's blast. :mrgreen:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Nulladies » Mar 21 Juin 2016, 11:03

pabelbaba a écrit:Enfin on aime bien qu'il pète un câble et nous fasse son pacino's blast. :mrgreen:


C'est vrai. Il égalera de toute façon jamais Nicholas Cage en terme d'outrance...
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Alegas » Mar 21 Juin 2016, 11:08

pabelbaba a écrit:Enfin on aime bien qu'il pète un câble et nous fasse son pacino's blast. :mrgreen:


Mais totalement. 8)

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"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Mar 21 Juin 2016, 12:08

Mark Chopper a écrit:
Jimmy Two Times a écrit:Je trouve que Mann a bien réussi à canaliser la fougue de Pacino sur la doublette Heat/Revelations.


Dans Révélations, oui. Mais dans Heat il cabotine assez souvent.

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Alors ça, c'est de la fougue canalisée :mrgreen:


Je ne trouve pas dans le sens où c'est le personnage qui veut ça. Après Al restera toujours Al :mrgreen:

@oso: il n e me reste plus qu'Hacker à mater pour boucler ma rétro (et après je finis Kitano promis :mrgreen: ) et pour dire vrai, j'ai commencé (environ 40mn) vendredi dernier. Je suis resté pour le moins circonspect. J'étais pas In the Mood. La love story qui tombe de nulle part au début du film, ça me fait bien marrer venant de ceux qui critiquent celle de Miami Vice... Tout le monde s'est emballé dessus l'année dernière mais je suis sûr que tout le monde va baisser sa note à la révision (Mark par exemple t'as mis 8 à la sortie, puis 8.5, puis 7.5, dans deux ans tu mets 5 :eheh: ). J'extrapole un peu, je vais mater le film en entier ce soir mais ce que j'en ai vu pour le moment m'a un peu saoulé (putain les plans dégueux en CGI dans les entrailles des réseaux informatiques, je crois que c'est encore plus moche que les pires plans de la Forteresse Noire :? )
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Mar 21 Juin 2016, 12:18

La love story qui tombe de nulle part au début du film


Comme dans Heat quoi.

-Vous lisez quoi ?
- Qu'est-ce que ça peut vous foutre ?
- Je suis bibliothécaire. Mais c'est juste comme ça, en fait je suis graphiste.
- Je lis un bouquin sur les métaux.
- Oh :love: Bon, on va chez vous et on baise ?


(Mark par exemple t'as mis 8 à la sortie, puis 8.5, puis 7.5, dans deux ans tu mets 5 :eheh: ).


Je ne le reverrai pas, comme ça je garde un bon souvenir. Ou alors pas avant vingt ans, c'est l'idéal.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Mar 21 Juin 2016, 12:24

C'est encore plus direct dans Hacker. Deux mérous qui se regardent 1/2 seconde et se mettent à baiser. :eheh:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Mark Chopper » Mar 21 Juin 2016, 12:25

Tang Wei elle me regarde 1/4 de seconde et j'ai envie de la baiser.

Même si elle a le dos tourné d'ailleurs :eheh:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2016

Messagepar Jimmy Two Times » Mar 21 Juin 2016, 12:25

Pourtant elle a un peu un œil qui dit merde à l'autre :chut:
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