Where to invade next de Michael Moore
(2015)
Après un Capitalism : A love story qui était clairement son meilleur film depuis Bowling for Columbine, j’espérais de la part de Michael Moore un retour sur le devant de la scène qui ferait honneur à ses débuts. Malheureusement, le réalisateur s'enfonce une nouvelle fois dans ses travers souvent décriés par le passé, pour livrer en plus de ça un film dont le sujet donne l'impression d'avoir été déjà abordé de nombreuses fois dans ses précédents métrages. Dès le début, c'est globalement le Michael Moore dont j'ai appris à me méfier, celui de Fahrenheit 9/11, celui qui se donne en spectacle (c'est juste misérable de le voir se mettre en scène en essayant de créer des moments de comédie, le pire étant quand il montre sa rencontre avec un Président d'état, passage qui ne sert strictement à rien) et celui qui va manipuler les cartouches qu'il possède pour mieux convaincre son public d'adhérer à son propos. Ici donc, on a Michael Moore qui part en road-trip dans plusieurs pays européens pour tenter de trouver des solutions alternatives à plusieurs problèmes internes des USA : éducation, congés payés, alimentation des enfants, système juridique et pénitentiaire, quasiment tout y passe et déjà le gros problème est de constater que le film cible quasi exclusivement un public américain : n'importe quel européen moyen sait déjà à peu près quels sont les avantages dont on bénéficie par rapport au système américain.
Du coup, on apprend finalement pas grand chose, et c'est d'autant plus agaçant quand Moore manipule les informations pour aller dans son sens. Ainsi, lors de son passage en France pour évoquer l'alimentation à l'école, Moore trouve par miracle la seule école qui ne fait des frites que deux fois par an (mais bien sûr...), où le cuisinier n'a jamais mangé de hamburger de sa vie (mais genre...), et où les enfants ne savent pas ce qu'est du Coca Cola (non mais là stop quoi...). Bref, on repart dans le même délire que Sicko (où Moore évoquait le système de santé français en interviewant des couples du 16ème), et ça décrédibilise clairement l'entreprise. Du coup, on se retrouve plus devant un pamphlet qu'un véritable documentaire, ce qui limite vraiment les choses, et autant l'intention de Moore est louable, autant ses maladresses sont juste impardonnables et prouvent indéniablement que le mec est désormais dépassé. Reste à voir s'il arrivera de nouveau à pondre une œuvre humble et sincère, mais là en l'état ça ressemble plus à un film pour payer les factures qu'autre chose.
4/10