The Bourne Supremacy (La Mort dans la peau) de Paul Greengrass
(2004)
Clairement l'épisode que je préfère de la saga, et pourtant le changement de réalisateur aurait pu couler d'emblée l'avenir de la saga, et au final le choix a été plus que positif. D'ailleurs, il suffit de le constater aujourd'hui : Jason Bourne et les nombreux dérivés qu'il y a pu avoir ces dernières années doivent énormément à la forme de Paul Greengrass, qui a su incorporer son identité sur un blockbuster au point d'être impossible à dissocier de l’œuvre et qui, au passage, aura réussi le cap du passage du premier film hollywoodien. Cet épisode, c'est certainement celui qui fonctionne le mieux en terme de rythme. Là où les autres films de la saga fonctionnement plus ou moins sur le même principe à base d'arrivée dans un nouveau pays égale nouvelle scène d'action, The Bourne Supremacy est un peu plus posé dans son déroulement, quitte à troquer pendant une partie du métrage le spectaculaire au profit du thriller paranoïaque (notamment toute la partie allemande avec le personnage de Brian Cox, très bien réutilisé par rapport au premier opus). Dès le début, ça démarre sur les chapeaux de roues avec le passage en Inde plus que surprenant (qui débouche sur ce qui est encore aujourd'hui la plus belle scène de la saga) et ça ne s'arrête plus avec un Bourne à la fois chasseur et proie, ce qui apporte un vent d'originalité bienvenue là où le concept du premier film aurait pu être aisément repris par des mains plus paresseuses.
Comme dit précédemment, Greengrass impose sa marque de fabrique, à savoir son style très documentaire, pris sur le vif, et qui sied à merveille sur un film de ce genre, tout en apportant beaucoup au rythme et à la façon de faire les séquences d'action. Par ailleurs, la dernière course-poursuite à Moscou c'est clairement une des meilleures du genre vues ces dernières années, avec un découpage hyper calculé (l'inconvénient étant qu'il suffit d'être hors du film le temps de quelques secondes pour perdre le fil, la mise en scène de Greengrass est assez exigeante sur ce point) et des idées de mise en scène tellement sympathiques qu'elles ont été reprises depuis un peu partout (je pense particulièrement à la caméra embarqué avec Bourne qui se prend un choc latéral à un carrefour). Par contre, et c'est peut-être là le seul reproche que je puisse faire à la mise en scène, on sent bien que les combats au corps à corps ne sont pas le point fort de Greengrass, le découpage est bien moins bon, c'est filmé beaucoup trop serré, on sent que ça manque d'un véritable chorégraphe pour homogénéiser le tout. Enfin, Damon prend du poil de la bête, là où il jouait un nobody dans le premier film, on sent ici la machine à tuer prête à exploser, idem pour Karl Urban très bon en tueur impossible à stopper. Étonnamment, ce n'est pas l'épisode le plus cité quand il s'agit d'évoquer le favori (on cite souvent le premier ou le troisième) mais clairement, à mon sens, ce Bourne Supremacy a tout du meilleur opus de la saga, ne serait-ce que pour le changement qu'il a apporté, transformant un film sympathique en saga d'espionnage incontournable du début du 21ème siècle.
7,5/10