[Alegas] Mes Critiques en 2016

[Jed_Trigado]

Et là, si il sort que la réal c'est du téléfilm, il se prend mon pied au derche par envoi FedEx.

[Alegas]

Ah bah nan, là pour le coup la mise en scène c'est du vrai cinéma, ça fait tout drôle de la part de Paulo, son meilleur travail formel et de loin.

[Alegas]

Les Portes de la nuit de Marcel Carné
(1946)

Clairement une déception, surtout venant de la dernière collaboration entre Marcel Carné et Jacques Prévert (si on ne compte pas évidemment le film inachevé La Fleur de l'âge) et accessoirement du film suivant le grandiose Les Enfants du Paradis qui signait plus ou moins l'apothéose et fin du réalisme poétique. Les Portes de la nuit est un film que l'on peut aisément lier avec un autre film du duo, à savoir Les Visiteurs du soir. D'une part parce que l'intrusion du fantastique y est de mise (pas de diable cette fois, mais le destin incarné dans un personnage) mais aussi et surtout parce qu'il est question dans le script de Prévert de résistance et de collaboration en temps de guerre, sauf que là où c'était traité de façon métaphorique dans le premier film, c'est ici le sujet même du métrage, ouvertement abordé maintenant que la France n'est plus occupée. Sur le papier, Les Portes de la nuit promet un grand film comme Carné/Prévert en ont le secret, avec une galerie de personnages au répondant verbal à toute épreuve, un propos sur le destin des hommes qui donne un côté universel au récit, ou encore la plume acerbe de Prévert quand il s'agit de protéger les faibles et de dénoncer ceux qui profitent du système.

Malheureusement, il faut bien avouer que cette dernière collaboration a du mal à marquer les esprits. Certes, c'est bourré de bonnes idées, avec ce personnage joué par Yves Montand (dont c'est le premier grand rôle) qui doit se démener contre le personnage du Destin, le tout dans les décors toujours inspirés de Trauner, mais on sent bien un manque de souffle dans l'écriture, une absence d'enjeux, comme si le duo était conscient de tourner un peu en rond dans ce qu'ils tentent de raconter, tout en étirant inutilement une histoire qui aurait pu être plus efficace. Reste un casting qui fait plaisir à voir (même si je pense que ça aurait pu être d'un autre niveau avec le duo Gabin/Dietrich prévu à la base), quelques scènes qui sortent du lot (ce final sur les rails) mais en l'état, ce n'est clairement pas un film que je conseillerais à quelqu'un qui voudrait découvrir un film emblématique du duo. A réserver aux complétistes ou aux curieux donc. Maintenant, je suis bien curieux de découvrir le reste de la filmographie de Carné, avec un peu d'appréhension néanmoins : pas sûr que le bonhomme ait pu être aussi inspiré que par le passé sans son scénariste fétiche.

5/10

[Mark Chopper]

De sa filmo d'après-guerre, j'ai juste vu L'Air de Paris et c'est anecdotique au possible. Heureusement qu'il y a Gabin.

Je tenterai quand même La Marie du port.

[Alegas]

The Wailing (The Strangers) de Na Hong-jin
(2016)

Ce qu'il y a de bien avec Na Hong-jin, c'est que le bonhomme a beau prendre son temps pour chacun de ses projets (au contraire d'un Park Chan-wook ou d'un Bong Joon-ho, il ne se concentre que sur les films qu'il réalise), on se retrouve à chaque fois avec un film totalement imprévisible, mettant un point d'honneur à bouleverser ce que l'on pensait savoir du réalisateur. A l'instar de ses deux précédents longs-métrages, il vaut mieux ne rien savoir sur The Strangers sous peine de se faire spoiler les surprises du récit, et donc de perdre l'effet de spontanéité que procure les revirements de tons et de genres. J'invite donc ceux qui n'ont pas encore vu le film à ne pas lire les lignes suivantes et à le visionner au plus vite, le spectacle en vaut clairement la peine, tant on se retrouve devant la note d'intention la plus extrême que l'on risque de voir sur un écran de cinéma cette année.

A bien y réfléchir, le seul défaut du métrage se trouve être son introduction, qui démarre le récit tel un énième polar sur des meurtres étranges dans le fin fond de la campagne coréenne. Non pas que cette introduction ne soit pas nécessaire, loin de là puisqu'elle contribue au changement de ton du film, mais elle s'avère bien trop longue pour ce qu'elle raconte, et force est de constater que l'intérêt de The Strangers se trouvera dans la figure énigmatique du japonais (dont on ne connaîtra jamais l'identité avant les ultimes plans du métrage), figure qui met un certain moment avant de rentrer en scène (le film devient vraiment bon à partir de la première visite dans sa maison). A partir de là, le film est une pure descente aux enfers dont on ne retire que peu de réserves. Quand bien même The Strangers est un film long, c'est un film qui a toujours quelque chose de passionnant à raconter, et qui le fait très bien, en prenant son temps et en multipliant les séquences à l'ambiance particulièrement réussies. Si, au contraire d'un The Chaser ou d'un The Murderer, The Strangers n'a pas véritablement de climax sur lequel on peut le vendre, c'est un film qui va surtout chercher à revisiter des scènes déjà vues ailleurs tout en leur insufflant quelque chose de jamais vu jusqu'ici. Rarement au cinéma une scène d'exorcisme n'aura été aussi intense, et surtout rarement le choix final d'un personnage n'aura été autant source de tension, donnant ainsi lieu à un véritable climax psychologique où la morale du spectateur est mise à mal, puisque ce dernier en sait autant que les protagonistes.

Enfin, la plus grande surprise est de constater avec quel facilité Na Hong-jin signe l'un des films fantastiques majeurs du cinéma coréen, genre qui, à mon sens, est, à quelques exceptions près, souvent malmené et raté dans ce pays où l'on se contente de singer les productions d'autres pays (notamment du Japon). Ici donc, Na Hong-jin signe un film quasiment unique en son genre, qui possède une véritable identité et qui, je l'espère, saura inspirer le cinéma coréen quand à la façon de s'attaquer à ce genre de films (la première rencontre dans la forêt avec le japonais, le twist final , autant de séquences glaçantes qui ne reposent pourtant sur pas grand chose). Cerise sur le gâteau, Na Hong-jin s'assagit en terme de mise en scène, mettant de côté son habituelle caméra à l'épaule pour laisser place à une caméra fluide et plus posée, tout en se permettant quelques élans de montage bienvenus (les exorcismes en montage parallèle, ou encore l'arrivée du personnage de Hwang Jeong-min). Certainement le film le plus extrême en provenance de Coréen depuis I saw the Devil, un film aussi noir que peut l'être l'âme humaine, qui prouve une nouvelle fois que les espoirs placés en Na Hong-jin depuis The Chaser ne sont pas vains. Vivement le prochain.

8/10

[Jack Spret]

Petite correction: ce ne sont pas des exorcismes mais des ensorcèlements, ce qui contribue encore davantage à l'originalité de la scène.
Sinon je suis en tout points d'accord avec toi, bien que l'humour soit efficace, ce qui fait que la durée de la première partie ne m'a pas trop dérangé.

[Nulladies]

Finding Dory (Le Monde de Dory) de Andrew Stanton & Angus MacLane
(2016)

Le pire Pixar produit jusqu'ici, et c'est pourtant un fan du studio qui dit ça (bon après je n'ai pas vu Cars 2, mais au moins ce dernier a l'air de livrer la marchandise niveau péripéties). Alors ici, on sent bien le côté forcé du projet (mon petit doigt me dit que la société de Mickey doit être pour beaucoup dans le lancement de la suite d'un film vieux de 13 ans, mais on va sûrement me dire que je fais encore de l'anti-Disney), à tel point qu'on peut définir cette comme une resucée totale du film original, teinté de film d'évasion à la Toy Story 3, bonjour l'originalité donc. Faut dire aussi que prendre un détail hyper secondaire pour en faire l'enjeu d'un long-métrage (à savoir l'amnésie de Dory, censé être à la base rien de plus qu'un gimmick humoristique) c'est un peu une idée à la con, et ça montre très vite ses limites avec un récit simpliste où la morale est finale est grosso modo la même que dans Finding Nemo. Avec Cars 2, c'est donc clairement le film de Pixar le plus opportuniste du studio à ce jour, une suite paresseuse qui n'apporte strictement rien (tout le contraire des suites de Toy Story donc), qui se contente d'aligner le minimum syndical en terme de divertissement, moins drôle que le premier film et surtout qui tombe dans la gratuité la plus totale dès qu'il s'agit de créer de l'action (mon dieu ce climax final, ce placement de Louis Armstrong, facilement la pire scène dans un Pixar ever).

Enfin, en plus d'être mal écrit (que ce soit dans l'évolution de Dory ou dans des facilités nawak à base de deus ex machina) c'est un film que je trouve franchement hypocrite sur son message, voulant délivrer une ode à la différence pour finalement faire figurer deux personnages mentalement limités dont on se moque tout le long (ça a apparemment fait du bruit en interne, et là encore mon petit doigt me dit que l'implication de Disney au sein de Pixar doit y être pour quelque chose, ça me rappelle d'ailleurs beaucoup le message puant des Mondes de Ralph). Puis bon, de la part d'Andrew Stanton, que j'attendais de pied ferme après l'échec injustifié de John Carter, c'est franchement pas fou niveau mise en scène et ça reprend plein de détails du premier film pour que dalle (les tortues notamment). Voilà, 2016 aura donc été l'année où le film Disney est bien meilleur que le film Pixar, et mine de rien, ça n'était pas arrivé depuis un bon moment.

3/10

Mais voilà, merci, ça fait du bien quand même. Face au nombre de contestations sur le mode "Ultra touchant encore meilleur que le premier", je commençais à avoir des doutes sur le béton armé qui me sert de cœur.

[Alegas]

J'ai beaucoup de mal à piger l'enthousiasme quasi-général pour cette suite tout sauf inspirée. Même Monstres Academy arrive à faire preuve de plus d'originalité dans sa proposition. Aimer ce truc, c'est vraiment se contenter de peu.

[Mr Jack]

Aimer ce truc, c'est vraiment se contenter de peu.

Bienvenue en 2016 !

[Alegas]

Petite correction: ce ne sont pas des exorcismes mais des ensorcèlements, ce qui contribue encore davantage à l'originalité de la scène.

J'ai un doute, il y a effectivement la scène où

il lance un sort au japonais, mais la seconde scène est bien un exorcisme, non ? Avec la gamine qui hurle à la mort et que le père interrompt ?

[Jack Spret]

Il lui lance bien un sort car il dit au père que c'est très dangereux, et le Japonais en meurt presque d'ailleurs.

[Alegas]

BILAN JUILLET 2016

Films vus :

Moyenne générale : 7,26

USA : 10
France : 2
Corée du Sud : 1
Pays-Bas : 1


152 : The Conjuring 2, James Wan, 2016, Ciné VOST : 5,5/10
153 : La Tortue Rouge, Michaël Dudok de Wit, 2016, Ciné VF : 8/10
154 : Trumbo, Jay Roach, 2015, Truc VOST : 4,5/10
155 : Zootopia, Byron Howard & Rich Moore, 2016, Truc VOST : 7/10
156 : Les Portes de la nuit, Marcel Carné, 1946, TV VF : 5/10
157 : The Wailing, Na Hong-jin, 2016, Ciné VOST : 8/10
158 : Blood Simple, Joel & Ethan Coen, 1984, DVD VOST : 8,5/10
159 : Miller's Crossing, Joel & Ethan Coen, 1990, Blu-Ray VOST : 8/10
160 : The Big Lebowski, Joel & Ethan Coen, 1998, Blu-Ray VOST : 7,5/10
161 : Showgirls, Paul Verhoeven, 1995, Truc VOST : 7/10
162 : The BFG, Steven Spielberg, 2016, Ciné VF : 6/10
163 : Zwartboek, Paul Verhoeven, 2006, Truc VOST : 7/10
164 : Frozen, Chris Buck & Jennifer Lee, 2013, Truc VOST : 4/10
165 : Donnie Darko, Richard Kelly, 2001, Truc VOST : 8,5/10


Découverte du mois :




Autres découvertes marquantes :

[lvri]

The Wailing (The Strangers) de Na Hong-jin
(2016)

Bien dégouté de voir qu'il ne passe dans aucun ciné de ma région...

[osorojo]

T'es pas le seul, j'vais devoir attendre un dvdrip

[Mark Chopper]

En sachant que le dvdrip est dispo depuis le jour de la sortie française, n'attend plus.