Ha Ha ! Allons, allons, 65 minutes c'est vité passé ! Mais je peux comprendre, moi c'est Fear and Desire de Kubrick que je refuse de voir. Et pourtant on y voit pas le service trois pièces de Stanley !
Oh là je me le suis tapé celui-là quand il est passé dans le Cinéma de Minuit il y a quelques temps, j'ai vite compris pourquoi il voulait détruire toutes les copies du film.
"Je mets les pieds où je veux Littlejohn et c'est souvent dans la gueule." Chuck Norris
Vivianne, femme du consul de France de Melbourne, remplit le vide de son existence en collectionnant des objets exotiques. Alors qu’elle se trouve en Nouvelle-Guinée, elle fait la connaissance d’un groupe de hippies s’apprêtant à partir en expédition pour découvrir « la vallée », coin perdu dans les montagnes qui n’apparaissant pas sur les cartes car perpétuellement « obscured by clouds », c’est-à-dire recouverte de nuages. L’endroit est inexploré mais les voyageurs se promettent bien d’être les premiers en accédant à un endroit pur de toute civilisation, quasi paradisiaque. Comme Viviane est aussi à la recherche des magnifiques plumes de l’oiseau de paradis, elle se laisse tenter et se joint à leur équipée. Ils rencontreront différentes tribus mais la découverte de la nature et de la vie primitive ne sera pas sans malmener leurs idéaux. Découvrir la vallée en vaut-il vraiment la chandelle ?...
Voir et apprécier la Vallée suppose vaincre deux écueils : d’abord surmonter son agacement vis-à-vis de la voix et du jeu artificiels de Bulle Ogier. Certes, qu’elle joue une bourgeoise un peu guindée au début peut expliquer cela mais quand on arrive au milieu du film, alors qu’elle fait partie intégrante du groupe de hippies, ça devient un tantinet gonflant, surtout lorsqu’elle donne la réplique à Jean-Pierre Kalfon et sa belle voix.
L’autre souci n’en est pas vraiment un. On peut supposer que nombre de spectateurs qui décident de se mater la Vallée le font pour vérifier l’utilisation, l’impact de la musique de leur groupe préféré, Pink Floyd (c’est la deuxième et dernière association entre Schroeder et le groupe anglais après More). Une déception les guette car mis à part l’utilisation du titre phare (Obscured by Clouds) qui accompagne les deux génériques et donne au film une ambiance mystérieuse, un brin dangereuse, le reste se contente de glisser quelques chansons par le biais d’un poste radio déglingué ou de l’autoradio du pick-up des personnages. Rien d’exceptionnel donc, même s’il est cocasse d’entendre la voix de Gilmour chantonner Wot’s… uh the deal alors que Bulle Ogier est en train d’écarter les jambes pour laisser passer son beau hippie blond.
Non, pas trop de Pink Floyd, surtout du silence, des dialogues philosophico-spiratualistes bien dans l’air du temps, des chants de tribus ou des bruits naturels. Et finalement, ce n’est pas plus mal. Avec des stéréotypes post Woodstock à foison, le film aurait pu devenir insupportable. Au lieu de cela, Schroeder parvient à rendre intéressants ses personnages à la fois sages et naïfs, et à rendre immersive cette longue incursion au cœur des contrées les plus sauvages de la Nouvelle Guinée. Périple initiatique, le voyage du petit groupe n’est pas sans avoir des allures de conte philosophique dont le dénouement apporte une touche désenchantée (et même plus que cela) à des idéaux babacools envers lesquels Schroeder aura aussi eu le bon goût de ne pas porter une charge qui aurait pu être trop facile.
7/10
+
- De magnifiques décors. - Pink Floyd. - Un récit initiatique simple mais à la progression intéressante. - La fin.
-
- Si l’on n’est pas dans le trip, des longueurs inévitables. - Bulle Ogier. - Les oursins sous les aisselles de Valérie Lagrange attirent trop l’attention.
Le seul Schroeder dont j'ai peiné a voir le bout tant ce que je voyais à l'ecran m'emmerdait, sinon c'est plus Jean Pierre Kalfon qui m'a posé problème chez les acteurs.
"Je mets les pieds où je veux Littlejohn et c'est souvent dans la gueule." Chuck Norris
@ Mark : Pour le coup, Bulle Ogier est un peu une variante de Yoko Ono, celle qui vient gâcher avec sa voix de la bonne musique.
@Osorojo : Un peu de poils, ça peut être sexy, mais quand ça finit par évoquer la barbe de Demis Roussos (paix à son âme !), ça devient un sacré tue l'amour. Cela dit jolie fille que cette Valérie Lagrange. Sinon merci. Normalement ça devrait être surtout des films pas ou peu chroniqués.
@ Jed : Bulle Ogier pour les uns, Kalfon pour les autres, ces deux-là étaient faits pour s'entendre !
L'avantage de Kalfon c'est qu'au moins, pendant ce temps-là, Ogier se tait.
La Meilleure Façon de marcher Claude Miller - 1976
Marc et Philippe sont deux moniteurs d’une colonie de vacances. L’un est tout en virilité tapageuse, l’autre préfère lire et monter des spectacles de théâtre avec des gosses. Un jour, Marc tombe par hasard sur un secret honteux de son collègue. Très vite leur relation va s’en trouver changée et Marc va n’avoir de cesse de lui faire subir de petites humiliations. Jusqu’à ce que…
Le cinéma, c’est parfois tout con : une colo, deux moniteurs que tout oppose, le tout servi par une réalisation sobre et un casting qui tape juste, et c’est parti 82 minutes d’un petit chef-d’œuvre du cinéma français des 70’s (pas mal pour un premier film). Rien, mais vraiment rien à dire de négatif dans cette confrontation Dewaere/Bouchitey. Le viril contre l’intellectuel, ça sonne forcément cliché mais rien de tout cela, bien au contraire, tant Claude Miller joue habilement du jeu de répulsion et de mutuelle fascination qui anime les deux personnages. On devine que Marc est finalement jaloux de la sensibilité et de la belle fiancée de Philippe (avec en plus une tentation de l’homosexualité), tandis que ce dernier envie peut-être le charisme et la virilité de son adversaire. Le récit alterne les moments comiques (énormes Blanc et Piéplu !) aux moments plus doux-amers, voire franchement glauques, et le spectateur, conquis, n’a plus qu’à chanter au générique de fin, la mâchoire serrée et les larmes aux yeux, la rengaine de ceux qui, comme les deux faux adultes du film, ne sont pas encore prêts pour affronter seuls le monde. En chœur tous avec moi :
♫Dans la troupe ♫ ♫Y'a pas d'jambes de bois !♫ ♫Y'a des nouilles♫ ♫Mais ça n'se voit pas !♫ ♫La meilleure façon de marcher♫ ♫C'est encore la nôtre !♫ ♫C'est de mettre un pied d'vant l'autre♫ ♫Et d'recommencer !♫
9/10
+
- Les deux Patrick sur un nuage. - Piéplu et la scène du dépouillement de sa boite à idées. - Blanc dans un rôle ingrat mais c’est ça qui est bon. - Les yeux de Christine Pascal. - La revanche du faible
Mais chez Miller, je reste profondément marqué par La Classe de Neige qui reste tristement invisible que ce soit en dvd ou a la télé, le genre de film dont tu te remets pas surtout quand tu le découvre très jeune.
"Je mets les pieds où je veux Littlejohn et c'est souvent dans la gueule." Chuck Norris
"Très jeune" ? Ouais, la Classe de Neige a de quoi marquer, en effet ! Si je n'ai pas tout vu de lui, j'aime bien Miller. Faudrait que je revoie son Garde à vue un de ces quatre.
Jed_Trigado a écrit:Mais chez Miller, je reste profondément marqué par La Classe de Neige qui reste tristement invisible que ce soit en dvd ou a la télé, le genre de film dont tu te remets pas surtout quand tu le découvre très jeune.
Rendons à César ce qui lui appartient : le bouquin de Carrère, à la base, est déjà une tuerie.