par DJ Fest » Ven 27 Mar 2015, 10:16
BLACKHAT de Michael Mann
On m'avait prévenu et c'est vrai : le dernier Mann est bien le petit frère de MIAMI VICE, ce qui explique que je me sois senti bien seul pendant la projection. Non pas physiquement (printemps du cinéma oblige la salle était blindée), mais comprenez par là que les deux personnes qui m'accompagnaient me sortaient régulièrement (et en stéréo) durant la première heure du film combien ils s'emmerdaient, avant de pousser la synchronisation jusqu'à s'endormir en même temps (véridique)...
Et pourtant BLACKHAT c'est du 100% pur Michael Mann, toujours aussi stylisé (sinon plus), toujours aussi romantique, avec un soin maniaque apporté à chaque détail (on sent que le mec a vraiment bossé sur les dernières techniques de hacking)... Seulement voilà, comme pour MIAMI VICE il faut se laisser porter par un trip sensoriel, accepter qu'aucun coup de feu n'éclate avant au moins une heure, se contenter des quelques phrases échangées par le couple au centre du film pour se concentrer sur les regards échangés, et puis surtout, surtout, accepter qu'il est ici question de traque technologique et passer outre un jargon que le réalisateur ne perd pas de temps à expliquer de manière laborieuse.
BLACKHAT est un film exigeant, certes, mais ceux qui rentreront dedans seront grandement récompensés. D'abord parce que la maîtrise formelle du réalisateur y est totale : personne ne filme une ville la nuit comme ce mec, définitivement ; les fusillades, même lorsqu'elles sont brèves, sont tétanisantes ; les partis-pris subjectivistes et ultra-sensitifs (beaucoup d'extrêmes gros plans, beaucoup de caméra portée) sont plus que jamais tenus pour un rendu toujours plus personnel... Ensuite parce que (et c'était encore une fois le cas dans MIAMI VICE) si à première vue le film peut sembler froid à cause du caractère mutique des personnages (hormis pour tout ce qui touche à l'enquête, les états d'âmes se résument à quelques phrases essentielles), dans le dernier tiers il décolle véritablement d'un point de vue émotionnel.
Maintenant voilà, si l'on accepte pas certains partis-pris typiquement manniens (le héros comme incarnation ultime du mâle alpha, fût-il expert en informatique, le script qui ne s'étend pas en explications superflues, la violence explosive mais rare), ici poussés à leur paroxysme, mieux vaut passer son chemin. Si, en revanche, on place MIAMI VICE dans son top 3 du réal, il faut voir ce film sur grand écran.
Critiques similaires