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Allez coucher ailleursI Was a Male War Bride
Howard Hawks — 1949 — 7/10
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Entre 1938 et 1952, Cary Grant et Howard Hawks ont tourné ensemble quatre comédies (en plus du drame Seuls les anges ont des ailes), chacun de leurs efforts dans le domaine se révélant moins bon que le précédent. Ainsi, leur chef d'oeuvre L'Impossible Monsieur Bébé a été suivi par l'inférieur La Dame du Vendredi, qui lui même a été suivi par le légèrement inférieur Allez coucher ailleurs, et ainsi de suite jusqu'au "seulement" sympathique Chérie je me sens rajeunir, leur moins bon film commun. Allez coucher ailleurs pâtit d'autant plus de la comparaison avec ses prédécesseurs qu'il est construit autour d'une mécanique similaire: faire cohabiter deux tempérament que tout oppose, un homme et une femme qui vont passer leur temps à se chamailler avant de tomber amoureux. Ce couple, c'est Cary Grant fidèle à lui-même en soldat séducteur, flegmatique et tout en ironie, qui ne peut s'empêcher de draguer chaque femme qu'il croise, et Ann Sheridan qui incarne un personnage typiquement hawksien, c'est-à-dire autonome, autoritaire tout en restant extrêmement féminin dans les scènes de séduction. La première moitié, qui les voit réunis pour une énième mission est particulièrement savoureuse: leur relation est explosive, émaillée de disputes et de réparties qui sont un plaisir pour l'oreille, bien mis en valeur par l'abattage et la complémentarité des deux acteurs. Néanmoins, les deux personnages tombent dans les bras l'un de l'autre au bout d'une heure de métrage, ce qui met fin à leurs disputes et à la dynamique qui définissait leur relation jusque-là. A partir de là, le film va décrire les tentatives de Grant, un soldat français, pour repartir avec sa belle aux Etats-Unis. Pour cela, il doit bénéficier d'une autorisation de transfert réservée aux "fiancées de guerre". L'humour provient alors des quiproquos engendrés par les démarches administratives entamées par Grant, normalement réservées aux femmes. La relation Grant-Sheridan est reléguée au second plan pendant un bon moment, Grant se retrouvant même seul à l'écran lors d'une longue séquence qui donne au film son titre français, où il essaie de trouver un endroit pour dormir et se voit refuser l'accès des différents dortoirs où il se rend (ceux réservés aux fiancées de guerre sont interdits aux hommes et, en tant que soldat français, il ne peut dormir avec les officiers américains). Il devra finalement mettre son machisme entre parenthèses lors d'une séquence de travestissement souvent reprise lors des photos illustrant le film, mais qui n'occupe que cinq petites minutes de film. Au final, Allez coucher ailleurs réserve des moments irrésistibles de drôlerie dans sa première partie mais son dernier tiers, tout en restant amusant, est très en deçà de l'heure qui a précédé.