Les Cowboys-- by Thomas Bidegain --(2014)
Scénariste auréolé d’un césar pour Un Prophète, Thomas Bidegain s’essaye pour la première fois à la réalisation avec Les Cowboys. Gardant en filigrane le genre du western, il propose une approche déconcertante de la montée du terrorisme.
Le film s’ouvre sur une fête country : santiags, chapeaux de cowboys et drapeau américain nous plongent dans l’ambiance de la fin du 19ème siècle, sauf que l’on se trouve dans l’Est de la France en 1994. Assez longue, cette scène d’ouverture pose un cadre que le film s’attachera à déstructurer tout du long, suite à la disparition de Kelly, la fille d’Alain (François Damiens). Les bases sont vite posées, Bidegain ne perd pas de temps et lance la longue quête du père pour retrouver sa fille. Dans ce jeu du chat et de la souris, le réalisateur développe son sujet, les filières terroristes, et met en lumière les différentes phases d’une radicalisation. Il insère de nombreuses ellipses afin de souligner l’emprise de l’enquête sur la vie du père, mais aussi de son fils, le Kid.
Les scènes et les ellipses s’enchainent sans forcément savoir où le réalisateur veut aller. L’écriture est parfois maladroite, notamment la mise en avant des attentats meurtriers de New York, Madrid puis Londres, qui viennent appuyer trop visiblement le rapport de cause à effet de ces nouvelles branches terroristes. Avec un sujet sensible comme la radicalisation et les filières extrémistes, Thomas Bidegain patauge et ne donne pas assez de liant aux scènes des Cowboys qui ne forme donc pas un ensemble homogène tenant la route. Le casting ne parvient pas non plus à unifier l’ensemble. François Damiens, dans un rôle de composition loin des comédies, est en roue libre et tombe dans l’excès en essayant de dramatiser son personnage. Quant à Finnegan Oldfield qui interprète le jeune Kid, il faudra attendre sa mise sur le devant du film pour qu’il trouve enfin une puissance de jeu, lui qui a sacrifié sa jeunesse dans une quête sans fin. Le concept de film de western reprenant les codes du genre avait amené le film sur des bons rails, mais les maladresses du scénario lui assurent une sortie de route qui ne viendra malgré tout pas gâcher entièrement le récit.
Ancré dans une actualité récente, le film se distingue rapidement, mais le manque d’homogénéité vient lui porter préjudice.
5,5/10