Lorenzo - George Miller (1992)
Lorenzo c'est le film oublié de George Miller et ce n'est pas près de changer, vu le désinteret de la part des éditeurs ou même des cinéphiles le voyant comme un simple mélo hollywoodien sans intérêt, on m'avait prévenu que j'allais me prendre un coup au moral en le matant mais j'en suis sorti galvanisé avec une soif d'aimer la vie comme jamais, Miller faisant partie de ces rares cinéastes sachant porter un message optimiste sans tomber dans le sirupeux. En traitant un sujet tiré d'une histoire vraie qui pue le préfabriqué a Oscars,
Lorenzo partait de loin, pourtant au bout de 15 minutes (à partir du moment où Sarandon et Nolte apprennent le diagnostic de leur enfant et reviennent le récupérer en masquant leur chagrin) j’étais pris aux tripes par une vérité des sentiments et il ira jusqu'au bout sa logique éprouvante, rien ne nous sera épargné : de l'échec des démarches face au corps médical qui prennent le gamin pour un vulgaire cobaye, des soi-disant associations de familles qui fuient les vrais problèmes et même des instants de doute du couple Odone sur la réussite de mettre au point un remède qui sauverait leur enfant. Il est clair que Miller sait de quoi il parle, puisque tout l'aspect médical renvoie a son passé dans ce monde qu'il a très bien connu et qui de fait se rapproche thématiquement du premier
Mad Max où la souffrance physique et mentale n'est jamais dissimulée au spectateur (les scènes de crise du gamin et sa lente dégénérescence font froid dans le dos).
Malgré cette injustice de la vie,
Lorenzo est un film foncièrement optimiste où le combat est loin d'être gagné d'avance mais qui vaut la peine d'être mené, dès lors j’étais a fond avec ce couple qui va remuer ciel et terre pour garder en vie le seul enfant qu'ils ont par tous les moyens possibles, qu'ils soient d'ordre moral (la manière dont Sarandon traite son enfant comme s'il n'avait jamais changé, c'est beau), spirituel (la scène dans l'église où elle lève les yeux dans le ciel, probablement l'une des plus belles séquences tournées par Miller) et surtout médical, voir ces deux personnes par leur seule détermination se lancer a corps perdu dans la médecine sans rien n'y connaitre a priori, c'est formidable d'un point de vue purement humaniste, là encore il faut souligner que malgré une technicité des termes employés, le script arrive a vulgariser par l'image des notions médicales complexes par l'emploi de métaphores parlantes, nous identifiant davantage a ce couple hors normes (comme le dirait Nolte quand il nous fait son premier exposé
"je suis un homme simple qui se pose des questions simples"), rien que pour ça je salue la confiance de Miller a toujours privilégier la mise en scène aux paroles pour poser ses enjeux et parler au public.
Un beau film, jamais conciliant dans ce qu'il raconte mais qui a le pouvoir de requinquer le plus pessimiste des hommes, ce qui n'est pas la moitié d'une prouesse, une œuvre surprenante a réhabiliter de toute urgence.
8/10