Combats de Maitre - Jackie Chan & Liu Chia Liang (1994)
Drunken Master 2 a tout de la rencontre de choc, celles de deux générations d'artistes martiaux qui ont pratiqué le dépoussiérage d'un genre vieux comme le monde, le film de kung-fu a travers le prisme de la comédie, c'est d'autant plus interessant que Chan et Liu Chia Liang avaient chacun de leur côté donné un coup de jeune au personnage de Wong Fei Hung. Hélas la réalité sera moins belle car les deux visions ne vont pas parfaitement converger puisque le vieux Liu Chia Liang va se voir remercié en cours de route par Chan qui était alors le patron des films dans lesquels il jouait, pourtant
Drunken Master 2 dans son montage final (je précise que j'ai vu la version hongkongaise de 102 minutes qui rallonge notamment une scène de fight où Jackie devient littéralement fou après avoir bu de l'alcool à brûler) garde en substance nombre de subtilités propres au maitre, je pense notamment à la première baston sous le train qui est bardée de contraintes spatiales et de différences de style (l'opposition lance/sabre dans un endroit encombré de pylônes en bois) ou la baston dans l'auberge qui retrouve l'ampleur des production Shaw Brothers avec des nombreux figurants cascadeurs qui n'hésitent pas à donner de leur personne.
Ceci dit le film est loin de se reposer uniquement sur ses séquences d'action, en proposant de bons moments comiques où Jackie Chan se fait littéralement détrôner par feu Anita Mui qui reste à mon sens l'une des actrices les plus douées du cinéma HK, en étant aussi capable dans le registre nawak que dans le drame, ici elle campe l'argument rigolo du film dans ce rôle de belle-mère roublarde adepte des jeux d'argent et complice des conneries de son beau-fils, grosses grimaces et surjeu à l'appui. Si je suis moins scotché qu'un
Thunderbolt ou un
Police Story 3 (étrangement, j'ai toujours trouvé que Jackie Chan était mieux dans un registre contemporain),
Druken Master 2 reste l'un des derniers films véritablement estimables de cet acteur fascinant, un Buster Keaton des temps modernes qui ne semble jamais tricher à l'écran (le nombre de plans où le voit faire des prouesses physiques, c'est juste impressionnant, le comble étant le climax bien violent où il n'hésite pas a se jeter sur un tapis de braises fumantes avec un nombre de protections minimum.
). Sans parler de Ken Lo, l'un des types de la bande a Jackie Chan qui n'aura plus retrouvé un film par la suite qui exploitera de manière aussi bonne ses capacités martiales, son jeu de jambes n'est pas sans évoquer la bonne époque des Hwang Jang Lee et Wang In Sik, là encore faut le voir pour le croire.
Une belle réussite, bien que je préfère le film original de Yuen Woo-Ping qui était à mon sens le vrai chainon manquant entre l'approche conservatrice de Liu Chia Liang et ce désir de renouveler le genre, notamment a tout ce qui touchait les séquences d'entrainement.
7,5/10