Depuis quelques années Jason Statham est devenu quelque peu le fils spirituel des Steven Seagal et Van Damme, en enquillant les films d'action plus ou moins réussis tout en ayant jusque là évité la case DTV et les budgets indigents, hélas malgré un charisme et un talent certain, je sens l'homme un peu trop enfermé dans son image d'action hero bourrin. Et c'est un peu le sentiment que j'ai en ayant vu
Joker alias
Wild Card, remake d'un film avec Burt Reynolds sorti à la fin des années 80 qui était prévu au départ pour être dirigé par Brian DePalma himself (excusez du peu) et qui a atterri dans les mains de Simon West certes moins virtuose dans l'âme mais bon technicien quand il s'en donne la peine, il aura quand même offert l'un des derniers Statham potable avec
The Mechanic.
La BA laissait augurer d'un film à la Charles Bronson bien foutu, exactement dans la lignée de
Blitz, bref exactement ce qu'il faut a Jason : moins de bastons gratuites et un peu plus d'ambiance hard-boiled. Si pendant la première moitié,
Wild Card fait illusion car justement le film s'avère très pauvre en bastons pour mieux s'attarder sur l'ambiance de Las Vegas et que la trame de vengeance fonctionne sans pour autant casser des briques, le film opère a mi-parcours un changement de direction inattendu et se met avoir des ambitions bien trop élevées, d'un coup
Wild Card devient un film quasi-mystique où Statham décide sur un coup de tête d'aller jouer au casino parce qu'il a "senti la chance sur ses épaules" (je n'invente rien) et on a pas moins de 15 minutes de parties de black-jack toutes filmées en extrême close-ups (car oui, dès qu'il y a une action dans ce film elle est toujours en gros plan). Et là c'est la dégringolade, entre le bad guy qui surjoue comme un malade, débarquant seulement a cinq minutes de la fin histoire que Statham puisse poser sa scène de baston (son arrivée inexpliquée dans le restau, j'ai eu un fou rire
), des thématiques complètement absurdes (Vegas vue par Statham comme une Sodome et Gomorre où on finit forcément pauvre et alcoolique) et un personnage de jeune puceau qui va juste être là pour qu'on puisse poser la happy end la plus improbable vue ces derniers temps. Bref, le scénariste a fumé la moquette et a littéralement saccagé ce qui aurait pu être un véhicule honnête pour sa vedette.
Je ne saurais dire si c'est le pire Statham pour le moment, en sachant que je n'ai pas osé voir
Crazy Joe, mais clairement à éviter fan ou pas de l'acteur.
3/10