[Jed_Trigado] Mes critiques 2015

[pabelbaba]

Faudrait aussi que revoie Saludos Hombre, même si j'avais bien aimé la première fois.

[Jed_Trigado]

Le Dernier Face-a-Face - Sergio Sollima (1968)

Second western réalisé par Sergio Sollima, Le Dernier Face a Face a la lourde tâche de succéder au génial Colorado, d'autant que cette fois-ci on lui laisse beaucoup plus de libertés, notamment sur le choix du sujet (et la durée, puisqu'il existe un montage de 2h30 qui avait été projeté lors de la première exploitation du film, mais qui fut très vite remonté a cause de mauvais retours du public, hélas a ce jour ce montage reste désespérément invisible) qui une fois encore pourrait être adapté de manière contemporaine sans que le résultat en soit altéré et que Alberto Grimaldi (producteur des premiers Leone) lui offrira les moyens financiers nécessaires pour réaliser une œuvre de qualité.

En effet, les westerns de Sollima ont cette capacité a être profondément universels dans leur propos et Le Dernier Face-a-Face, c'est probablement l'une des premières analyses concrètes de la question de la violence chez l'Homme au cinéma, a travers deux êtres opposés, l'un venant du Nord des Etats-Unis qui se présente comme quelqu'un d'éduqué et de réfléchi qui pour des raisons de santé se trouve au fin fond de l'Ouest a errer, c'est là où son chemin croise l'autre protagoniste essentiel de l'histoire, un bandit local alors en pleine évasion qui va le kidnapper, avant de progressivement se lier a lui dans une relation d'attirance/répulsion, pour ensuite devenir comme lui quelque part. Montré comme un être sanguinaire et sans scrupules, il va néanmoins susciter la fascination chez ce type érudit qui a toujours ce besoin irrémédiable de vouloir "questionner" les choses, sauf que ces interrogations vont basculer progressivement dans un changement de tempérament chez Gian Maria Volonté (le professeur donc) qui va franchir la barrière de son dégout pour la violence pour mieux mettre en valeur son génie de petit stratège, se révélant un allié de choix pour la troupe de Tomas Milian mais qui également va se révéler aussi sur le long terme comme un être détestable, ravagé par son désir de pouvoir. Le film n'en oublie pas d'ailleurs le perso de Tomas Milian qui va aussi changer au cours du film, passant de la brute sans foi ni loi, a celui d'un bandit plus modéré dans ses actes, comprenant que la violence gratuite ne peut que engendrer le pire a la fois pour lui et les siens (Sollima a le mérite d'humaniser ce personnage en le montrant comme le patriarche d'une communauté avec femmes et enfants qui dépendent de lui).

Le Dernier Face a Face est un film quelque part assez théorique sur le papier a cause de sa structure, parfois teinté d'une philosophie bien visible dans ses dialogues mais qui sait se démarquer par une maitrise du cinéma de genre, comme Colorado le film a le mérite de jongler en permanence avec des éléments codés populaires, notamment toute la partie avec William Berger qui infiltre la Horde Sauvage pour saboter leur grand braquage où on est carrément dans une trame de polar déguisée, rendant le film assez ludique au final tout en restant une approche 1er degré, sans parler de la manière dont le film arrive a injecter de manière crédible différents éléments contextuels qui auraient facilement pu virer au gimmick facile (ceci dit comme je l'ai dit en haut, je spécule en me disant que la version de 2h30 doit pas mal changer de choses là dessus), notamment les clivages politiques Nord/Sud où Volonté est pris a parti par une négrière au cours d'un dialogue quand on lui indique d'où il vient. Mais finalement plus que les talents évidents de scénariste et de metteur en scène de Sollima, je pense que le film doit en grande partie sa réussite a ses deux acteurs principaux, superbement castés car aussi antagonistes a la vie qu'a l'écran (il parait d'ailleurs que le tournage n'a pas été de tout repos entre les deux, en sachant que Sollima en rajoutait derrière pour rendre son film encore plus crédible, chose qui se voit sans mal), Volonté comme a son habitude a su parfaitement choisir les (rares) westerns dans lesquels il tourna et Milian excelle dans ce rôle de bête sauvage qui prend de plus en plus conscience de son humanité, c'est d'ailleurs bien dommage qu'en dehors des films de Sollima, on ne l'ait pas aussi bien exploité dans ce registre.

Bien que je reproche désormais au montage le plus "complet" visible de parfois précipiter les choses en ce qui concerne l'évolution psychologique de ses personnages (il y avait clairement moyen d'étoffer surtout dans le premier tiers du film qui a l'air d'avoir le plus souffert), Le Dernier Face a Face reste néanmoins le chef d'oeuvre définitif de Sergio Sollima et l'un des films majeurs de la vague spaghetti car il n'a finalement pas vieilli, ni thématiquement, ni formellement et ne cesse de tirer le genre qu'il incarne vers le haut, chose qui devrait suffire a imposer le respect a tout bon cinéphile qui se respecte. RIP Sergio.

9/10

[Milkshake]

Je te trouve un poil gentil avec Saludos Hombre plutot oubliable comme film par contre oui Colorado est top 5 western Spaghetti (hors Leone).

Hate de découvrir ce dernier Face à Face en HD.

[pabelbaba]

Deux de mes acteurs préférés dans un duel psychologique très bien amené.

J'ADORE!!!

[Milkshake]

Surtout Gian Maria Volontè putain d'acteur charismatique avec une belle pallette de jeu suffit de voir El Chuncho pour s'en convaincre.

Et puis j'ai vu encore aucun de ses films italien 70's qui ont une grosse réputation dispo en bluray : Enquête sur un citoyen, Sacco et Vanzetti, Les Hommes contre.

Il y a aussi La classe ouvrière va au paradis dont Val dit du bien.

Je vois aussi qu'il a fait un film sur Lucky Luciano (un des perso principaux de Boardwalk Empire) pour surfer sur la vague du Parrain à l'époque, ça c'est pour moi

Même si les films de Francesco Rosi que j'ai vu pour l'instant j'ai pas accroché.

[Scalp]

Lucky Luciano c'est bien nase, je suis pas allé au bout.

[Milkshake]

Cela confirme côté froid/distant dans la réal/direction chez Francesco Rosi qui m'empêche de rentrer dans ses films.

En tout cas le duo Enquête sur un citoyen/Sacco et Vanzetti ça je vais essayer de me le faire sous peu.

[Jed_Trigado]

Je l'ai trouvé interessant le Lucky Luciano, il faut juste aimer les films-dossier a l'italienne qui sont pas les plus funs qui soient a mater mais qui en contrepartie en disent pas mal sur l'Italie de l'époque.

[Alegas]

Il Etait une Fois en Chine - Tsui Hark (1991)

Il Etait une fois en Chine était un pari osé pour le mogul Tsui Hark, malgré des licences fortes comme Le Syndicat du Crime et Swordsman qui avait déjà préparé le terrain dans sa logique de remettre au goût du jour des genres mythiques du cinéma hongkongais, il souhaite non seulement réactiver l’intérêt du public pour le film d'arts martiaux mais aussi pour la figure de Wong Fei Hung, un personnage vertueux qui avait réellement existé et qui peut être considéré comme l'équivalent d'un Robin des Bois chez nous. Problème de taille, ce personnage était la chasse gardée d'un seul et unique acteur, le légendaire Kwan Tak Hing qui jouera ce personnage sur plus de cinq décades (même des avant-gardistes comme Yuen Woo Ping et Sammo Hung ne pourront passer outre sa présence en lui offrant des apparitions d'anthologie dans Le Héros Magnifique et Tigre Blanc) et se confondant désormais dans l’inconscient collectif, mais pourtant Tsui Hark a cette qualité de ne se fier qu'a son instinct et pense que Jet Li, qu'il avait tenté de propulser avec le lamentable actionner urbain The Master, pourrait représenter une idée nouvelle du héros d'action. Bien lui en aura pris tant celui-ci était parfaitement adapté aux envies du cinéastes : ferme, naïf, aérien, agile a souhait et surtout témoin impuissant de voir son pays défiguré par une ingérence massive de l'Occident, à la fois tiraillé par son caractère conservateur mais également par ce besoin de devoir accepter le progrès, chose qui sera finalement le moteur thématique de toute la franchise, mieux encore, celui de l’œuvre de Tsui Hark dans son ensemble.

A partir de là, les jalons de la saga sont posés, il est moins question d'authenticité que d'une iconisation qui doit énormément a la bande dessinée et au sérial où le spectateur néophyte (et même étranger a la culture chinoise) peut entrevoir de manière ludique une certaine époque via des séquences d'action qui défient les lois de l’apesanteur à l'instar de ce duel sous la pluie où des troncs d'arbres géants virevoltent en peu partout ou ce long combat tout en verticalité où les échelles deviennent des élements indispensables de l'action, Tsui Hark confirme son génie a exploser les limites de l'espace pour offrir au public des choses alors jamais vues a l'écran. Mais loin d'être un pur film d'action sans profondeur, Il Etait une Fois en Chine marque par son aspect très candide, presque surprenant pour ce qui est clairement défini comme un projet censé renflouer les caisses de la Film Workshop a l'époque, où malgré les caricatures faites des occidentaux et l'écriture "made in Hong Kong" qui peut paraitre simpliste, on se retrouve devant une véritable déclaration d'amour a cette nation qu'est la Chine qui plus est faite par un chinois d'adoption (rappelons que Tsui Hark est vietnamien). Si je lui préfère la folie décuplée de La Secte du Lotus Blanc et même le sous-estimé Dr Wong et les Pirates, Il Etait une Fois en Chine est clairement une œuvre incontournable du cinéma populaire de Hong Kong pour véritablement comprendre les tenants et aboutissants de cette industrie hors-normes.

8,5/10

[Val]

Tu sais si la VF est supportable ? Pas pu le voir en direct jeudi dernier sur Arte et, me demande pas pourquoi, quand je programme l'enregistrement, impossible d'enregistrer la VO. Mais comme j'ai quand même envie de voir le film, je vais peut-être me laisser tenter.

[Jed_Trigado]

Comme la totalité des VF de films asiatiques (hors films nanars), c'est a proscrire.

[Val]

Ouais, je vais peut-être essayer d'autres moyens alors...

[Alegas]

Et à côté de ça les films de Noé ont pas le droit à des critiques...

[Mark Chopper]

Si tu insistes, je peux les écrire à la place de Jed.

[Scalp]

Je ferais des critiques des films de Noé, promis.