Les films de Sergio Corbucci auront toujours une place dans mon coeur, ils respirent la générosité et l'amusement même pendant la décade 70 où le western mourrait, il a toujours pété la forme en allant plus loin dans le délire. Si
Far West Story restera le plus beau chant du cygne qu'on puisse offrir au genre,
Le Blanc, Le Jaune et le Noir est un pétage de plombs gentiment vulgaire mais foncièrement cool, puisque il s'amuse de plus de 15 ans de western a lui tout seul : entre la trame qui est une parodie du
Soleil Rouge de Terence Young où Tomas Milian joué le rôle d'un samouraï au rabais (doublé avec une VF a peine pas caricaturale
), le trio principal qui est le liant entre trois visions différentes du genre (Wallach le distingué, Gemma le populaire et Milian le déviant) et il va même oser des citations directes a d'autres westerns via un monologue d'ouverture qui condense une vingtaine de références plus ou moins visibles aux films de Leone, Sollima, etc....
Je reste franchement étonné par la profusion du résultat, là où on le considère comme une purge honteuse et sans idées, en effet si vous recherchez quelque chose de raffiné et d’élégant vous pouvez passer votre chemin, mais contrairement a des Enzo Barboni et consorts, on sent que Corbucci s'amuse plus qu'il ne se moque de ses références, croyant plus que jamais au genre avec une réalisation et une photo très soignée (ça devenait rare des westerns de cette tenue, surtout quand il s'agit d'un film peu porté sur l'action), ainsi qu'une maitrise véritable des effets comiques, certes on échappe pas a des poneys qui pètent ou des mains dans la tronche façon Bud Spencer, mais dans l'ensemble c'est surtout la construction a base de chassé-croisés entre deux personnages opposés qu'il a mis en place depuis
Le Mercenaire qui rend le film agréable a suivre, d'autant que Gemma et Wallach assurent le show comme il faut et n'hésitent pas a donner de leur personne (si on m'avait dit un jour que je verrais Gemma déguisé en indien et en femme, je l'aurais pas cru
), avec en fond les couillonnades de l'ami Milian qui passe son temps a perturber le duo, je peux vous dire le spectateur déviant que je suis s'est plus régalé que jamais.
Je regretterais juste que le film soit un peu chiche en action, d'autant que les rares scènes de cet acabit sont toujours impeccables en termes de découpage (c’était le cas même dans un truc mineur comme
Le Spécialiste, preuve s'il en est que Corbucci était loin d'être un branleur) et que l'histoire s'y prêtait aisément, ainsi qu'une musique des frères De Angelis qui fait quand même pâle figure en comparaison des partitions tout aussi légères que Morricone avait composées pour Corbucci (je pense a
Companeros surtout), mais jamais on s'emmerde et c'est ça le principal que j'attends de ce genre de film.
7,5/10