Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato
(1980)
Un film avec lequel j'ai longtemps reporté la vision. Dans ma famille, on m'en parlait comme l'horreur ultime, le genre de pellicule dont on ne peut effacer le souvenir de sa mémoire, voire carrément le film qui traumatise à vie. Du coup, pendant des années, il y a eu en moi ce mélange de curiosité malsaine tout en appréhendant ce que je pourrais découvrir dans ce film, jusqu'à aujourd'hui. Je mentirais si je disais que je pensais découvrir un grand film, je me doutais bien que ce n'était pas mon genre de trip et surtout je savais pertinemment que le film allait faire son âge. Cependant, il y a quand même de la déception à la vision de ce film qu'on définit souvent comme le père du found-footage (ce qui est sûrement vrai, je n'ai pas souvenir d'un équivalent dans les années qui ont précédées ce Cannibal Holocaust). Certes, l'ensemble premier degré fait plaisir à voir, certes le métrage dispose d'un fond qui lui permet d'être autre chose qu'un simple défouloir gore, mais c'est davantage le fait que le film vieillit, à mon sens, très mal qui me rebute pour le coup. Ce n'est même pas une question visuelle, puisque malgré son côté cheap Cannibal Holocaust arrive à très bien se débrouiller, notamment côté maquillages (le cadavre sur le pieu, c'est tout aussi remarquable aujourd'hui), mais c'est davantage sur son propos que la pilule a du mal à passer. Dès les premières minutes du film, la subtilité n'est pas au rendez-vous avec cette comparaison entre la jungle amazonienne et la jungle new-yorkaise, et du coup on sait dès les premières minutes vers quoi le film se dirige : une critique de la société (et des médias voyeurs particulièrement) à travers une bande de jeunes violant une nature qui ne veut pas d'eux.
Côté écriture donc, c'est loin d'être convaincant, impossible de comprendre les fameux reporters qui font absolument tout ce qu'il faut pour se faire tuer (tiens, si on allait filmer nos amis en train de se faire violet et tuer au lieu de fuir pour sauver notre peau ?) et la partie new-yorkaise est loin d'être beaucoup plus élaborée, bien qu'elle soit déjà plus pertinente. L'autre point qui fait que je ne peux décemment pas aimer ce film vient du massacre d'animaux en plein cadre. Autant je ne suis pas spécialement quelqu'un qu'on peut choquer facilement, autant voir de telles images véridiques m'exaspèrent au plus haut point et témoignent d'un mauvais goût total. C'est certainement très subjectif comme jugement, mais impossible pour moi d'en faire abstraction.
4/10