L'Île de Giovanni de Mizuho Nishikubo
(2014)
(2014)
Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'année même où Hayao Miyazaki et Isao Takahata livrent chacun leur dernier film respectif, le meilleur film d'animation japonais de 2014 ne sortira pas du studio Ghibli. Si les deux films mentionnés sont loin d'être dénués de qualités, L'Île de Giovanni l'emporte haut la main par un aspect simple, à savoir un respect profond de la gestion de l'émotion, chose finalement assez absente chez les derniers films des têtes pensantes de Ghibli. Réalisateur jusque là passé quasiment inaperçue dans le paysage de l'animation japonaise, Mizuho Nishikubo livre un film qui, sur de très nombreux points, se révèle être le descendant spirituel du Tombeau des Lucioles. On y retrouve cette même dynamique émotionnelle basée sur le lien de fratrie, mais aussi et surtout ce contexte de Seconde Guerre Mondiale, traité de façon particulièrement éprouvante, à l'image de ce qu'a pu endurer le peuple civil japonais de l'époque. Néanmoins, contrairement au film de Takahata, on y trouve non seulement un vrai périple familial (là où, chez Takahata, le récit se contente de survie au même endroit) mais aussi, et c'est ce qui fait toute la force du métrage, une idée de script assez géniale qui est de situer l'action dans l'interaction entre résidents japonais et soviétiques venus rétablir l'ordre.
Non seulement le film permet d'éclairer une zone historique assez peu connue, mais cela permet aussi à Nishibuko de traiter une superbe relation entre un garçon japonais, héros de l'histoire, et une jeune fille russe avec qui il va se prendre d'amitié. On s'en doute, la relation sera forcément torturée par le contexte, et si elle disparaît durant la seconde moitié du métrage (qui, du coup, perd un peu en puissance émotionnelle malgré les événements tragiques qui s'y déroulent), c'est pour mieux resurgir dans une dernière scène exceptionnelle. A cela se rajoute une vision très belle des situations civiles en temps d'occupation, notamment avec une séquence marquante illustrant des chants russes et japonais d'une classe à une autre. Vous l'aurez compris, si le film n'est pas exempt de défauts (certains auront surement du mal avec un visuel bien plus épuré que chez Ghibli ou d'autres gros studios, et les séquences de rêve dénotent beaucoup trop avec le reste du film), il s'impose réellement comme un gros choc émotionnel qui lui permet d'obtenir un capital sympathie évident. 2012 aura eu Les Enfants Loups, 2013 Lettre à Momo, 2014 aura L'Île de Giovanni. Comme quoi le meilleur de l'animation japonaise ne se trouve plus, comme c'était le cas il y a encore un peu plus de dix ans, chez Ghibli.
Non seulement le film permet d'éclairer une zone historique assez peu connue, mais cela permet aussi à Nishibuko de traiter une superbe relation entre un garçon japonais, héros de l'histoire, et une jeune fille russe avec qui il va se prendre d'amitié. On s'en doute, la relation sera forcément torturée par le contexte, et si elle disparaît durant la seconde moitié du métrage (qui, du coup, perd un peu en puissance émotionnelle malgré les événements tragiques qui s'y déroulent), c'est pour mieux resurgir dans une dernière scène exceptionnelle. A cela se rajoute une vision très belle des situations civiles en temps d'occupation, notamment avec une séquence marquante illustrant des chants russes et japonais d'une classe à une autre. Vous l'aurez compris, si le film n'est pas exempt de défauts (certains auront surement du mal avec un visuel bien plus épuré que chez Ghibli ou d'autres gros studios, et les séquences de rêve dénotent beaucoup trop avec le reste du film), il s'impose réellement comme un gros choc émotionnel qui lui permet d'obtenir un capital sympathie évident. 2012 aura eu Les Enfants Loups, 2013 Lettre à Momo, 2014 aura L'Île de Giovanni. Comme quoi le meilleur de l'animation japonaise ne se trouve plus, comme c'était le cas il y a encore un peu plus de dix ans, chez Ghibli.
8/10