Titanic, James Cameron (1997)
Un film que j'ai fui à sa sortie, dont j'ai rigolé avec mes potes, puis que j'ai apprécié tranquillement en vidéo. L'image que j'en avais, du cinéma pour midinettes en attente de transpirer des yeux dans un final déchirant. Depuis, mon avis a radicalement changé, trouvant même qu'il s'agit de l'un des meilleurs films de J. Cameron. Plusieurs raisons à cela. Si le budget est l'un des plus gros de l'histoire du cinéma, ce n'est jamais au détriment des facteurs humain et émotion. Une prouesse technologique mis au service d'un récit qui ne cède jamais au piège du tout spectaculaire. Tout le monde connaît l'histoire, et donc l'enjeu était d'en faire vivre l'expérience au spectateur. Opération réussie, car si au début nous sommes un peu comme ces fossoyeurs de trésors anciens, détachés de la vérité de l'évènement, on s'attache rapidement au couple Di Caprio/Winslet, et la reconstitution historique est phénoménale, portée par une belle BO irlandaise.
Avant d'être un film-catastrophe, ce sont donc deux portraits qui se chevauchent ici. D'abord celui d'une femme moderne et enflammée qui étouffe dans son milieu raffiné mais artificiel et mis sur rail. Un destin fermé contaminé par sa rencontre avec le pauvre mais énergique Jack, un jeune homme qui connait la vie et se laisse porter par sa bonne étoile. Une histoire d'amour sur fond de classes sociales digne de Roméo et Juliette, hors du temps, et avec des péripéties qui jouent de cette différence. Ensuite, celui d'une technologie à la pointe qui reflète la démesure de l'homme avec son ascension puis son déclin durant les séquences haletantes du naufrage filmé en temps réel, avec une folie et une panique qui s'emparent des victimes en de telles conditions. La manière intimiste et quasiment invisible dont les effets spéciaux sont utilisés permet d'éviter l'écueil du sensationnalisme décérébré.
Au fond, à part la chanson de C. Dion au générique de fin qui me fait saigner des oreilles, et un dernier acte peut-être un peu longuet à mon goût, j'ai rien de particulier à reprocher à ce film-catastrophe bien rythmé malgré ses 3h00, qui est à la fois une aventure technologique, historique (par l'intermédiaire de ses décors, ses costumes, et ses références subtilement insérées) et humaine. Mon idéal du blockbuster divertissant et romantique, qui se révèle aussi un film sur le temps qui passe et ce qui subsiste malgré tout, devant la quête prométhéenne des hommes et leur superficialité à l'origine de leur propre perte.
Titanic est donc un modèle du genre. Une fresque épique et romantique teintée de comédie légère qui rend un bel hommage à l'âge d'or hollywoodien, pour peu qu'on mette son cynisme au vestiaire et qu'on se laisse entraîné par cette belle évocation du passé qui nous transmet évidemment un vibrant message, celui d'être nous-mêmes jusqu'au bout, peu importe notre condition.
Note : 9/10