Pas la baffe espérée. Pourtant, ce polar a plus d'une corde à son arc. On nous introduit d'abord au milieu dangereux du proxénétisme en Corée, mais ensuite ce film devient une critique assez acide contre le système judiciaire du pays. Seulement, passé l'introduction avec la séquestration de cette pauvre femme, mon intérêt a chuté durant un petit bout de temps. En effet, pas très passionnante cette
storyline autour de ce mac qui recherche ses femmes disparues. Et si la façon dont ce psychopathe embrouille les policiers, dépassés par les évènements qui ont de plus une pression énorme sur les épaules (éviter le scandale), est plutôt bien vue, elle finit par s'arrêter au point mort. En outre, plusieurs facilités narratives viennent noircir le tableau, dont deux gros ressorts de l'intrigue, réduisant d'autant l'impact de l'une des scènes finales (les retrouvailles). On ne peut pas dire non plus que les personnages soient très approfondis. A part ce montage mettant en exergue les efforts désespérés de cette femme à s'en sortir, la détermination exemplaire de son mac à la trouver, et la perversion latente de ce psychopathe (un peu trop surlignée à mon goût), pas grand chose à se mettre sous la dent. A mon sens, tout cela (surtout les invraisemblances) nuit à l'aspect profondément humain et tragique du film.
Malgré tout, les acteurs sont tous très convaincants, en tête le trio principal (donc les interprètes du mac, du psychopathe, et de la victime). Puis j'apprécie la façon dont un sujet simple à la base (une pure course-poursuite) se complexifie au fur et à mesure, et change ainsi la donne par rapport, par exemple, à
J'ai rencontré le diable qui proposait au contraire une confrontation renouvelée à coups de lattes dans la gueule. Ici, bien qu'on sache qui est qui dans l'histoire, le scénario prend un malin plaisir à brouiller les pistes au nez et à la barbe des flics, ce qui provoque une petite frustration chez le spectateur qui n'a qu'une envie, qu'on coince le bad-guy et qu'il se fasse défoncer (il a bien un passif qui pourrait jouer en sa faveur, mais il en est pas moins un gros enfoiré). Ce qui arrive d'ailleurs prématurément lorsque les flics n'ont plus d'idée pour le faire avouer. Autre qualité, l'atmosphère urbaine est très travaillée, étouffante et désespérante à souhait. On pousse le réalisme et la noirceur à fond, avec un usage de la musique parcimonieux mais toujours déchirant. Et donc lorsque la violence nous est balancée en pleine poire, ça retourne bien l'estomac et les esprits (montage qui gère bien le hors-champ), en mode slasher glauque et tendu, doublé d'un humour noir très particulier (quand le marteau rate sa cible : on est loin du tueur appliqué et perfectionniste).
J'en attendais peut-être trop, d'où ma déception malgré mes bonnes dispositions envers le genre, mais ça reste tout à fait recommandable pour tout amateur de films coréens sur les tueurs en série, avec la dimension sociale de rigueur (la touche coréenne).
Note : 6.5/10