Ce genre de
revenge-movie burné, boosté à une atmosphère chère aux années 70/90, et qui va droit à l'essentiel, ça fait plaisir. Première impression, The Rock impose par sa carrure et son air déterminé. On croit en son personnage qui n'a qu'une pensée en tête, massacrer tous ceux qui les ont balancé, lui et son frère, au cours d'un hold-up. La réalisation est nerveuse, avec une identité visuelle forte et des petites références bien senties, empruntés au western de Leone (les titres insérés, la petite musique de portable) et aux polars urbains (les courses-auto bénéficient d'un bon montage image/son, et sa voiture qui fait penser à celle de F&F est juste terrible). La narration est simple : on va d'un point A à un point B, un chemin parsemé par les victimes de Driver. Mais ce qui fait ensuite toute la différence, et permet d'approfondir l'idée de départ, c'est la présence d'un tueur à gages et d'un flic à ses trousses. Si The Rock demeure l'attraction principale, ils se font écho. Le tueur semble avoir tout (une bonne petite femme, une maison de rêves, etc.), mais il est adepte de défis (ancien handicapé, on le cerne de suite). Quant au flic, il semble avoir des soucis, mais son fils est en quelque sorte sa porte de sortie (j'aime son petit dialogue autour du base-ball plein de sens). Le tableau est donc clair, avec une damnation dans l'air, et une rédemption possible mais qui tarde à sortir. Ainsi, si l'action est en pédale douce au milieu du film, c'est pour mieux développer les personnages, ainsi que ce parallèle biblique éloquent et en phase avec chacun d'eux (faut dire que les petites phrases sont bien choisies, et elles claquent dans la bouche du prêcheur).
Ainsi,
Faster a plus que son air bad-ass et expéditif (The Rock, encore une fois, est juste monstrueux, et c'est juste la classe quand il recharge son arme en plein action) à vendre. Il contient aussi une profondeur, certes simple et relative, mais loin d'être superflue. Jusque là, pas de problème pour moi. Tout ou presque fonctionne jusque là. Certes, les deux
challengers (le flic et le policier) paraissent un peu légers (tant en termes de stature que d'écriture) face au Driver que rien ne semble pouvoir arrêter, mais ils ont le mérite de développer ce dernier en contre-point (le flic est un
looser mal embouché et alcoolique, au bord du gouffre avec sa femme ex-toxico, et le tueur est un homme sophistiqué et cultivé, tout l'opposé du Driver qui trace tout droit sans se poser de questions, sans crainte d'être arrêté ou reconnu, un modèle d'efficacité qui ne possède presque aucun état d'âme).
Faster est donc une série B simple mais efficace, bien gaulée, qui va droit au but, avec une psychologie minimale mais bien amenée. Ce qui me fait regretter cette conclusion foireuse. En effet, poser un double twist final aussi gros qu'une maison, s'il permet d'éclairer certains aspects, et s'il n'est pas non plus HS par rapport à l'intrigue (les pistes laissées en filigrane se rejoignent logiquement en ce point), termine selon moi ce film par une mauvaise note. Tout le reste, à savoir l'exposition et le rôle des personnages, l'ambiance, le rythme, et le développement des thématiques, que du bon, c'est du solide en dépit de quelques clichés. Vu que c'est le genre de divertissement que j'aimerais retrouver plus souvent (la corde sensible vibre au son de certains choix qui sont faits tant dans le ton, la mise en scène, et les allusions référentielles), je préfère voir le verre à moitié plein.
Note : 7/10