Alien 3, David Fincher (1992)
Quelques mots sur la gestation d'Alien 3 qui fut pour le moins difficile. De nombreux scénarios et réalisateurs passent entre les mains de la Fox sans convaincre, avant que finalement ce dernier jette son dévolu sur David Fincher, jeune réalisateur prometteur dont ce fut la première expérience dans le long-métrage, et qu'on pensait pouvoir ainsi plier comme un vulgaire Yes Man. Sauf que ce dernier ne lâche rien en dépit de l'absence d'un scénario terminé. Finalement, en raison de nombreux désaccords avec le studio, on lui refusera le Director's Cut, et c'est pourquoi il reniera complètement le film (au moins, cette pugnacité lui aura permis par la suite d'avoir ce privilège de contrôler le montage final).
Or, il faut quand même avouer que le résultat est plutôt bon, et mieux encore, il porte sa signature. Certes, cette histoire de prison auto-gérée qui se termine en partie de cache-cache est plutôt bancale, mais force est de constater qu'en dépit des lourdes contraintes auxquelles Fincher a dû faire face (entre-autre les réécritures du scénario en plein tournage), ce dernier lui a apporté, dès le départ, des motifs et un ton qui ont posé les bases de son univers. Ainsi, il fallait oser flinguer certains des personnages principaux, lui adjoindre la lie de la société en guise de partenaires (violeurs et tueurs de femmes) en quête de rédemption, le tout enrobé d'une atmosphère sombre et pessimiste qui sonne comme une fin de monde (à ce titre, les plans de la planète ont beau avoir vieilli, ils en jettent), des éléments qui font bien sûr penser à Seven. A ce titre, le montage alterné entre la bête et la cérémonie funèbre est tout simplement sublime et forte en termes de symbolique christique. Bref, on reconnaît le Fincher formaliste qui sait instaurer une ambiance qui tranche par sa noirceur, tout en transcendant le statut de simple oeuvre de commande en lui instillant certaines de ses obsessions.
Par contre, je suis toujours mitigé par le manque de tension autour d'un Alien se faufilant dans les dédales d'un lieu confiné, qui constituait la puissance du premier opus, mais s'avère ici peu exploitée. A certains moments, on le zappe même complètement pour se concentrer sur les humains, leur obsession des germes, et leur communauté sectaire, ce qui donne un rythme à deux vitesses un peu étrange. Autre soucis, si l'Alien n'a jamais paru aussi glauque et violent, les SFX n'ont pas tous très bien vieillis, et sa vue subjective a beau être intéressante, elle ne fait pas peur. Quant au casting, sans être tous super bien écrits (on sent parfois les trous dans le script, comme l'histoire entre Ripley et le médecin qui ne transmet pas l'émotion qu'elle devrait procurer), les personnages ont une bonne gueule de prisonniers (dotés d'un petit soupçon de mysticisme et d'ambiguité), et Weaver joue une Ripley torturée et angoissée, malade et au bout du rouleau qui est tout à fait dans le ton du film.
Bref, je retiendrai surtout de ce film son ambiance crépusculaire, la mise en valeur des décors, et des séquences qui ont gardé toute leur force d'impact (l'intro, la cérémonie funéraire, et le final avec la mythique explosion thoracique). Bien que la seconde partie accuse un sérieux manque de souffle dès lors que se met en route l'affrontement mortel avec la bébête (qui ne fait pas le poids face à ses deux prédécesseurs), cette révision fait quand même du bien. Un film malade que je soutiens volontiers, et j'imagine à peine quel aurait été le résultat avec un Fincher totalement en contrôle (je pense surtout aux connexions entre les humains et l'alien). Et comme tous ses camarades, ce qui est le propre de cette saga et la raison pour laquelle je l'aime tellement, il est parvenu à donner une identité forte à son film tout en participant à son évolution (de sauveur de l'humanité, elle en condamne presque l'existence par ce qu'elle porte en elle, aboutissant ainsi au sacrifice ultime...), ce qui n'était vraiment pas une mince affaire en raison des circonstances très particulières du tournage.
Or, il faut quand même avouer que le résultat est plutôt bon, et mieux encore, il porte sa signature. Certes, cette histoire de prison auto-gérée qui se termine en partie de cache-cache est plutôt bancale, mais force est de constater qu'en dépit des lourdes contraintes auxquelles Fincher a dû faire face (entre-autre les réécritures du scénario en plein tournage), ce dernier lui a apporté, dès le départ, des motifs et un ton qui ont posé les bases de son univers. Ainsi, il fallait oser flinguer certains des personnages principaux, lui adjoindre la lie de la société en guise de partenaires (violeurs et tueurs de femmes) en quête de rédemption, le tout enrobé d'une atmosphère sombre et pessimiste qui sonne comme une fin de monde (à ce titre, les plans de la planète ont beau avoir vieilli, ils en jettent), des éléments qui font bien sûr penser à Seven. A ce titre, le montage alterné entre la bête et la cérémonie funèbre est tout simplement sublime et forte en termes de symbolique christique. Bref, on reconnaît le Fincher formaliste qui sait instaurer une ambiance qui tranche par sa noirceur, tout en transcendant le statut de simple oeuvre de commande en lui instillant certaines de ses obsessions.
Par contre, je suis toujours mitigé par le manque de tension autour d'un Alien se faufilant dans les dédales d'un lieu confiné, qui constituait la puissance du premier opus, mais s'avère ici peu exploitée. A certains moments, on le zappe même complètement pour se concentrer sur les humains, leur obsession des germes, et leur communauté sectaire, ce qui donne un rythme à deux vitesses un peu étrange. Autre soucis, si l'Alien n'a jamais paru aussi glauque et violent, les SFX n'ont pas tous très bien vieillis, et sa vue subjective a beau être intéressante, elle ne fait pas peur. Quant au casting, sans être tous super bien écrits (on sent parfois les trous dans le script, comme l'histoire entre Ripley et le médecin qui ne transmet pas l'émotion qu'elle devrait procurer), les personnages ont une bonne gueule de prisonniers (dotés d'un petit soupçon de mysticisme et d'ambiguité), et Weaver joue une Ripley torturée et angoissée, malade et au bout du rouleau qui est tout à fait dans le ton du film.
Bref, je retiendrai surtout de ce film son ambiance crépusculaire, la mise en valeur des décors, et des séquences qui ont gardé toute leur force d'impact (l'intro, la cérémonie funéraire, et le final avec la mythique explosion thoracique). Bien que la seconde partie accuse un sérieux manque de souffle dès lors que se met en route l'affrontement mortel avec la bébête (qui ne fait pas le poids face à ses deux prédécesseurs), cette révision fait quand même du bien. Un film malade que je soutiens volontiers, et j'imagine à peine quel aurait été le résultat avec un Fincher totalement en contrôle (je pense surtout aux connexions entre les humains et l'alien). Et comme tous ses camarades, ce qui est le propre de cette saga et la raison pour laquelle je l'aime tellement, il est parvenu à donner une identité forte à son film tout en participant à son évolution (de sauveur de l'humanité, elle en condamne presque l'existence par ce qu'elle porte en elle, aboutissant ainsi au sacrifice ultime...), ce qui n'était vraiment pas une mince affaire en raison des circonstances très particulières du tournage.
Note : 7/10