[Dunandan] Mes critiques en 2014

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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Jeu 21 Aoû 2014, 19:17

Tu peux t'en passer pour l'histoire, mais pour l'implication du spectateur, ça peut jouer. Donc ça dépend surtout du temps que t'as, car ça fait quand même plus de 4h00 en tout...
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar lvri » Jeu 21 Aoû 2014, 19:26

Faisable en deux soirs !
J'arrive à trouver du temps pour me faire la pentalogie de la Planète des Singes, donc, je devrais pouvoir en trouver pour ces deux films ! :wink: (en espérant que Mémoires de nos Pères passe mieux !)
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Jeu 21 Aoû 2014, 19:34

Ben ça reste un bon film (avec une lecture très subtile sur le sens de l'héroïsme à l'américaine), mais je trouve que la seconde partie manque sincèrement de punch et d'enjeux. On peut faire intimiste et rythmé, et là j'ai trouvé que c'était en partie loupé.
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Confession d'un commissaire de police au procureur de la République - 9/10

Messagepar Dunandan » Ven 22 Aoû 2014, 21:58

CHALLENGE ETE 2K14

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Confession d'un commissaire de police au procureur de la République, Damiano Damiani (1971)

Du début à la fin, j'ai le sentiment d'avoir découvert d'emblée le haut du pavé du polar italien, tant ce film m'a semblé maîtrisé de bout en bout, et passionnant à suivre par-dessus le marché. Pourtant, les enjeux sont bien simples, se résumant à un épique bras de fer entre le procureur de la République, un commissaire de police, et un mafieux de l'immobilier. Mais ils se mettent au service d'un script très malin, qui nous injecte un doute constant quant à l'implication de chacun des protagonistes et qui, par le prisme d'un règlement de comptes sanglant, remet en question rien que moins que toutes les grandes institutions du pays dans une affaire de corruption généralisée.

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Au service de ce propos explosif et de ce méli-mélo au niveau des intentions morales et légales des personnages, ce film s'arme d'une forme et d'une mise en scène souvent impeccables, en témoigne cette longue introduction quasi silencieuse qui nous conduit au coeur du film, où on assiste à la libération mystérieuse d'un malade mental qui va se retrouver en plein guet-apens, déjà marquée d'un symbolisme percutant et de l'impression que tout peut arriver, et basculer en faveur d'un camp ou de l'autre. D'autre part, l'interprétation est solide (avec un seul petit bémol, la réaction de peur de la jeune femme un poil exagérée, qui porte légèrement atteinte au réalisme voulu), surtout le trio de tête, où Frank Nero est impeccable dans le rôle de cet homme croyant dur comme fer en la justice, opposé à ce commissaire qui se révèle parfois ambigu avec l'application de la loi. Un flou moral qui culmine au milieu du métrage lorsque ce dernier nous raconte en long et en large les difficultés que rencontre la police sur le terrain, rendant ainsi compte d'une réflexion percutante sur l'équilibre fragile entre le respect de la loi et la véritable justice qui n'atteint que rarement son but.

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Ainsi, l'une des grandes forces de ce film est d'exposer (par des dialogues acérés et des plans qui en disent long) la réalité socio-politique d'un pays plongé en pleine confusion morale (même le mafieux nous plante un doute), où chacun s'accuse réciproquement pour se protéger (jusqu'à flirter avec la délation, et d'ailleurs ça regorge de petits sous-entendus quant à leurs "vices" cachés, qui nourrissent par la même occasion un background intéressant et finement esquissé), ou réussir à mener à bien son objectif personnel. Et étrangement, la vérité semble émaner uniquement des fous (en reconstituant le puzzle d'une intrigue qui accumule de façon jouissive les fausses pistes lancées autour de l'intégrité de chacun des protagonistes impliqués dans cette affaire, on se rend compte que ce sont les seuls à ne rien cacher, et donc les plus fiables). Même si dès le début, on nous avertit qu'il ne s'agit que d'une fiction, impossible de ne pas faire de lien avec ce contexte fiévreux, et ainsi, tout comme L'inspecteur Harry l'avait fait en même temps, l'ultime but de ce film semble de se faire lui-même justice contre l'injustice planant dans ce pays rongé par l'insécurité, la corruption, et l'insouciance du sort qu'on réserve aux victimes, simples pions au sein de cet échiquier du crime aux proportions inhumaines (avec à la clé des exécutions sans concession et sans pitié, gamins inclus).

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Lorsqu'on vient l'heure du bilan, peu de bémols m'ont marqué, en tous cas rien qui puisse altérer sérieusement mon enthousiasme (juste le sang synthétique, la séquence avec la jeune femme que j'ai souligné, et un règlement de comptes final trop facile, qui détonnent avec le réalisme voulu). Un grand film coup de poing, nécessaire, qui frappe aussi sec à la fin qu'au commencement, pour rétablir un équilibre dans la justice certes fictif, mais que j'imagine fortement souhaité.

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Note : 9/10
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Messagepar osorojo » Ven 22 Aoû 2014, 23:18

Bien joué Dun', l'un des plus percutants précurseurs du poliziesco all'italiana ! L'un des meilleurs que j'ai pu voir, une grosse tatane, content que tu lui rendes ce bel hommage ! :super: :chinese:

T'es mûr pour Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon maintenant, tout aussi bon, tu devrais kiffer ! 8)
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Ven 22 Aoû 2014, 23:25

Et merci Oso ' de l'avoir proposé pour le challenge :super:. Je l'avais en stock mais j'avais visiblement besoin d'un petit coup de pouce pour me remuer les miches ^^.

(j'ai corrigé au passage une petite erreur puisqu'en fait il est sorti la même année que Dirty Harry, alors que je pensais que ce dernier avait une petite longueur d'avance...)

Je retiens ce conseil dans un coin, en plus j'aime bien Gian Maria Volontè :) (découvert dans Giordano Bruno, un film pas très connu mais qui vaut surtout pour son interprétation habitée)
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Messagepar osorojo » Ven 22 Aoû 2014, 23:43

De rien, j'suis bien content qu'il ait trouvé preneur ! :)
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Sam 23 Aoû 2014, 01:06

J'invite d'ailleurs quiconque aime le polar en général de ne pas avoir peur de le découvrir. De mon côté, ça me donne bien envie de continuer sur cette voie, je sens que je vais faire un petit tour vers le pano' de ce genre que je connais bien mal ^^.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar pabelbaba » Sam 23 Aoû 2014, 06:44

Fais gaffe quand même, très peu auront un script de cette qualité. Perso, j'attends Bandits à Milan de pied ferme, mais rien d'annonce nulle part... :(
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: Green Fish - 4/10

Messagepar Mark Chopper » Sam 23 Aoû 2014, 09:52

dunandan a écrit:
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Green Fish, Lee Chang-Dong (1997)

Un pitch qui pouvait me plaire. A savoir un jeune homme originaire de la compagne, qui sort de l'armée, désoeuvré, et découvre combien la vie est difficile en ville. Mais défendant becs et ongles la maîtresse d'un chef de gang, on l'engage (sûrement pour une question d'honneur, mais c'est suggéré, c'est un film plus sensitif que loquace). Problème, ce drame social abuse en misérabilisme, et ne raconte rien d'autre que face à l'adversité, même si on en prend plein la tronche, il ne faut pas se laisser faire, et que la vie en famille c'est quand même vachement mieux que la vie en ville avec des relations plus authentiques et humaines (je caricature à peine). Chuper.

Il y a quand même quelques touches de légèreté (comme une course-poursuite contre des flics qui ont raqué sur les pauvres contrevenants, ou les rares scènes avec cette femme aussi perdue que lui, cause de tous ses malheurs en même temps que son unique petit espoir dans la vie par la tendresse qu'elle lui apporte), mais l'ensemble demeure lourd, étouffant, et pas très intéressant, avec un bonus handicapé mental qui en rajoute une couche. Côté personnages, c'est peu enthousiasmant, où la seule chose qui ressort, c'est leur solitude et leur mélancolie pour faire (faussement) profond, errant au sein de quartiers/endroits décrépis sans raconter vraiment d'histoire consistante, culminant vers un dénouement bien noir et pessimiste.

Bref, je suis plutôt resté de marbre face à une telle déferlante de pathos. On peut prendre ce film comme une représentation sensitive d'une jeunesse qui voit tous ses rêves et son innocence brisés face à la dure réalité de la société coréenne (c'est le sens de ces rapports de force souvent déséquilibrés), mais bon ça ne tient pas sur la durée car c'est plutôt redondant dans l'exécution. Dommage car un meilleur équilibre avec ses brèves respirations dont j'ai parlé plus haut aurait pu livrer un résultat plus digeste. Dire qu'il m'en reste deux en stock, mais j'ai espoir que ce cinéaste trouve un juste milieu avec le temps.

Note : 4/10


Vu... Tu m'évites la rédaction d'une critique. Crispant ce film.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Sam 23 Aoû 2014, 16:37

Tu vois, j'avais à peine exagéré...

@ Pabel : c'est vrai que le script est vraiment très bon, j'ai du mal à croire que c'était un précurseur du genre :)
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Rollerball (2002) - 0/10

Messagepar Dunandan » Dim 24 Aoû 2014, 04:09

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Rollerball, John McTiernan (2002)

J'étais prévenu, mais c'est pire que tout ce que je pouvais imaginer. Certes, John McTiernan avoua qu'il avait peu de contrôle sur le tournage de ce film, mais il en était de même pour Le 13ème guerrier (surtout dans le montage final), et il y a plutôt de bons restes (euphémisme). Alors qu'on a affaire ici à un total ratage, dans le fond comme dans la forme.

Le script est simple. Deux équipes d'un sport ultra violent mondialement connu s'affrontent sous les feux des projecteurs des médias. Très vite, l'un des joueurs se rend compte de la déshumanisation de ce jeu (le fric fait tourner le monde), et fera tout pour s'en sortir, lui et ses potes. Mais 1) l'esthétique globale est super moche (costumes ringards, et l'utilisation des couleurs et de la lumière m'ont donné l'impression qu'on me chiait dans les yeux) ; 2) McTiernan est en temps normal un maître dans la façon de filmer l'action et d'utiliser l'espace, mais elle est ici illisible (montage bordélique, caméra près du corps qui fait qu'on perd tout repère) bien qu'on connaisse en gros les règles (le détail est en russe, je n'invente rien) ; 3) aucun personnage n'est intéressant à suivre, le manque de charisme des interprètes jouant beaucoup en leur défaveur (ils jouent tous faux et platement !!!), ce qui fait qu'on se foutait bien au final de ce qui pouvait leur arriver, 4) l'intrigue est complètement idiote et foutraque, avec une critique des médias réalisée avec de gros sabots.

Pour le fond, on reconnaît bien certains gimmicks du réalisateur, comme le héros qui se fait appeler "cow-boy" (référence à John Mc Lane), ou cette importance de ne pas suivre les règles d'un jeu lorsqu'elles se font au détriment des "gentils" (cf quasiment tous ses films). Mais il n'a jamais été doué pour faire passer un message comme en témoigne son Medicine Man, qu'il sur-ligne dans les deux cas comme un goret. Il est en effet plus un formaliste se mettant au service du divertissement et de ses personnages, deux aspects totalement ratés ici. J'aurais plutôt vu un mec comme Oliver Stone pour ce film, bien plus armé lorsqu'il s'agit de retourner la logique d'une morale/esthétique MTV, sans s'oublier artistiquement parlant. Car au-delà du clash malheureux entre la production et John McTiernan, il s'agit bien du principal problème ici, on ne reconnaît presque jamais la patte de ce dernier. Et quand c'est le cas, ça vire à l'auto-caricature (comme le bad-guy incarné par Jean Reno, worst idea ever, alors qu'il nous avait habitué à bien mieux en termes d'interprète, de direction d'acteurs, et d'écriture). Donc au final, on se retrouve avec un truc complètement con, sans âme, et sans substance.

Pour ma part, je préfère largement revoir le début de Starship Troopers ou même Running Man, bien plus fun et pertinents dans le genre, plutôt que cet étron filmique.

Note : 0/10
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2014

Messagepar Cenatra » Dim 24 Aoû 2014, 15:32

Dire que je l'ai en DVD depuis sa sortie, jamais maté. Je pense me le faire cette semaine tiens. Il a quand même une moyenne spectaculaire.
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Eté inoubliable (Un) - 7/10

Messagepar Dunandan » Lun 25 Aoû 2014, 02:18

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Un été inoubliable, Lucian Pintilie (1994)

J'en attendais rien de ce film roumain avec pour rôle-titre Kristin Scott Thomas, et finalement c'est bien. Commençant par une prise de vue chaotique (une caméra placée sur un cheval qui avance sur le rythme effréné d'un air de Mozart, qui provoquent littéralement le tournis), ça donne la mesure du film, visant à bouleverser la mentalité militaire fascisante qui existait dans ce pays durant les années vingt. Clairement coupé en deux parties, ce film traduit cela d'abord par une liberté de ton par rapport à la censure et aux moeurs, agréablement injectée par une tournure à la vaudeville qui, étrangement, ne tourne pas au ridicule, ce qui est dû surtout grâce à la qualité de l'interprétation des acteurs, et la fraîcheur paillarde de la situation, avec quelques scènes de nu provocatrices peut-être un peu forcées, mais qui nous exhibent bien ce contre-point contre l'esprit étriqué de ces peignes-culs bien guindés que sont cette haute-sphère sociale.

Par la suite, l'histoire se concentre sur une jeune mère de famille mariée à un militaire, lequel a choisi d'être muté pour fuir son supérieur hiérarchique, imbu de lui-même et qui a des vues sur sa femme, et se retrouvent ainsi à la frontière bulgare. L'intérêt de la pellicule, outre le vent pittoresque insufflé dans la pellicule qui nous transporte en ces lieux dépaysants et criants d'authenticité de la compagne roumaine, c'est la rencontre entre deux milieux que tout oppose, l'aristocratie et les paysans, faisant les frais d'une armée bête et se contentant d'obéir aux ordres jusqu'à l'absurdité, voire une certaine barbarie (pour répondre aux actes non moins barbares des contrebandiers). L'intelligence de l'écriture est d'éviter le manichéisme de mise, et de nous souffler les informations historiques suffisantes pour en connaître le contexte, mais sans en alourdir la beauté du propos, que l'on découvre essentiellement à travers le regard de la jeune femme qui s'efforce de voir les choses du bon côté, et de finalement trouver un chemin qui nous mène au-delà des préjugés.

Armé d'un dénouement et de touches sombres, ce film ne pourra jamais être taxé d'humanisme naïf malgré l'humeur "bon enfant" qui en émane parfois (les passages avec le clavecin, cette femme qui semble au départ ignorer les avertissements de son mari ou la dangerosité de leur situation), ce qui rend d'autant plus forte cette relation qui se construit entre ces deux mondes, qui s'exprime simplement à travers la culture du potager de jardin, destiné à mourir si on ne s'occupe pas des légumes, à l'image de ces victimes d'un conflit qui les dépasse (les soldats comme les habitants du coin). Bref, une belle leçon de civilisation (pleine de contradictions et donc loin d'être simpliste), et surtout une tentative d'établir la paix entre deux peuples en plein terrain miné. Peut-être pas un "été inoubliable" comme le titre le suggère, mais mémorable pour les respirations mais aussi la noirceur qui l'habite.

Bref, un joli film qui, outre ses qualités de fond, est également doté d'un bon rythme (et ça ne dure qu'1h20), d'interprètes justes, et de certains plans "parlants" et d'un cadre travaillé, qui mettent bien en valeur ces paysages d'arrière-pays. Une belle surprise qui rappelle très vaguement les oeuvres de Kusturica par son côté vivant, pittoresque, et assez libertaire (surtout dans sa première partie).

Note : 7/10
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Nuages flottants - 8/10

Messagepar Dunandan » Mar 26 Aoû 2014, 19:24

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Nuages flottants, Mikio Naruse (1955)

A l'instar d'Akira Kurosawa, Mikio Naruse délivre ici une peinture sensible et réaliste de l'après-guerre japonais, sauf que son traitement diffère beaucoup, bien loin de cette réflexion humaniste sur le bien et le mal qui anime les films de son compatriote. Ici, on nous livre deux trajectoires qui se télescopent dans un tout harmonieux. Un homme marié et une femme ont une idylle amoureuse en Indochine, mais retournés au pays, elle s'accroche à ce souvenir tandis qu'il a tendance à s'éloigner d'elle sans l'abandonner pour autant. Deux épaves qui essaient aussi de se sortir, chacun à sa manière, d'une situation économique peu enviable. Or, jamais ce réalisateur ne cède aux facilités du misérabilisme en trouvant le juste équilibre, notamment grâce à la force de caractère de cette jeune femme (admirablement interprétée par Hideko Takamine, l'égérie de Naruse) que l'on suit en premier lieu, qui s'accroche à la vie tant bien que mal, et représentée par une ascension sociale en dents de scie (parfois en participant à des activités sordides comme d'aider à tenir une secte), tandis que ce qu'elle subit par ailleurs est subtilement introduit, souvent en hors-champ ou en non-dits. Se dégage aussi un sentiment de mélancolie de ces images, figuré par un rythme cotonneux où le temps s'étire de manière rarement ennuyeuse, ainsi qu'une certaine beauté de ces lieux désaffectés, comme cet appartement configuré comme un petit palace et donc à l'image de ce qu'ils ont vécu ensemble, bien mis en valeur par un sens maîtrisé du cadre et de la composition de plan (une habitude dans le cinéma nippon durant ces années 50-60).

Certes, Naruse met toujours l'emphase sur son personnage féminin (comme la plupart de ses films) qui ne désespère jamais en cet amour malgré les nombreux mensonges, le cynisme, et le pragmatisme froid de cet homme à femmes ne ratant ainsi aucune occasion pour la décevoir, se montrant néanmoins bon samaritain occasionnel, ce qui pourrait apparaître comme une facilité dans le traitement. Mais son regard sur la durabilité des sentiments malgré tout ce qui peut arriver (la situation familiale, sociale, économique, géographique), véritable noyau du film, est toujours très juste et pertinente, en jouant sur les oppositions, mais aussi avec les circonstances, et le caractère de chacun, de façon à rendre plausible et de nourrir une relation pour le moins ambiguë et complexe. Par ailleurs, le dernier plan, d'une tristesse infinie, finit par convaincre de la beauté de cet amour où tout était possible, mais gâché et perdu par les affres du temps, un contexte peu favorable, et l'égoïsme d'un homme qui ne s'est jamais remis de la défaite de son pays.

Une nouvelle perle du drame social et sentimental que je découvre, et qui incarne exactement ce que j'attends du genre, à la fois profond et équilibré dans sa manière de procéder.

Note : 8/10
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Film: Nuages flottants
Note: 8/10
Auteur: Mark Chopper

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