[Dunandan] Mes critiques en 2014

[osorojo]

Plus que leur côté atmosphérique, je leur retiens plutôt Sheri Moon comme lien commun

[Dunandan]

Le kid, Charlie Chaplin (1921)

Quelques pas derrière mes C. Chaplin préférés comme Les temps modernes ou Le Dictateur, l'affect nostalgique peut jouer car étant fan de son oeuvre très jeune, c'est l'un de ceux que je connais que j'ai le moins vu. Mais ça reste un film que j'aime beaucoup. Très court, pourtant dès la phrase introductive se met en place l'essence de son cinéma, du cinéma tout court : un sourire, et peut-être une larme. Or, Chaplin était un génie pour tirer de la misère sociale une poésie visuelle, un message moral, et surtout une simplicité qui touche immédiatement. Avec une scène très grave comme l'abandon d'un enfant, il arrive à en tirer un comique de situation très amusant et dynamique, et c'est avec la même inventivité et rythmique maîtrisée qu'il crée des séquences mêlant habilement comédie et drame, avec une capacité à tirer le maximum de l'image et de l'espace (par exemple, la main du policier ou du voleur qui se confond avec la silhouette du vagabond, ou le policier qui, en un seul plan, comprend le lien qui unit ce dernier et l'enfant au cassage des vitres).

Mais l'émotion qui émane de ce film repose avant tout sur la relation réussie entre l'enfant et le vagabond, très complices (le gamin transmet beaucoup de choses, voire déchirantes lorsqu'on l'arrache à son père adoptif), et la bande musicale classique qui souligne le rythme de l'action ou les sentiments - de manière parfois un peu trop mélo - éprouvés par les personnages (ce qui permet de compenser un jeu d'acteurs parfois limité). Pour chipoter, ces derniers reflètent un peu trop les tics du cinéma muet de l'époque avec le gros barbu méchant, le policier, ou la clocharde qui, une fois devenue riche, donne ses sous aux pauvres avec compassion. Malgré tout, ce sentiment d'un autre temps, tout charmant soit-il, s'estompe devant une belle diversité de situations auxquelles ils sont confrontés, arc-boutées autour du Kid et de Chaplin et de leur débrouillardise de la vie.

Bref, un sacré morceau de cinéma comptant moult scènes marquantes et mémorables, et une fin remplie à ras bord d'optimisme conciliant les extrêmes (richesse et pauvreté, justice morale et justice judiciaire), qui ne m'a pas touché autant que je l'aurais voulu. Mais c'est quand même du Chaplin tout craché comme j'aime.

Note : 8/10

[zack_]

Un des films les plus émouvant du maitre! Et la musique putain c'est un truc de malade ce film!

[Dunandan]

Les bronzés, Patrice Leconte (1978)

Comédie franchouillarde archi-culte annonçant péniblement les années 80, hé ben mince comme ça vieillit mal ce truc. Mal rythmé, musique ringarde, pas très drôle, scénario bancal, on suit l'ancienne équipe du Splendid qui atteint ici un sommet du mauvais goût et du kitsch vestimentaires (les maillots de Clavier, c'est du grand art), comme les membres du Club Med où l'intrigue se déroule. Ils sont d'ailleurs tous chelous, acteurs et figurants. L'intrigue ? Des mecs pitoyables qui passent leur temps à arranger leur plan cul. Mais heureusement qu'il y a Jean-Claude Duss (Michel Blanc incarnera d'ailleurs longtemps ce type de personnage) qui rapporte des points, juste excellent en célibataire endurci qui aimerait baiser mais qui est juste trop moche, pathétique, et finalement assez drôle. Malgré tout on s'emmerde pas trop, et on regarde d'un oeil un peu coupable certaines scènes qui ont bercé notre jeunesse avec des acteurs assez sympathiques qu'on revoit ici tout jeunes, même si on se croirait bien souvent devant une vidéo des vacances du voisin. De souvenir sa suite est meilleure.

Note : 4.5/10

[Dunandan]

Un des films les plus émouvant du maitre! Et la musique putain c'est un truc de malade ce film!

Théoriquement oui, mais je suis bien plus touché devant les Temps modernes ou Le dictateur . Mais ouais un très beau film, et il serait presque inhumain de le détester.

[Dunandan]

AI, Steven Spielberg (2001)

Revu considérablement à la hausse depuis que je l'ai vu au ciné, ayant le souvenir d'une première partie parfaite (jusqu'à l'abandon de David dans la forêt), et d'une suite en route libre avec une fin ambigüe et décevante. Je redécouvre ce film avec de nouveaux yeux, qui m'apparaît désormais comme un chef d'oeuvre de la Science-fiction, rassurant la place de Steven Spielberg auprès des Wachowski comme tenants actuels du genre. Et si on aperçoit ici et là des traces de la patte de Kubrick, destiné originellement à réaliser IA (un sujet cohérent avec Eyes Wide shut où la question de l'amour d'un enfant se substituerait à celle de la sexualité du couple, et où le regard occupe une place primordiale), Spielberg a repris le projet en l'intégrant totalement à sa vision personnelle. En effet, ce cinéaste (dont j'admire d'ailleurs la progression personnelle, hanté par les mêmes questions dans ses films), interroge différemment un thème qui lui tient à coeur, à savoir la cellule familiale décomposée, par un nouveau prisme rappelant Blade Runner, celui de la robotique. Comme si le film de Spielberg était une réponse au film de Ridley Scott, où la quête de l'enfant David (la fée bleue) remplaçait celle de Rick Deckard (la Licorne).

Or, en dépit d'un sujet riche et complexe, Spielberg nous offre ici une oeuvre limpide de bout en bout, préférant un langage symbolique et visuel aux dialogues sur-explicatifs (sans négliger leur qualité pour autant) qui nous invite à interroger notre rapport au réel et au factice, avec un fil directeur simple et profond à la fois : une machine artificielle est-elle capable d'aimer ? C'est quoi un enfant, un parent ? Et le rapport de la création au créateur ? La première partie (la plus Kubrickienne dans l'âme), prenant la forme d'un huis-clos exceptionnel, est déjà une belle mise en bouche de cette expérience où l'on découvre la difficulté d'être parent d'un enfant aussi différent et semblable à n'importe quel autre (surtout lorsque la jalousie et la méchanceté légendaires des enfants sont de la partie). La suite n'est rien moins qu'une traversée du véritable monde (opposé au cadre artificiel du foyer familial lentement gangrené de l'intérieur) à la manière du Magicien d'Oz (pour la simplicité de son itinéraire, ses pièges, et son parcours initiatique), où la marque inaltérable de l'amour d'une mère pour son enfant prend la forme d'une aventure à la manière d'un conte merveilleux (au double sens, à la fois désenchanté et dépaysant). L'une des grandes forces du récit est donc sa simplicité narrative, mais où le sublime Level design (ces décors éclatants de lumière qui contrastent avec la triste et froide réalité humaine victime d'une violence galopante ; le look de ces robots qui, malgré leur état de décomposition avancé, laisse échapper des visages étrangement humains) en démultiplie l'impact et le sens.

Enfin, AI est un concentré d'émotion. L'équilibre idéal entre divertissement et réflexion. Entre image, musique, et message. Une perfection formelle digne de Kubrick où miroirs et figures géométriques, marqueurs identitaires par excellence, occupent une place de premier choix. Il fallait aussi un excellent casting pour nous faire croire à cette relation ambiguë entre humains et robots, et c'est le cas. En tête, le talentueux Haley Joel Osment, bluffant dans la peau de cet étrange enfant-méca, à la fois spécial, inquiétant, et attachant, qui passe énormément de choses uniquement par son regard. Puis Jude Law, très classe en robot de l'amour, avec ses petites danses ou mimiques inspirées de la comédie musicale ou de crèves-coeur tels qu'Elvis. Comme ce nounours robotique qui est plus qu'un jouet, ils parviennent à transmettre cette humanité qui manque cruellement aux humains eux-mêmes, tout en rappelant constamment leur facticité et leurs limites par des détails. Le dernier acte (plus pessimiste que dans mes souvenirs) n'en est que plus émouvant, lorsque les humains/créateurs ont laissé place à un nouvel ordre autonome (non ce ne sont pas des extra-terrestres), qui décide de rendre hommage une toute dernière fois à ce qui leur manque désormais, cette fragile humanité, en réalisant le rêve pour cet enfant de revoir sa mère. La boucle est bouclée.

Une superbe révision spielbergienne du conte de Pinocchio. Plus qu'un film de SF, un divertissement limpide à la fois merveilleux et brillant sur l'amour d'un enfant pour sa mère, avec ses désirs, ses rêves, et ses angoisses.

Note : 9/10

[Dunandan]

Je crois c'est l'une de mes plus grosses révisions (j'étais autour de 5). Juste un mot sur l'image du BR : magnifique

Et comment j'ai pu croire que c'était des E.T. à la fin

[francesco34]

jolie critique, j'adore ce film également...
Et c'est clair que si on interprète les êtres de la fin comme des aliens et non comme l'évolution ultime de l'IA qui a succédé aux humains ça change tout le sens. Y'a eu beaucoup de confusions à ce sujet et qui ont nui à ce dernier acte un peu long mais très émouvant.

[Waylander]

Je ne vois pas vraiment en quoi ça change le sens ET ou évolution de l'IA...Les deux ne changent rien au film. Et le sens demeure. D'ailleurs, je vois pas trop ce qui nous dit que c'est l'IA en fait. Ça ressemble bien plus à des ET. Ce qui me semble logique vu que tout est détruit, il n'y a plus rien, c'est la fin du monde, comment les robots auraient survécus ? Je vois justement le petit garçon comme l'ultime espoir...

[Alegas]

Bah il y a plein d'indices qui laissent penser que c'est des IA. Déjà parce que pendant tout le film on te rabâche qu'un jour le robot prendra le pas sur l'humain, car il a la capacité d'être immortel, mais aussi parce qu'ils arrivent tout simplement à se connecter à David, à lire ses systèmes électroniques par le simple toucher.

[Waylander]

Exact.

[francesco34]

Le look peut prêter à confusion mais bien sûr que c'est des I.A.
peut-être aussi parce que jamais dans le film on ne mentionne de vie extra-terrestre ou sa possibilité. Et là pouf ils débarqueraient comme ça à la fin, ce serait un peu tiré par les cheveux...
et puis bon comme dit alegas c'est quand même un peu le sujet du film (le titre c'est A.I. pas alien), la survivance de ces I.A. qui seront le dernier leg de l'humanité. Et qui finalement sont en quête de leur origine et leur créateur. Une nouvelle forme de vie, engendrée par l'homme, a hérité de la Terre et la peuple à son tour... moi je trouve que ça change le sens par rapport à si ça avait été des aliens qui débarquent juste pour exhumer un petit robot congelé...

[Waylander]

Bah justement, le film ça traite des formes de vie , humain, robot, et je trouvais ça logique ce final avec des ET qui ont repris la Terre après les humains et exhument le robot afin de récolter des informations pour ensuite découvrir ce qu'il est, ce qu'il veut et lui offrir.

Quand tu vois l'état de la Terre dans le film, ce que subissent les méchas (qui ne sont pas immortels) je me dis " comment les méchas auraient pu continuer à survivre ?". En fait, pour moi, méchas et humains ont disparus et des ET ont découvert la Terre.

Mais effectivement ce sont des IA , je trouve ça vachement confus quand même le design très organique.
Mission to Mars on se tape bien un ET à la fin alors que le film n'a rien à voir avant tout ça. Et j'aime les surprises de ce genre, le titre n'annonce rien , ni le résumé et PAF à la fin tu as des ET ou Dieu

Pour le moment , je kiffe toujours l'idée des ET...Humain, mécha, ET. Le chemin logique.

[francesco34]

tiens une autre analyse intéressante, j'en quote un bout:

L’ironie voudra que l’Homme se prenant pour Dieu engendrera lui-même son propre successeur. L’épilogue tant controversé viendra confirmer l’hypothèse que le jeune héros a été le premier d’une nouvelle lignée de super-mécas, le design des robots du futur (en aucun cas des extraterrestres comme certains ont cru) étant calqué sur le logo de Cybertronics et sur la première apparition de David dans un raie de lumière. Les êtres humains n’ont pas pu s’adapter au changement de climat et les machines les ont remplacés. Le cycle de la vie continue quoiqu’il arrive, Spielberg insistant bien là dessus en reprenant à son compte le symbole cher à Kubrick du cercle (l’arène de la Foire aux Chairs, la grande roue emprisonnant la navette amphibie…). Dieu a crée l’Homme, l’Homme a crée les méchas…

c'est extrait de ce site.

[Waylander]

Faut balancer ça partout parce que sur le net la tendance générale c'est "ET"