Synopsis: Calvin est un romancier à succès, qui peine à trouver un second souffle. Encouragé par son psychiatre à écrire sur la fille de ses rêves, Calvin voit son univers bouleversé par l’apparition littérale de Ruby dans sa vie, amoureuse de lui et exactement comme il l’a écrite et imaginée. Quirky, messy women whose problems only make them endearing are not real. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je revois ce film surement pour la cinquième ou sixième fois en trois ans et c’est pour moi la RomCom la plus importante des années 2000. Alors oui Eternal Sunshine de Gondry était déjà passé par la mais la ou Ruby Sparks est plus intelligent c’est qu’au contraire du script de Kaufman, Kazan embrasse complétement son genre pour mieux le retourner de façon subtile.
Car oui Ruby Sparks comme Eternal Sunshine est une formidable étude sur les Manic Pixie Dream girl et les dérives qu’elles ont engendrés dans le cinéma actuel, à tel point qu’elles ne sont devenus au fils des années qu’un simple cliché inhérent au genre.
Dans le film Calvin, le personnage de Paul Dano, écrivain approchant de la trentaine, seul et névrosé va écrire un roman dont le personnage féminin va se concrétiser dans le monde réel.
Dans un premier temps Ruby est tout ce qu’il y a de plus normal, personne à part entière que Calvin va vouloir petit à petit remodeler à l’image qu’il se fait de la fille parfaite, assouvie et dédiée à sa cause, sans jamais y arriver.
Car oui, Calvin a beau être un personnage attachant, il n’en est pas moins une représentation négative mais pertinente d’un certain type de personnage masculin dans le cinéma romantique actuel.
Calvin ira même jusqu’à renier le bonheur de sa mère car ne rentrant pas dans l’idée qu’il se fait de cette dernière, cela va au delà du concept du beau-père qui représente la plupart du temps « l’ennemi », non ici Calvin refuse juste l’épanouissement de sa mère car ne rentrant pas dans ces préceptes.
Ici Antonio Banderas est spontané et proche des gens alors que Annette Bening représentait comme le disait Calvin l’archétype de ce qu’il est, coincé, intellectuel et conformiste.
Il est donc intéressant de noter que les rôles sont inversés, ici Anette Benning a épousé le style de vie de sa Manic Pixie dream girl (Antonio Banderas), chose que n’arrivera jamais à faire Calvin, ce qui le rendra amer vis à vis du couple de sa mère et de sa propre relation avec Ruby.
Kazan va même plus loin en s’en prenant directement au scénaristes des ces mêmes RomCom, souvent masculin. En effet le métier de Calvin est loin d’être anodin et est clairement une représentation de ces derniers, la scéne « you’re a genius » étant la plus importante du lot, scène montrant la proportion du genre cinématographique à montrer l'homme comme le "génie" du récit et la femme comme la marionnette à qui on peut faire tout et n’importe quoi pour la rendre attachante et vulnérable.
Cette scène en plus d’être magnifique et puissante, est un petit miracle au milieu de la production actuelle et se montre d’un glauque assez hallucinant ou l’on voit en cinq minutes toute la manipulation et l’agressivité latente d’un personnage imbus de lui même, explosé au grand jour.
Le duo Kazan/Dano est vraiment excellent, leur couple à la ville comme à l'écran, apportant beaucoup au film, on sent vraiment leur alchimie transpirée et c’est clairement leurs meilleurs rôles en ce qui me concerne.
Le duo Dayton Faris fais un boulot impressionnant à la réalisation comme au montage, la scéne « you’re a genius » étant un grand morceau de cinéma ou l’on atteint une rare symbiose d’une soundtrack, d’un acting et d’un montage au service de son propos.
Un film magnifique, intelligent et nécessaire qui est littéralement ce qu’on pourrait appeler une RomCom crépusculaire et qu'il serait réducteur de considérer comme un énième film du genre.
9/10