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Santa Sangre - Alejandro Jodorowsky
Genre : Thriller/Drame Halluciné
Année : 1989
Nationalité : Italo-Mexicain
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Santa Sangre - Alejandro Jodorowsky
Genre : Thriller/Drame Halluciné
Année : 1989
Nationalité : Italo-Mexicain
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5e réalisation de Alejandro Jodorowsky, auteur atypique s'il en est, Santa Sangre est une œuvre à part. La formule est facile mais convient parfaitement : que ce soit dans sa filmographie ou dans le cinéma en général, difficile d'y trouver des points de comparaisons, et ce malgré la multitude de références et d'inspirations. Pour résumer, disons que c'est un grand-écart entre la science du suspense d'un Hitchcock et le baroque d'un Fellini, sans compter un univers très ressemblant à Browning et une pointe de giallo de temps en temps. Oui, rien que ça !
Toujours dans cette logique de grand-écart, Santa Sangre s'inscrit parfaitement dans la filmographie du bonhomme, tout en tranchant radicalement avec ses premières réalisations. Un début d'explication à ceci réside dans le fait que Jodorowsky, dépité par l'échec de son dernier long métrage et l'avortement d'un projet d'adaptation de Dune, n'avait pas tourné depuis 8 ans avant de s'attaquer à l’œuvre qui nous intéresse ici. Toujours est-il que s'il est encore question de quête initiatique et qu'on retrouve certaines obsessions de l'auteur (notamment le thème du handicap physique), elle est ici soutenue par une intrigue beaucoup plus construite, et elle reste plutôt modérée sur l'aspect métaphorique/ésotérique qui rendait ses premiers films plutôt difficile d'accès.
Construite en 2 temps, l'intrigue principale s'avère à la fois simple (donc claire) et d'une grande profondeur thématique. Elle est portée par 3 protagonistes principaux (le héros, la fille qu'il aime et sa mère), auxquels vient s'ajouter toute une flopée de personnages secondaires plus riches en couleurs les uns que les autres. La première partie présente l'enfance du héros, et prend place dans l'univers du cirque. La deuxième, quant à elle, prend la forme d'un thriller étouffant. Le récit fait parfois des détours, s'attarde sur tel ou tel personnage, mais, chose rare, cela ne se fait jamais au détriment du rythme, impeccable à une catcheuse près. Ajoutez à ceci un nombre assez incroyable de scènes poignantes comme jamais (l'intro, la mort de l'éléphant, les séquences au cimetière, la fin...) et un mille-feuille symbolique particulièrement imposant (quoique rarement imposé : le film se suit tout à fait sans se pencher sur le conflit œdipien qui caractérise le héros, par exemple) et vous touchez du doigt la grandeur de l’œuvre.
Mais ce n'est pas tout, car si le contenu est remarquable, la forme l'est au moins tout autant. Si les premiers films de Jodorowsky étaient déjà loin d'être l’œuvre d'un incapable, il s'est encore perfectionné entre-temps : que ce soit en termes de cadrage, de dynamisme, d'échelle de plans, d'utilisation des couleurs ou de la musique, Santa Sangre s'avère remarquable. Les mouvements de caméra, bien que relativement nombreux, se font discrets et servent parfaitement le récit. Par ailleurs, le réalisateur fait preuve d'ingéniosité lorsqu'il s'agit d'insérer un élément incongru, voire carrément provocateur, pour mieux attirer l’œil et donner au film un caractère farfelu tout à fait charmant (on est TRÈS loin du lourd pensum indigeste, c'est dynamique, vivant, insolent et certains passages sont très drôles).
Je m'arrête là, sinon je n'en finirais jamais, mais cette révision n'a en rien tarit l'admiration que j'ai pour cet OFNI, au contraire : tout ce que j'aime au cinéma est incarné dans ce seul film. Autant dire qu'il figure très haut dans mon panthéon personnel.
En bref :