Police fédérale Los Angeles 10/10Après avoir revu il y a peu le meilleur polar français (
la balance pour rappel), je me devais d'enchainer sur son pendant américain. Pièce majeure de la filmographie du grand William, Police Fédérale n'a rien perdu de sa superbe.
Et pourtant de prime à bord, il fonce tete baissée dans les pires clichés du genre, le tout agrémenté de la partition avariée de Wang Chung (
splendide générique, malgré tout). Buddy movie, coéquipier à venger, héros borderline, méchant insaisissable, jean collé aux burnes, le film ne rassure pas. Et pourtant dès les premières minutes, on sait très vite que le grand Bill va dézinguer tout cela en mettant tout son petit monde au coeur d'une histoire aussi simple que noire sous bien des aspects. Pas de traitement de faveur pour la tete d'affiche puisque le héros n'est qu'un beauf pas très sympathique (
le traitement de son indic) mue par une connerie abyssale sous prétexte de vengeance. En effet, William Petersen les accumule et s'enfonce au fur et à mesure d'une vendetta, dont finalement tout le monde se fout. Et c'est là que le roublard William s'éclate en engluant son binome dans une merde insondable. Il tord ainsi le cou aux clichés du genre avec un pitch simplissime prétexte à lacher autant de punchlines que de séquences dantesques (
évidemment la poursuite aussi gratuite que démente). Le traitement du bad guy confère également une aura particulière au film. Sortant des sentiers battus, il apporte une ambiguité inédite autant dans ses rapports que ses projets. Willem Dafoe livre une performance de premier ordre, tout en rage contenue. Et puis que dire du final? Claque phénoménale, culot démentiel... Je reste toujours autant sur le cul d'un tel dénouement. Nihiliste et roublard (
le changement de John Vukovich et sa réplique finale...), Police Fédérale boucle son cycle de violence en ayant pulvérisé le genre auquel il s'attaquait et en menant par le bout du nez tout ceux qui s'attendaient à un très balisé buddy movie.
Lointain cousin de Dirty Harry ou encore de Popeye Doyle, Chance incarne bien la volonté du film de casser les codes, de tout chambouler et de dire merde au système. Avec French Connection, William Friedkin a juste signé les deux meilleurs polars ricains de l'histoire. Il me reste plus qu'à revoir le meilleur du continent asiatique (
Infernal affairs) et la boucle sera bouclée!