Les fils de l'homme 9.5/10
Après avoir injecté une bonne dose de noirceur chez Harry Potter, Alfonso Cuaron s'attaque au récit d'anticipation.
En adaptant le roman des Fils de l'homme, il opte pour un univers crasseux, dépressif et au bord de l'implosion. Ce futur là file la pétoche tant il peut sembler proche et probable à la fois. Et plutôt qu'un drame à grande échelle (son enveloppe de 75 millions pouvait le permettre), Cuaron fait le choix judicieux de suivre un homme usé et lassé crystalisant ainsi le mal etre ambiant et sa perte de repère. Sur ce point là, le film réussit son pari arrivant à nous miner et à faire en sorte que nous subissions l'horreur des situations que Clive Owen (excellent de fragilité) rencontre. Et comme pour marquer un peu plus, le réalisateur cède à ses excès de technique nous gratifiant de plans séquence immersifs démentiels. Je n'avais pas ressenti l'urgence des évènements depuis le Ryan de Spielberg. Il m'est difficile d'aller plus en avant puisque ce film fait partie de ces expériences cinématographiques ou une tonne d'émotions viscérales se télescopent. Ce qui reste fortement appréciable, c'est ce sentiment que la technique n'a pas été utilisé comme poudre aux yeux mais plutôt comme révélateur de l'horreur ambiante.
La grande force des Fils de l'homme est de pouvoir embarquer son public, le mettre au cœur des évènements et l'essorer jusqu'au final déchirant porté par un Clive d'une infinie justesse. A une pétouille près, le film est pour moi une date, un incontournable qui redéfinit les lois du cinéma en injectant, de façon tonitruante, la dimension immersive. Comme quoi, le recours à la 3D n'est pas forcément un truc vital pour vivre et ressentir les émotions.