Les Rivières Pourpres - Mathieu Kassovitz - 2000
A l'époque de sa sortie, on pouvait faire preuve d'un peu d'indulgence à l'égard de ces Rivières Pourpres. Le genre du thriller français était devenu inexistant et Kasso tentait tant bien que mal de livrer une grosse pelloche qui puisse ne pas faire trop tâche face au top ricain du genre. On peut saluer l'initiative surtout que visuellement et en terme d'ambiance, il ne s'en sort(ait) pas trop mal. Mais 15 ans plus tard, on ne retient que les défauts. A commencer par ce script d'une connerie sans nom. Même tiré d'un bouquin de Grangé (on me souffle dans l'oreillette que c'est déjà pourri à la base), il n'y a personne à la barre du scénario. La preuvre flagrante de ces propos saute aux yeux lorsque l'on se penche deux minutes sur la teneur des dialogues. Pendant 90 minutes et avant un épilogue torché à la va-vite bien raté lui aussi, le duo Réno/Cassel ne cesse de répéter la même rengaine:
"Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ce qu'il se passe ici? Je n'y comprends rien!" On n'entend que ça... Réno questionne des experts scientifiques, lesquels n'ont même pas le temps de lui répondre qu'il leur demande de lui épargner les détails, pour repartir sur des pistes toutes plus faisandées les unes que les autres. Le syndrome de la page blanche dans toute sa splendeur. Ils auraient du faire un film muet car là, c'est encore pire que le plus pourri des téléfilms policiers qui pullulent sur les chaînes herziennes l'après midi.
Du coup, on rit. Et pas qu'un peu. Les acteurs sont évidemment tout sauf concernés et on a le sentiment de suivre une intrigue sans queue ni tête. Dommage, car le pitch et le cadre de l'histoire était correct pour assurer un résultat au moins divertissant. Cassel en jeune flic wesh, t'as vu bien ou bien, est perdu et ça se voit. Réno est tout naze, il est juste présent physiquement, comme d'habitude. Farès traverse le film comme un fantôme et j'en passe... Il y a aussi un duo de troufions qui suit Cassel dans la première partie du film, et qui sont toujours là pour casser l'ambiance sérieuse voulue (allez, on va boire un petit ballon! oh et puis si on draguait des bonnes soeurs dans un monastère, tant pis si l'atmosphère de la scène était sensée être pesante). Et puis cette fin... Comme tout le reste, rien n'est écrit alors on noie tout ça sous une grosse avalanche avec des CGI bien moches. Au final, il reste les magnifiques décors naturels, un peu d'ambiance et le beau score de Bruno Coulais. Soit pas grand chose.
3.5/10