Sentiment bizarre mais plus que positif à l'issue de cette suite de 28 jours plus tard. Je ne l'avais pas revu depuis la sortie ciné et contrairement au film de Danny Boyle qui m'a bien déçu alors que je le trouvais très bon par le passé, je lui préfère à présent le film de Juan Carlos Fresnadillo (auteur du sympathique Intacto, mais qui n'a plus rien fait de potable depuis) bien plus réussi à mes yeux. Plutôt que de reprendre bêtement l'histoire là où elle s'était arrêtée avec les mêmes personnages que dans le premier opus, 28 semaines plus tard fait table rase du passé. Et ça commence très fort!
La scène d'introduction marque d'emblée le spectateur au fer rouge. On y voit Robert Carlyle abandonner lâchement sa femme à son triste sort dans une scène à l'impact décuplé par la toujours excellente BO de John Murphy (un peu trop présente dans ce volet, mais quand on aime...). Se pose alors la sempiternelle question: qu'aurions-nous fait à la place du personnage? On se la pose souvent celle-là, mais ici les images sont si marquantes qu'on reste scotché quelques secondes. Un modèle d'intensité dramatique et d'une redoutable efficacité. Ensuite, la situation est simple, l'épidémie qui touche l'Angleterre est en cours d'éradication et la reconstruction est en place. Fresnadillo et ses auteurs en profitent d'ailleurs pour glisser une petite critique, certes pas vraiment originale, de la politique interventionniste américaine.
Evidemment, la zone de confinement sensée être sûre et propice à un nouveau départ pour le perso de Carlyle et ses deux enfants va connaître un regain d'épidémie. Tout part en sucette très rapidement et on peut dire que le rythme du film est des plus trépidants alors qu'on se faisait gentimment chier dans le film de Boyle. Le parti pris esthétique reste le même mais au jeu de celui qui propose la shaky cam la plus digeste (et sans cette DV désagréable du premier), l'espagnol l'emporte haut la main sur Boyle. C'est un peu comme le sketch des chasseurs des inconnus, il y a la bonne (rarement) et la mauvaise shaky. Mais difficile d'en donner les raisons exactes.
Passée son intro démente, le soufflé ne retombe pas pour autant et le script réserve son lot de scènes fortes (les retrouvailles entre Carlyle et sa femme, le sort réservé aux personnages principaux) en dépit d'un déroulement un peu plus convenu, la faute à des facilités scénaristiques qui gâchent un peu la séance. Le film fait un quasi sans faute pendant une heure avant de rentrer gentimment dans le rang dans sa dernière partie. Devenu un infecté, le père semble un peu trop conscient de la situation et échappe beaucoup trop facilement aux bombardements, au gaz et retombe toujours sur la trace de ses gamins.
Je n'avais que très peu de souvenirs du film et le casting a bien de la gueule. On retrouve des acteurs qui sont montés en grade depuis et plutôt concernés dans l'ensemble. Jeremy Renner est très à l'aise dans ses pompes de militaire désobéissant, Rose Byrne fait le taf, Idris Elba est toujours aussi classe quoi qu'il fasse et on a même Harold Perrineau (le narrateur en fauteuil roulant de la série Oz) qui fait un coucou en pilote d'hélico. Je suis un peu plus mitigé concernant les deux jeunes acteurs, un peu trop tête à claques par moment.
Je ne me rappellais plus que le film était aussi gore, surpassant allègrement ce qu'on a vu dans le film précédent. C'est bien craspec et bourrin, on n'est pas floué sur la tripaille. A noter quelques CGI foireux tout de même (quelques plans aériens, la scène de l'hélico...), excusables en raison d'un budget toujours aussi serré. En terme de rythme, c'est le jour et la nuit. L'ennui poli qui s'installe sûrement au fil des minutes dans le film de Boyle laisse ici la place à un rythme débridé. Les 95 minutes filent à toute allure. Dommage que le script soit un peu faiblard à l'approche du terme (c'est vraiment dommageable le passe-droit dont bénéficie le person de Carlyle, plutôt bon et bien flippant sinon) car on tient incontestablement une des plus grandes réussites du genre. Une suite qui, une fois n'est pas coutume, dépasse l'original.