FAT CITY
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John Huston (1972) | 8/10
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Fat city ou l'antithèse de la boxe comme sucess story à l'italienne. En prenant pour point de départ le culte de l'uppercut, Huston véhicule à travers le fort tempérament des hommes qui se les donnent une illustration amère et émouvante de la solitude. Sans tomber dans l’exagération facile, il privilégie, au contraire, le côté très humain de ses personnages et leur quotidien dépressif. L’empathie pour tous ces bougres en quête, non pas de victoire, mais de reconnaissance, nécessaire pour sortir de cette ombre qui plane au dessus de leur vie, est alors immédiate.
Le terrain est préparé, Huston peut dérouler son acide propos, l'illustration poisseuse d’une Amérique peu glorieuse, où l’illusion d’une American Way of Life s’estompe peu à peu. Aussi bien pour Billy Tully, ancien boxeur chevronné qui ne lève le coude que pour s’infliger sa ration d’alcool, que pour Ernie Munger, un natural puncher à l’aube de sa vie qui tente de se révéler aux yeux du monde. Mais le chemin vers la gloire est capricieux et conditionné par un entourage plus ou moins à la hauteur. C’est d’ailleurs bien là que Fat City sait se rendre émouvant. Dans ce regard sans jugement que porte Huston sur tous ses personnages, principaux ou secondaires. Peu chanceux, mais tous volontaires, qu’ils soient acteurs sur le ring, ou conseiller dans le coin, chacun y met de la bonne volonté. Mais ce fond volontaire se laisse trop souvent séduire par le fantasme d'une destinée hors norme, rendue faussement possible, par une compétence souvent surestimée.
Sans en avoir l’air, par son côté contemplatif et ces directs du droit dissimulant son réel propos, Fat city touche en plein cœur, grâce à ses personnages, à Jeff bridge et Stacy Keach notamment, qui trouvent tous deux une harmonie insolente, qui prend toute son ampleur en fin de bobine, lorsque les deux hommes, accoudés au bar, tentent de chercher point d’appui à leurs regards hésitants. Un finish tout en subtilité, dont l’émotion est palpable et le réalisme fait froid dans le dos.
Deux hommes, un même chemin de vie, l’un étant le reflet de l’autre, plus quelques rides, le constat est sans appel. Le générique peut alors dérouler, on est encore dans les cordes.