par osorojo » Ven 19 Déc 2014, 20:14
Non mais même sans parler des acteurs, si l'excès fonctionne dans la trilogie de la haine, c'est parce que Sion Sono ne compte pas que sur l'impact immédiat de ses images. C'est une réflexion d'ensemble, une image plus large qu'il construit. Dans WDYPIH, il livre du clip MTV enchaîné sur 2 plombes. Alors oui, je veux bien essayer de concevoir que ce soit un trip désintéressé, mais j'en doute. Pour moi, dans ce film, j'y vois un réalisateur qui délivre ce qu'on attend de lui, sans prendre de recul sur ce qu'il crée. On sent la pression d'une renommée soudaine, il faut faire du trash, il faut faire du dynamique, des persos qui hurlent et peu importe s'ils font sens une fois réunis à l'image.
Le perso du cinéaste en herbe, pourquoi pas, même si c'est archi vu, ça m'intéresse, mais il faut autre chose qu'un script à boucler en 3 jours, avec 2 coups de fil et une caricature débile du yakuza eiga entre deux passages à tabac. Tout est beaucoup trop premier degré dans ce film à mon sens, il manque à ce capharnaüm la folie contrôlée qui lui donnerait de la densité. En l'état, pour moi, ça reste au niveau de la démonstration visuelle qui tourne à vide. La scène qui a le plus de pep's, c'est cette glissade de la gamine sur du sang. Gros, GROS, impact, à ce moment là, je me dis merde le mec est bien là, je vais kiffer. Et puis, patatra, 10 ans plus tard, j'ai plus rien à dire. On fait quelques poursuites un peu clichetons, une massacre final surchargé en cgi et emballé c'est pesé, on fera juste durer plus de 2h hein, j'ai une répute à tenir ... Et l'histoire d'amour aurait pu être cool, si le perso du mec était un peu développé, là il est tellement mièvre qu'il fout en l'air tout le potentiel de la storyline. Quand il renait d'entre les morts, l'épée dans la tronche, t'as pitié un peu quand même.
Après, je peux comprendre qu'on puisse suivre le trip un peu trop private du mec en prenant son pied, mais moi quand on me fout hors du cercle dès le début, je me sens pas impliqué.