LA BOSTELLA
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Edouard Bear (2000) | 5.5/10
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• CHALLENGE DÉCOUVERTE JUILLET / AOUT 2K14 •
Vu la nature du projet, La Bostella s'appréhende différemment selon qu'on ait, ou non, été spectateur de la petite chronique de Canal dont elle reprend, à priori, personnages et degré variable d'humour. A priori, car je suis complètement passé à côté des tribulations télévisuelles du petit groupe. C'est donc sans à priori, mais aussi, peut être, sans les pré-requis nécessaires, que je me suis lancé à corps perdu dans la piscine vide du film d'Edouard Baer. J'y ai apprécié son habile mélange de sensibilité, qui provoque parfois rire et émotion, même suis, dans le même temps, resté hermétique à son côté très maniéré difficile à cerner.
Peut être est-ce son intention quasi documentaire, son surjeu constant pleinement assumé, ou bien sa volonté de jouer sur l'improvisation, mais il est délicat de trouver l'état d'esprit adéquat pour apprécier La Bostella. Si certains passages fonctionnent, car ils se font l'écho d'une réflexion acide à propos de cette phobie de la page blanche qui touche bon nombre de créateurs, d'autres tombent complètement à plat. En résulte qu'Edouard Baer parvient aussi bien à générer de l'émotion (sa rencontre avec ses parents) qu'il peine à maintenir son cap jusqu'au bout, les 90 minutes semblent parfois un peu longuettes. Preuve de cette navigation sans boussole, sa petite troupe semble complètement perdue, alternant le très bon (le transformiste qui pète son boulard) et l'absurde peu inspiré (la plupart des répétitions).
La Bostella n'est jamais aussi convainquant que lorsqu'il assume son propos, qu'il soit dramatique ou comique. Malheureusement, à force de surfer sur toutes les vagues, à vouloir se faire un peu trop subtil, il noie son poisson avec une efficacité telle qu'on ne sait plus trop dans quel bassin vide repêcher son sourire. Reste que l'ensemble est tout de même un moment de divertissement sympathique, parce qu'il est peuplé de ganaches amicales, mais il verse beaucoup trop dans le "private joke" pour se laisser apprécier pleinement par le spectateur néophyte.