Les exécuteurs de Shaolin Liu Chia-Lang - 1977
Découverte
Clairement ce film ne fait partie de la même catégorie que la trilogie Shaolin du même réalisateur. Réalisé une année auparavant celle-ci, je pense que Liu Chia-Liang manquait encore de maturité dans son style cinématographique: rythme bancal, chorégraphie banale dans l'ensemble (un peu délaissée pour se focaliser sur son apprentissage de la mise en scène ?), cadrage et montage un peu foufou, il fait pas mal d'essais j'ai trouvé, des fois ça marche très bien parfois moins. N'est pas Chang Cheh qui veut, mais ce n'est que son troisième film (sachant qu'à cette époque ça pouvait tourner plusieurs films par an) et il saura être beaucoup plus convaincant sur des films suivants, comme ceux de la trilogie donc, mais aussi comme les 8 diagrammes de Wu-Lang.
Le film commence pourtant plutôt bien avec une belle scène d'intro: un combat entre Pai Mei (le bad guy) et le maitre du temple Shaolin rebelle, sous lumière rouge, plus axé sur une opposition de styles et techniques de kung-fu que sur la violence et la puissance des coups, qui se veulent précis et soignés. La chorégraphie est sympa, la botte secrète de Pai Mei est énormissime
. Pai Mei sort vainqueur du combat, le monastère shaolin est détruit et les disciples s'enfuient puisque pourchassés par l'armée mandchou (les exécuteurs du titre). Là, nouvelle scène d'action puisque Gordon Liu, disciple shaolin révolutionnaire, fera acte de bravoure et de sacrifice (attention les flèches ça pique), pour permettre à ses compagnons de fuir en toute quiétude. Gordon meurt (rapidement donc, ce que j'ai trouvé plutôt inattendu vu la renommée de l'acteur), et nous voilà parti pour une bonne heure d'ennui plus ou moins profond.
En effet, on va suivre sur plusieurs années, voire décennies, la vie du frère de Gordon, Chen Kuan-Tai, qui a soif de venger son frère et son maître et donc de tuer Pai Mei. Mais le bougre n'est pas très pressé, préférant passer de longues années à s'entraîner seul, à perfectionner sa technique du Tigre, à se marier, avoir un fils, plutôt que de s'occuper de Pai Mei. Après quelques années il se décide enfin à passer à l'acte, mais il se fait rosser ridiculement par Pai Mei comme un quelconque combattant, il n'est clairement pas à la hauteur de son maître malgré ses longues années d'entraînement....Donc merci on vient de se taper 15 ans d'entrainement sur 30 minutes pour un combat sans intérêt et sans intensité.
Malgré cette défaite cuisante, le gars il s'entête, reprend l'entraînement et on est reparti pour un tour de 30 minutes à s'emmerder pour qu'au final il retente sa chance mais cette-fois ci il mourra (ouf on échappe au jamais deux sans trois).
Enfin presque, car ensuite c'est son fils qui reprend le flambeau et le désir de vengeance à son compte, mais il est un peu plus malin (malgré son allure niaise et efféminé et son charisme à zéro) car il écoute sa mère et combine la technique du Tigre de son père à la technique de la Grue de sa mère.
Évidemment, l’issue de son combat contre Pai Mei sera cette fois-ci plus heureuse, on n'évite pas le happy end. Heureusement le fight est plutôt bien chorégraphié et intéressant à suivre, il est même trop court je trouve, c'est un peu radin sachant qu'on s'est tapé une heure assez fade.
Bon malgré ce gros point faible de rythme, il y a quelques bons points quand même (en plus de ceux déjà soulignés pour l'introduction et le combat final), comme le charisme évident de Lo Lieh qui incarne Pai Mei. Chaque apparition du personnage en impose, il a des bonnes punchlines, c'est pas souvent qu'on a la chance d'avoir un bad guy qui tient plus que la route, donc il faut le souligner (malheureusement les héros sont en mousse...). La partie entrainement avec la statue et ses points vitaux et les billes, le déplacement des points en fonction du moment de la journée, etc, est innovante et agréable à suivre. Y a du sang et de la violence, pas qu'au niveau des combats, c'est pas édulcoré. Il y a une volonté évidente d'avoir une trame dramatique étoffée (le film ne se contente pas d'avoir juste le thème de la vengeance), l'effort est à souligner mais la volonté ne fait pas la qualité assurément et les aspects comiques, louables également, ne sont pas tous réussis.
Je n'ai pas vu de tonnes de Shaw Brothers et de KFP de l'époque, mais je pense malgré cela et malgré quelques rares séquences réussies, que ce film n'est pas un must-see, juste une étape formatrice et nécessaire à l'affirmation du style de Liu Chia-Liang.
5.5/10
Les hommes livrent leur âme, comme les femmes leur corps, par zones successives et bien défendues.