Même s'il ne fait pas partie de mes acteurs comiques préférés, j'aime bien Will Ferrel qui a su se composer une image tout à tour de connard arrogant et égocentrique ou, au contraire, de grand dadais limite simplet. Son association avec le réalisateur Adam McKay a donné naissance à quelques sympathiques comédies (Ricky Bobby, Frangins malgré eux, Very Bad Cops) pour qui aime goûter à la comédie US actuelle, avec son mélange d'humour gentiment trash et ses improvisations à même le plateau qui résultent en des scènes qui tirent parfois inutilement en longueur. Première suite de la carrière de Ferrell, qui reprend le personnage de Ron Burgundy, synthèse de ses deux facettes , c'est-à-dire un personnage à la fois imbu de lui-même et pas très futé, et muni d'un casting maousse, Légendes Vivantes promettait quelque chose d'assez ultime. Au final, on est très loin du compte.
Il faut reconnaître que Légendes Vivantes comporte son lot de scènes drôles, notamment la relation avec sa patronne black sexuellement agressive, une scène avec sa belle-famille où il sort les clichés racistes les plus éculés, la rivalité avec le personnage de James Marsden (Dick Phuck
) ou la manière dont Ron Burgundy, journaliste incompétent, est décrit comme un précurseur du paysage télévisuel actuel, cherchant avant tout l'audimat quitte à sacrifier l'éthique de sa profession, proposant des programmes vulgaires, exploitant le voyeurisme des spectateurs et leur recherche de sensationnalisme. Mais pour un gag qui fonctionne, on en a trois autres qui échouent à faire rire. Et la blague qui fonctionne le mieux avait déjà été utilisée dans Austin Powers 3 (le personnage qui ne peut s'empêcher de répéter le mot "
mole", remplacé ici par "
black" lorsqu'il découvre la couleur de peau de sa nouvelle responsable).
En effet, Légendes Vivantes fait preuve d'une complaisance de la part d'Adam McKay à filmer des acteurs en roue libre, dont il n'arrive pas à canaliser les improvisations, ce qui aboutit à des scènes franchement embarrassantes, comme le passage où Steve Carrel et Kristen Wiig se mettent à hurler sur une de leur collègue, ou qui durent beaucoup trop longtemps (le "
I'm blind" de Ferrell). Si, malgré ses défauts, le film se laisse regarder pendant ses deux premiers tiers à condition de ne pas être trop exigeant , il tombe dans le ridicule le plus total lors de ses dernières séquences, notamment une bataille entre journalistes absolument pas justifiée, dont le virage dans le fantastique relève du grand n'importe quoi, et qui ressemble surtout à une volonté de Ferrell d'exhiber son carnet d'adresses à l'écran.
Au sortir de Légendes Vivantes, j'ai eu l'impression que Ferrell avait cette fois vraiment fusionné avec son personnage, proposant une oeuvre égocentrique et suffisante, quand bien même il s'agit là de son film le plus faible. Deuxième grosse déception pour Ferrell après Moi, Député.