Millénium, le film, de Niels Arden Oplev (2009) L'histoire : Un journaliste suédois nommé Mikael Blomkvist, en proie à des difficultés professionnelles, enquête sur la disparition de la nièce d'un ancien industriel avec l'aide d'une jeune femme atypique, Lisbeth Salander...L'envie de redécouvrir ce film me taraudait depuis quelques mois... La version de David Fincher, vue cinq fois depuis sa sortie, s'est imposée comme l'un de mes films préférés et je me demandais si, poussé par mon côté
fan boy et un mécanisme de défense, je ne taclais pas l'original un peu trop gratuitement. Je reste sidéré quand certains osent prétendre que ce dernier n'a pas été surpassé et que Noomi Rapace incarne la seule et unique Lisbeth Salander... Bien entendu, je ne vais pas m'étendre sur son simple aspect technique. Il serait malhonnête de s'acharner ainsi sur le long-métrage de Niels Arden Oplev, tourné avec un budget huit fois intérieur à la version américaine. Il est évident que la photographie paraît terne ici et qu'il ne pouvait pas louer les services de Trent Reznor pour signer la bande originale. Dans les faits, pour un film européen récent, le résultat paraît même très correct (de mémoire, ce ne sera pas le cas des deux suites).
Pendant 1h10, les deux films suivent le même cheminement... à quelques variations près. Lorsqu'on lit un roman et qu'on apprécie un personnage, comme ce fut mon cas avec Lisbeth, on se fait son propre film dans sa tête, on crée sa propre représentation. Et je maintiens que l'interprétation de Noomi Rapace me semble monolithique, sans grande subtilité. David Fincher s'est bien réapproprié le personnage et, dans sa version, elle ne paraît pas très éloigné du Mark Zuckerberg de
The Social Network : un être froid en apparence, qui cherche moins à s'intégrer qu'à vivre dans son propre monde... Quitte à rencontrer des difficultés pour nouer des relations. Ici, on laisse de côté la relation fille/père de substitution assez subtile entre Lisbeth et son premier tuteur pour privilégier la peinture d'un personnage en constante rébellion. En outre, la différence qualitative entre l'interprétation de Noomi Rapace et celle de Rooney Mara s'apparente pour moi à un véritable fossé. La scène où elle torture son nouveau tuteur constitue sans doute le meilleur exemple...
Mais les véritables soucis débutent dès que Blomkvist et Lisbeth commencent à travailler ensemble. Le scénario suit le roman à la lettre, l'illustre platement, et l'alchimie ne prend pas entre Noomi Rapace et Michael Nyqvist. Ce piètre acteur ne paraît pas crédible en journaliste idéaliste et séducteur avec son allure de vieux pilier de bar... La scène de sexe qui les rapproche paraît d'ailleurs ici hors de propos et ridicule. L'enquête ennuie et on n'a jamais l'impression de voir les personnages évoluer. Il manque une véritable plus-value par rapport au texte, un point de vue... ce qu'a apporté Fincher à travers la relation Blomkvist/Lisbeth, entre gain et perte de confiance. Si l'on ajoute une conclusion bien trop précipitée (la résolution de l'affaire Harriet Vanger et la chute de Wennerström tiennent du
deus ex machina), on réalise que ce long-métrage tient plus de la transposition paresseuse que d'une véritable adaptation.
Deux scènes toutefois, absentes de la version de Fincher, m'ont touché et restent les seules où Lisbeth Salander / Noomi Rapace s'extirpe de son monolithisme : celles où elle rend visite à Blomkvist en prison et à sa mère à l'hospice. Voilà un film en tout cas qui, à mon sens, ne mérite ni louange ni mépris.
Note : 5,5/10