[Mark Chopper] Mes critiques en 2014

[Mark Chopper]

Girl Boss : Escape From Reform School, de Sadao Nakajima (1973)

L'histoire : Plusieurs délinquantes s'échappent d'une maison de correction et tentent d'échapper à leurs poursuivants...

Voici le cinquième film de la franchise Girl Boss / Sukeban. Cet opus est marqué par plusieurs changements qui, au final, se révèlent regrettables : Norifumi Suzuki abandonne sa chaise de metteur en scène à Sadao Nakajima (il s'agit, fort heureusement, de son unique participation) et Reiko Ike ne figure pas au casting. La belle Miki Sugimoto, quant à elle, tient toujours la vedette. Nous sommes en présence d'un women in prison pantouflard, avec une première partie qui se déroule dans une maison de correction où les "prisonnières" (de jeunes délinquantes) subissent de mauvais traitements (cachot, restriction alimentaire) et une seconde consacrée à la cavale de quelques unes. L'histoire se traîne, manque de péripéties, la mise en scène n'a aucune saveur et l'esthétique de l'ensemble se révèle assez terne. Pire encore : le sous-texte féministe (girl power) habituel du genre semble avoir été jeté aux toilettes avec le scénario. Ennuyant et poussif, Girl Boss : Escape From Reform School me confirme, après l'anecdotique Jeans Blues : No Future avec Meiko Kaji, que Sadao Nakajima ne gagne pas à être connu... Un film qui ne mérite pas que l'on s'y attarde.

Note : 3,5/10

[Mark Chopper]

Les Vingt-quatre prunelles, de Keisuke Kinoshita (1954)

L'histoire : En 1928, une jeune institutrice pleine de joie de vivre est nommée dans un petit village côtier assez isolé. Très populaire auprès de ses douze élèves, elle s'attache à eux et les retrouve au fil des ans...

Un film souvent cité parmi les dix plus importants de l'histoire du cinéma japonais et le chef-d'oeuvre incontesté de son auteur. On y suit une jeune institutrice au fil des ans, ses relations avec les élèves de l'unique classe qu'elle connaît au cours de sa carrière avortée, avant la Seconde Guerre mondiale, pendant et après. Certains d'entre eux connaissent des destins heureux, tandis que d'autres subissent la pauvreté ou meurent au front... Toute l'histoire, ou presque, se situe dans un village isolé, mal desservi par les transports. On voit ainsi qu'une guerre, même lointaine, a des répercussions sur la vie quotidienne de tout un pays. Malgré sa durée de 2h30, le film n'ennuie pas. Keisuke Kinoshita gère bien son rythme et livre un très beau travail formel, avec des compositions de plans inspirées. Les Vingt-quatre prunelles doit beaucoup, en outre, au talent de ses interprètes, adultes comme enfants, tous épatants de justesse. Dans le rôle de l'institutrice, Hideko Takamine, l'actrice fétiche de Mikio Naruse, me confirme tout le bien que je pense d'elle depuis la découverte de Nuages flottants. On regrettera seulement des chansons très (trop) nombreuses et une tendance à virer au tire-larmes dans sa dernière demi-heure (les temps étaient durs, mais le traitement des événements dramatiques vire beaucoup trop à l'essorage de mouchoirs). Ces quelques bémols, toutefois, n'entachent pas ce qui s'impose, à mes yeux, comme un très beau film.

Note : 8/10

[Dunandan]

Merci pour ce joli avis (qui me pousse à découvrir sa Ballade de Narayama ...) Avec Naruse, encore un réalisateur japonais naphta vers lequel je vais me pencher un peu.

[Mark Chopper]

Je pense en mater d'autres dans l'année. 2h30 sans s'emmerder, ça rassure.

[Mark Chopper]

Girl Boss : Diamond Showdown, d'Ikuo Sekimoto (1974)

L'histoire : Keiko Aizawa tente d'assassiner le yakuza responsable de la mort de sa sœur aînée. Après avoir purgé une peine de prison qui l'a endurcie, elle prend la tête d'un gang de délinquantes et son chemin croise de nouveau ce gangster...

Voici le sixième film de la franchise Girl Boss / Sukeban. On sent ici une volonté de la part du studio : revenir aux sources des premiers films, après un cinquième opus qui s'en éloignait et s'était révélé médiocre. Exit Sadao Nakajima donc, qui cède sa chaise de metteur en scène à un nouveau venu. Exit également Miki Sugimoto, qui abandonne la franchise pour de bon. Reiko Ike, en revanche, revient sur le devant de la scène et on retrouve avec elle les éléments de la pinky violence : des femmes oppressées et vengeresses, des hommes animés par les seuls désirs de la chair et de l'argent, des scènes de sexe, de torture... Le cahier des charges est respecté, mais le cœur n'y est plus. Difficile de s'intéresser à cette histoire plan-plan, d'autant plus qu'Ikuo Sekimoto, passée une sympathique introduction, ne fait plus aucun effort. Il faudra se tourner vers des récits plus fous, plus ambitieux et, surtout, des réalisateurs libres d'expérimenter toutes sortes de délires sur le plan formel pour trouver son compte dans ce genre. Nous sommes loin, très loin de La Femme scorpion, Le Pensionnat des jeunes filles perverses ou encore Les Menottes rouges. Ce Girl Boss : Diamond Showdown est à tel point anecdotique qu'il m'a fallu chercher un résumé sur Internet pour me rappeler de son histoire, seulement vingt-quatre heures après l'avoir découvert. A oublier dans l'instant qui suit son générique de fin.

Note : 3/10

[angel.heart]

Et bah... C'est pas avec cette rétro Pinky que tu vas grossir le panorama... ( )

[Mark Chopper]

Je ne mise pas non plus sur le 7e (et dernier) de la franchise ou sur la trilogie Rica.

Peut-être les deux Delinquent Girl Boss. Tu connais ?

EDIT : J'ai acheté un bouquin sur le sujet et vu que le genre n'a duré que 4 ans à peine, on a vite vu l'intégrale du genre, à une demi-douzaine de films non sous-titrés près.

[angel.heart]

Yep, j'ai Blossoming night dreams et Worthless to confess. Mais pas encore vus.

J'ai aussi les Delinquent Boss : Wolves of the city et Ocho the She Wolf. Je sais pas ce que ça vaut...

EDIT : J'ai acheté un bouquin sur le sujet et vu que le genre n'a duré que 4 ans à peine, on a vite vu l'intégrale du genre, à une demi-douzaine de films non sous-titrés près.

Bah ouais. Perso il reste quelques trucs qui m'intéressent. Mais pas évident à choper...

[Mark Chopper]

Yep, j'ai Blossoming night dreams et Worthless to confess. Mais pas encore vus.

J'ai aussi les Delinquent Boss : Wolves of the city et Ocho the She Wolf. Je sais pas ce que ça vaut...

Je découvre les deux premiers bientôt.

Par contre, les deux autres films dont tu parles, ce n'est pas du pinky, mais considéré comme précurseur. Des histoires de jeunes motards sous influence de Roger Corman... Si tu pouvais faire remonter en haut de la pile, ça m'intrigue.

Perso il reste quelques trucs qui m'intéressent. Mais pas évident à choper...

Tu penses à quels titres ?

[angel.heart]

Yep, j'ai Blossoming night dreams et Worthless to confess. Mais pas encore vus.

J'ai aussi les Delinquent Boss : Wolves of the city et Ocho the She Wolf. Je sais pas ce que ça vaut...

Je découvre les deux premiers bientôt.

Par contre, les deux autres films dont tu parles, ce n'est pas du pinky, mais considéré comme précurseur. Des histoires de jeunes motards sous influence de Roger Corman... Si tu pouvais faire remonter en haut de la pile, ça m'intrigue.

Ouais, le style a l'air très proche. J'essaye de me programmer ça rapidement.

Perso il reste quelques trucs qui m'intéressent. Mais pas évident à choper...

Tu penses à quels titres ?

Bah déjà les Terrifying Girls' High School. J'en ai vu que 1 sur les 4. Je ne sais pas ce que valent les autres...

Et puis il y a quelques titres qui m'intriguent :

Bad girl Mako, Violence Sweeper, Sukeban Deka : Dirty Mary, Yakuza convict, Bankaku Rock, Hell's Angels: Crimson Roar...

[Mark Chopper]

Les Terrifying Girls' High School : à ma connaissance, seul le second a été sous-titré (Terrifying Girls’ High School - Lynch Law Classroom aka Le Pensionnat des jeunes filles perverses). Donc, c'est mort.

Ensuite :

- Bad girl Mako : jamais entendu parler.
- Violence Sweeper (aka Black Leopard M) : seulement dispo en VO. Jamais sous-titré, ni en version officielle, ni en Albanie ni en bootleg.
- Sukeban Deka : Dirty Mary : Même pas sûr qu'il soit dispo en DVD au Japon.
- Masahide Shinozuka : idem.
- Bankaku Rock aka Ranking Boss Rock : seulement dispo en VO. Jamais sous-titré, ni en version officielle, ni en Albanie ni en bootleg. Grosse réputation par contre, dommage.
- Hell’s Angels: Crimson Roar : Idem.

Donc on est au-delà du difficile à choper. Il faut carrément devenir bilingue

[angel.heart]

Bah ouais, c'est la misère. M'enfin, j'ai quand-même ce qu'il faut en stock. C'est peut-être pas la peine de vouloir jouer les complétistes, si c'est pour avoir l'impression de voir 30 fois le même film...

[Mark Chopper]

Ils finiront pas être sous-titrés pour nos vieux jours, ce sera sympa

[angel.heart]

Bah ouaip. Et puis c'est bien aussi de ne pas tout découvrir trop rapidement.

[Mark Chopper]

Bonjour, de Yasujirô Ozu (1959)

L'histoire : Deux enfants aiment s'arrêter chez un couple de voisins en rentrant de l'école, afin d'y regarder la télévision. Pour protester contre leurs parents qui refusent d'en acheter une, ils entament une grève de la parole qui va provoquer de nombreuses incompréhensions dans le voisinage...

Second film en couleurs de Yasujirô Ozu après Fleurs d'équinoxe, Bonjour surprendra le spectateur qui ne connaît du cinéaste que son image austère, du fait de son humour constant. Basé sur des quiproquos et des blagues à base de pets (oui, oui...), cet humour rend ce film plus accessible que d'autres de son auteur, bien plus réputés, comme Printemps tardif et Voyage à Tokyo. Cette surprise mise à part, nous sommes bien chez Ozu, tant sur le fond (un conflit parents/enfants, lié ici à la peur du progrès, et une histoire d'amour traitée avec pudeur) que sur la forme (caméra statique, "plans tatami", dialogues prononcés face caméra, majorité des scènes tournées en intérieur). Incontestablement la porte d'entrée idéale pour ceux qui souhaiteraient se frotter à son univers, du fait de sa courte durée (comparée à celle de ses autres classiques) et de sa légèreté... A titre personnel, à défaut de me captiver, sa filmographie continue de m'intriguer du fait de son immense postérité. Le mangaka Jirô Taniguchi, dont je suis fan, a par exemple suivi une évolution assez proche de celle d'Ozu : sous influence américaine à ses débuts (notamment à travers les genres abordés), il n'a jamais cessé d'épurer son style au fil des ans, de le rendre plus sobre, pour tendre vers une certaine universalité. Difficile, par conséquent, lorsqu'on s'intéresse à la culture japonaise sous toutes ses formes, de ne pas se lancer dans la découverte des films du plus estimé de ses cinéastes.

Note : 6/10