Why Don't You Play in Hell ?, de Sion Sono (2013) L'histoire : Muto et Ikegami, deux chefs de clans yakuzas, se font la guerre depuis plusieurs années. L'un tente de réaliser le rêve de son épouse en imposant leur fille sur le tournage d'un film, tandis que l’autre est amoureux de cette dernière...Longtemps ignoré, Sion Sono a fini par se faire remarquer avec
Love Exposure,
Cold Fish et
Guilty of Romance. Son œuvre, jusqu'ici confidentielle, a alors été davantage diffusée en salles et en DTV, notamment en Europe... Problème : cette même œuvre a commencé à tourner en rond, avec
Himizu, film qui voyait le cinéaste prisonnier de certains
gimmicks, au point de tourner à l'auto-parodie agaçante et épuisante (des personnages hystériques qui ne cessent de hurler et de gesticuler pendant deux heures, de la musique classique tartinée en dépit du bon sens sur les images pour véhiculer des émotions). Et ce n'est pas
The Land of Hope, drame post-Fukushima soporifique qui ressemblait moins à du Yasujirô Ozu (auquel il a été parfois comparé) qu'à une tentative maladroite et opportuniste de draguer davantage de reconnaissance, qui allait rassurer.
Why Don't You Play in Hell ? marque son retour à un cinéma de fou furieux, avec ses personnages en quête d'identité et d'amour : des yakuzas qui s’entre-tuent, des cinéastes soucieux de réaliser leur premier film et une jeune femme irrésistible, objet de toutes les convoitises... On peut considérer ce film comme une déclaration d'amour au cinéma, une évocation des sacrifices que l'art exige dès lors que l'on souhaite lui consacrer sa vie. Mais au-delà du fun, tout ceci reste superficiel à l'écran et la note d'intention jamais dépassée... Le cinéaste fait dire et répéter à l'un de ses personnages qu'il souhaite réaliser un chef-d'œuvre, mais ne transforme pas l'essai : le traitement des post-adolescents n'atteint jamais ici l'intensité de celui de
Love Exposure et les yakuzas caricaturaux, qui semblent échappés d'un film de Ryûhei Kitamura, deviennent vite fatigants.
Ce film divertit, mais il martèle son thème (l'amour) par le biais d'une métafiction hystérique plutôt que de jouer la carte d'un premier degré qui se serait révélé plus efficace (comme dans la trilogie de la haine). En résumé : du Sion Sono en mode sale gosse narcissique qui cherche à tout prix le culte.
Note : 5/10