The Sunset Limited - Tommy Lee Jones (2012)
Adapter du Cormac McCarthy au ciné c'est chaud, à part les Coen, tout le monde s'y casse les dents, je partais néanmoins confiant avec The Sunset Limited qui a le mérite d'être mis en images par Tommy Lee Jones. Pourtant dès le départ, on comprend vite que Jones va reprendre le texte de McCarthy sans rien retoucher et en rester dans sa logique de huis-clos existentialiste un chouia trop théorique à mon goût : autrement dit, un professeur blanc dépressif et un ouvrier noir guidé par la foi qui vont déballer leurs quatre vérités sur la Vie dans un appartement new-yorkais miteux. Dit comme ça, c'est tentant mais c'est sans compter l'écriture trop imagée de McCarthy qui me sort à plus d'une reprise du film donnant a Samuel L Jackson des discours de Bac+5 alors qu'il est dépeint comme un prolétaire. Pourtant, de temps à autre, j'ai senti plus de modestie, de cohérence avec des dialogues moins théâtraux (essentiellement des tranches de vie racontées) qui rendent le film plus interessant à suivre.
Au final, je pense que Jones aurait mieux fait de prendre des libertés, quitte à rendre le film moins percutant par instants et privilégier un tempo homogène. C'est d'autant plus dommage que The Sunset Limited réussit sans mal où Cartel par exemple a lamentablement échoué, sur la mise en scène qui refuse les couloirs de dialogues en champ/contre-champ, ici le moindre recoin de l’appartement est exploité pour faire varier l'action, la rendre mouvante sans en avoir l'air et donner ainsi une énergie quasi-imperceptible au film.
Un sentiment mitigé donc devant ce film plein de qualités, mais qui s'est perdu en voulant rester trop fidèle a son matériau théâtral, dans un registre similaire mieux vaut revoir Edmond de Stuart Gordon, autrement plus convaincant et abouti dans un exercice similaire.
6/10