Saisons : 3 - Episodes : 61 - Statut : arrêté en 2008
Série créée en 2005 par M.D.Dimartino
Format : 24 min. - Genre : Animation - Nationalité : USA
Synopsis : Dans un monde totalement différent du notre, quatre nations vivent en paix. Chacune de ces nations maintient l’équilibre des choses, et dépend d’un élément : l’air, l’eau, la terre et le feu. Tous les habitants ne maitrisent pas forcément l’élément en question. En fait simplement une minorité deviennent des maitres de leur élément.
L’Avatar est le seul humain au monde à avoir la capacité de maitriser les 4 éléments. Son rôle transcende l’appartenance à une tribu, il est un guide et un garant de la paix, une sorte de chevalier Jedi unique. Cet Avatar, à sa mort, se réincarne dans un nouveau-né d’une autre tribu. Ainsi il y a un cycle et chaque nouvel Avatar appartient à une nation différente. Lorsqu’il apprend qui il est, il doit partir en pèlerinage trouver des maîtres qui lui enseigneront les maitrises des éléments autres que le sien d’origine.
Après la mort de Roku, précédent Avatar issu de la nation du feu, le Seigneur du feu Sozin profite de l’absence d’opposition pour envahir le monde et imposer ses vues totalitaires de suprématie. Quelque part dans la tribu de l’air nait le nouvel Avatar, Aang. Quelques années plus tard, Sozin qui tire alors sa puissance du passage d’une comête, décide d’anéhantir tous les maitres de l’air pour érradiquer la menace que représente à terme le nouvel Avatar. Mais Aang, alors âgé de 12 ans, ignorant de ces plans, avait fui sur son bison volant Appa car cette charge d’Avatar lui semblait trop lourde à porter. Il se retrouve prisonnier des glaces du pôle sud et congelé…
Un siècle plus tard, la nation du feu domine presque le monde entier, quelques bastions de l’eau et de la terre résistent encore, mais pour combien de temps ? Le nouveau seigneur du feu, Ozai, un descendant de Sozin, entend gagner définitivement cette guerre.
Au pôle sud, deux jeunes frère et sœur de la tribu de l’eau, Sokha et Katara, retrouvent Aang congelé. Celui-ci revient à la vie avec Appa, mais il a toujours 12 ans et a raté un siècle de guerre et l’extermination de son clan : il est le dernier maitre de l’air.
Avec l’aide de Katara, elle-même maitre de l’eau ayant tout à apprendre, et de son frère Sokha, Aang, déjà grand maitre de l’air, va partir en quête à travers le monde afin de maitriser les 3 autres éléments, et s’opposer au Seigneur du feu.
Commence alors une épopée riche en rebondissements, amitiés, trahisons, découvertes, mystères et magie.
La série :
crée par Michael Dante Dimartino et Bryan Konietzko pour la chaine de cartoons Nickelodeon, cette série comporte 3 saisons et 61 épisodes d’environ 24 minutes. Difficile d’y voir une série américaine, tant absolument rien d’américain y transparait. Graphismes, personnages, cultures, mais aussi philosophie, univers, religion, rapports à la nature… tout y est très asiatique. Prendre Avatar pour un manga est donc une erreur tout à fait pardonnable.
Mon avis :
C’est à cause de l’imminence de la sortie de l’adaptation ciné signée Shyamalan que je me suis interressé à la série d’origine. Bien m’en a pris. J’ai découvert avec stupéfaction une série d’une qualité que je n’aurais pas imaginé. Et je comprends maintenant ce qui a pu séduire Shyamalan dans cet anime, d’une grande densité et complexité.
Chaque saison se concentre sur l’apprentissage par Aang d’un nouvel élément. D’abord l’eau, puis la terre, et enfin le feu. Mais la série n’est pas aussi simpliste. Les aventures de Aang le conduisent à travers le monde et sont prétextes à nous faire découvrir un univers riche et passionnant, plein de gens attachants, de coutumes et traditions, de légendes, de mystères, d’animaux… le tout empreint de philosophie orientale.
Aang est d’un caractère naturel très jovial, insouciant, joueur… bref, il a douze ans. Et il mettra un bon bout de temps avant de réellement accepter la charge qui lui incombe. Mais au-delà du personnage central, c’est l’ensemble des personnages qui sont intéressants, même les méchants. Tous ont des défauts, des faiblesses, du courage, des centres d’intérêt qui leurs sont propres. Le soin apporté à l’ensemble du « cast » est une des grandes forces de la série. Ainsi quand on quitte Aang pour se concentrer sur d’autres personnages, cela reste toujours aussi passionnant. Evidemment le petite Katara arrive en tête des personnages attachants, mais on fini par se prendre d’affection aussi pour le bison volant Appa ou le lémurien Momo !
La saison la plus forte, la seconde, est captivante de bout en bout. Un nouveau maitre pour Aang y fait son entrée, Toph, une petite fille aveugle, surprenante et très puissante maitre de la terre, qui n’a de petite fille que l’aspect (et encore !). Les personnages se complexifient et se densifient. Dans cette série issue du pays de Disney, ce qui m’a le plus surpris, c’est l’absence de manichéisme. La nation du feu est certes belliqueuse, mais elle est elle-même sous l’emprise d’un fou dictateur, et ses habitants profonds souffrent aussi de cette guerre et ne la souhaitent pas forcément. De même d’autres nations qui s’opposent au feu ne sont pas exemptes de tout reproche, et l’on s’aperçoit par exemple, que le bastion de la terre Ba-Sing-Se est aussi un régime tyranique caché, avec enlèvements et police secrète !
Les personnages eux-même souffrent de nombreuses félures, leur détermination est parfois ébranlée, et même l’Avatar est empli de craintes et de doutes.
Les méchants aussi ont droit à leur lot de complexité, que ce soit le jeune prince en exil Zuco, qui chasse l’Avatar avec rage et persévérance au fil des saisons dans l’espoir de retrouver son rang et son honneur, ou son mystérieux oncle Hiro qui l’accompagne, veille sur lui, et lui apporte un contre-point moral. Sans compter dès la saison 2 l’apparition de la perverse, ambitieuse et surpuissante sœur de Zuco, et de ses deux accolytes tueuses. La compétition est rude, même entre ennemis, et les luttes intestines de pouvoir ou de gloire sont ici monnaie courante.
Le soin apporté à l’ensemble de ces personnages est une des plus grandes forces de la série, qui puise au plus profond et exploite un large spectre de sentiments, de l’hilarité au désespoir, de l’amour à la haine, de la confiance au doute… Qu’ils soient dans un camp ou l’autre, les personnages ont aussi leur lot d’histoire d’amour, et c’est assez surprenant de les voir très ouvertement exprimer leur amour en s’embrassant dans un dessin-animé de cette nature.
Niveau réalisation et graphismes, là-aussi la série a de grandes qualités. L’animation est de toute beauté pour ce format, les combats chorégraphiés avec talent. Les décors sont souvent magnifiques et extrèmement variés, car c’est un tour du monde complet auquel on aura droit sur trois saisons. A noter qu’un des principaux réalisateurs de la saison 1, Dave Filoni, est l’homme débauché par Lucas ayant réalisé The Clone Wars. Nul doute que son travail sur Avatar n’y a pas été pour rien.
L’humour tient une grande place dans la série, et beaucoup de situations désopilantes très cartoonesques ponctuent les épisodes. Même si une certaine gravité s’installe au fur et à mesure, et devient parfois pesante lors de la troisième saison, l’humour et l’espoir refont toujours surface.
Niveau scénario, même si la troisième saison souffre de quelques épisodes de trop, c’est presque à chaque fois un pur bonheur. La culture asiatique y est magnifiée sans ridicule ni simplisme exagéré. Une véritable apologie de la part des auteurs. Lors de la deuxième saison, la meilleure, on a même le droit à des climax digne des meilleurs « 24 heures chrono » ou « Lost » à des fins d’épisodes. Quand on possède le coffret dvd, c’est un peu comme avec un bon livre, on a du mal à s’arrêter et éteindre le lecteur… Le final enfin, le fameux affrontement promis dès le premier épisode et qui s’étend sur pas moins de quatre épisodes, est à la hauteur des attentes. Le combat entre Aang et le seigneur du feu est de toute beauté, et doté d’un véritable suspense compte-tenu d’un choix moral qui handicape Aang (que je ne déflorerai pas ici).
Et quand le mot FIN apparaît sur l’écran, c’est avec une certaine tristesse qu’on referme cette belle histoire, ravi d’avoir accompagné Aang et ses compagnons dans ce monde magnifique.
L’adaptation signée Shyamalan devrait arriver sur nos écrans (en 3D artificielle, grrrr !) le 28 juillet. J’attends le film avec impatience et je reste fan de ce cinéaste malgré certains ratés.
Mais je comprends aussi l’inquiétude de certaines personnes quant à l’aspect sérieux qui émane du trailer. L’humour inhérent à la série et au personnage de Aang a-t-il été totalement évacué du film ? Ce serait certes dommage, mais le film souffrirait d’un humour aussi cartoonesque que dans l’anime. Shyamalan aura-t-il réussi à trouver le bon dosage ?
Mon inquiétude serait plutôt sur les coupes inévitables qu’aura dû faire le cinéaste. Adapter une saisons de 20 épisodes en 2h de film va demander beaucoup de sacrifices. En espérant que beaucoup d’éléments et personnages, qui paraissent dispensable lors de la première saison, n’aient pas disparu en cours de route, vu l’importance qu’ils prennent dans les saisons suivantes (comme Suki la guerrière Kioshi). En espérant également que le film n’ait pas condensé l’intégralité de la série, mais juste la première saison, et que Shyamalan nous livre une trilogie à la hauteur de l’anime, de ses ambitions et de sa complexité.