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AnoraFilm de Sean Baker · 2 h 19 min · 30 octobre 2024 (France) — 8/10
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Confirmation que le cinéma de Sean Baker me parle. J'ai retrouvé dans
Anora ce que j'aime chez lui, à savoir des acteurs d'un naturel saisissant ainsi qu'une photographie précise qui n'en fait pas trop mais sait se faire remarquer à l'occasion (cette balade en mode Boardwalk Empire sur le littoral mais également les différents passages dans le club de striptease). Bien entendu il n'est pas question d'une mise en scène grandiose, c'est aussi ce que j'apprécie chez Sean Baker : on reste loin d'une imagerie Arty qui desservirait son propos, il accorde clairement beaucoup d'importance à l'image mais ne perd pas de vue son intention première, à savoir rester dans un certain réalisme que certains qualifieront sans doute de cinéma Sundance héhé (je veux pas vous la faire à l'envers non plus).
Transpire de ses deux derniers films une certaine maturité qui me touche pas mal. J'en veux pour preuve cette aisance qu'il a de varier la tonalité de son histoire sans que ça paraisse forcé. Même si l'on rigole les trois quarts du temps c'est pour finir le film songeur parce qu'assailli par une belle émotion. Et même si de prime abord, on peut trouver un peu futile cette traque au petit couillon capricieux en mode comédie noire qui s'éternise, comme c'était le cas avec les errances picaresques d'une ex-pornstar de retour chez lui dans
Red Rocket, il n'en est rien, en seconde intention un sous-texte beaucoup plus profond se construit patiemment sur la distance, par l'intermédiaire du personnage d'Igor dans le cas présent : chapeau à l'acteur qui l'anime, belle composition.
Le seul point, mais c'est très personnel, qui à mon sens reste à affiner, c'est une gestion du rythme un peu chaotique. Les folies festives des deux tourtereaux dans la première partie notamment sont un peu longues pour moi, je ne sais pas si les 2h20 sont nécessaires à l'intrigue, mais je pinaille tant j'ai pris du plaisir devant ce qui sera sans doute mon film de 2024.
Pour conclure cette palabre bancale, petit mot tout de même pour Mikey Madison qui campe une Ani énergique en diable très touchante. Quelle performance. C'est une constante dans le cinéma de Sean Baker, on peut ne pas accrocher à ce qu'il propose, mais généralement ses premiers rôles font toujours des étincelles, c'est à nouveau le cas ici.
C'est le genre de film qu'on aime ou trouve rasoir, personnellement je suis client et serai au rendez-vous pour le prochain