Batman BeginsRien que le titre ça commence mal. Batman commence ou plutôt recommence. Et je dois avouer que la tendance d'Hollywood en ce moment à recycler plutôt qu'à rendre hommage, avec tous ces remakes, me déçoit de plus en plus. Tim Burton, comme puni d'avoir "remaké" La Planète de Singes de manière assez médiocre récemment, est ici à son tour "remaké" de manière tout aussi médiocre (davantage même !). D'abord son scénario est copié-collé : Batman apparaît dans les rues de Gotham. Ami ou ennemi ? Il sauvera la ville d'une intoxication chimique en lui offrant l'antidote (oui oui c'est exactement la même intrigue !
), en combattant le méchant psychotique du moment, tout en trouvant le temps de ramener une petite pépée dans sa bat-cave pour mouiller un peu son bat-slip. J'en regrette même Joel Schumacher, qui lui au moins ne prétendait pas faire de l'ombre en prenant la suite et en n'effaçant pas les oeuvres de Burton...
Commençons le décompte du jeu de massacre. Quand on s'attaque au remake d'un chef d'oeuvre, il faut savoir accepter la comparaison !
L'épouvantail remplace le Joker, on perd 1 point.
La fade et puberte Madame Dawson remplace la star glamour qui crève l'écran, Kim Basinger, on perd 1 point.
On remplace Michael Keaton (subtile, élégant, fragile) par Christian Bale (brute épaisse, visage au syndrome "Steven Seagal"), on perd 1 point.
On travestit un scénario légendaire en en subtilisant toute la poésie, la force des dialogues, la ponctuation si parfaite, et on rajoute des ninjas et le tour est joué. On perd 1 point.
On sous-emploie des acteurs de renom comme Liam Neeson et Morgan Freeman. L'un a joué Schindler, et le plus grand chevalier jedi de l'ancienne république galactique, l'autre a joué Dieu et le président américain. - Alors tu joues quel grand méchant dans Batman dis moi ? - Euh non moi je suis le prof de kung fu personnel de Bruce Wayne. - Et moi je joue le mec qui fabrique ses bat-gadgets. - Ah... Euh... Et tu as bien été payé au moins ?
On remplace la musique géniale et inoubliable de Danny Elfman (la symphonie sombre, flamboyante et troublante qui a, à jamais, incarné l'univers de l'homme chauve-souris) par un Zimmer sous-inspiré qui met en boucle des loops sur son synthé Bontempi. Tu as raison Hans, à quoi bon lutter ? Le film est massacré, autant ne pas essayer de rivaliser avec un chef d'oeuvre musical, ce serait de la folie pure dans un tel contexte. 1 point en moins pour ce papier peint électronique sans thème ni mélodie, sans aucune émotion. Froid, plat, fade et indigeste. Une musique à l'image de son film.
La mise en scène chaotique, sombre et brouillon de Nolan remplace la poésie, la couleur et la folle inventivité d'un Burton en début de carrière. 1 point en moins.
Arrêtons le décompte négatif, sinon on va vite arriver à moins que zéro. Comptons les points qui peuvent hausser le film au-delà du zéro plutôt... Intense réflexion... Très intense réflexion. Mal de tête.
Des effets spéciaux ok, des décors ok, quelques bons acteurs (Gary Oldman par ex)...
Sérieux, j'arrête ici, y'a pas grand chose à sauver. Je cours allumer 3 cierges en souvenir de ces instants merveilleux de cinéphiles, peut-être à jamais révolus dans le coeur du grand public :
C'est tout ce qu'il me reste à faire, pour préserver le monde d'oublier à jamais les chefs-d'oeuvres de Tim Burton... mais j'ai l'impression que c'est déjà trop tard. Tout le monde scande le nom de Nolan, tout le monde chante les louanges d'un Batman de pacotille, sans son signe, sans son âme. Tout le monde attend la suite qui finira sûrement d'enterrer aux yeux du public un morceau de l'histoire du cinéma et du comics.
Note : 3/10