La mort dans la peau, Paul Greengrass (2004)
Meilleur que dans mes souvenirs. Car en reprenant apparemment la formule du premier stricto sensus, ce second opus de cette trilogie Jason Bourne en renouvelle en fait la tendance tout en demeurant parfaitement cohérent. Toujours aussi nerveux, il contient pourtant moins de morceaux de bravoure (mais que du bon, avec notamment une course poursuite qui est un modèle du genre en termes de découpage et de radicalité), mais propose un ton plus noir et torturé (couillu d'avoir écarté ainsi Franka Potente surtout pour l'utilisation qui en est faite, apportant à la fois une motivation et une épaisseur bienvenue au personnage principal), et lorgne plus vers l'espionnage à l'ancienne, porté par un réalisme photo et physique où plus que jamais Bourne va en baver, dans un habile jeu du chat et de la souris. L'intelligence du récit est de retourner le sens de la poursuite (les deux séquences où il fait un coucou à ses poursuivants est juste énorme). Jason Bourne devient ainsi le chasseur en faisant croire le contraire, et use de méthodes ultra judicieuses pour retourner à la source dans le but de démêler le vrai du faux. De nouveau obsédé par une ancienne mission de terrain embrouillée dans sa tête, vient s'y greffer en même temps une rédemption où il aura à faire face à ses démons, éclaboussant au passage les survivants du programme Treadstone. Son principal adversaire est aussi efficace que lui, dur de savoir qui l'emportera. Enfin la caméra filme au plus près les personnages faisant ressortir la tension et la violence des séquences. La photo est sombre, se mettant au service de son sujet (les seules scènes lumineuses se déroulent avec la promise de Jason, simple mais éloquent). Bref, un thriller de ce calibre, aussi prenant et travaillé dans le fond et la forme, on aimerait en voir plus souvent.