[Jimmy Two Times] Mes critiques en 2013

[Jimmy Two Times]

Le Prénom - Alexandre de La Patellière & Matthieu Delaporte - 2012

Du théâtre filmé, tout simplement. Ou de l'anti-cinéma, au choix. Perso, je penche plutôt vers la 2ème option. Je ne vais jamais au théâtre mais je suis persuadé que je serai plutôt bon public avec le même type d'histoire en live. Par contre, sur écran, qu'il soit petit ou grand, ça ne passe pas du tout. Trop statique (putain les acteurs passent leur temps à tourner autour du canapé, c'est horripilant) et surtout très caricatural. Ce qui passait très bien avec le Dîner de Cons (clivage beauf au grand coeur/aristo prétentieux et des personnages hors normes) agace ici.

Pitié, vas-y que je te ressorte les bons vieux clichés de l'éternel combat entre le prof bobo de gauche et l'agent immobilier odieux spéculateur de droite. Sérieux, par moment on a l'impression de mater les débats stériles de l'assemblée nationale. Faute de trouver un terrain d'entente, on s'embrasse et on oublie tout. Tant pis pour le citoyen/spectateur... Les acteurs, difficile de juger leur prestation, eux qui semblent réciter des textes qu'ils connaissent par cœur. Seul Charles Berling m'a sorti de ma torpeur, c'est d'ailleurs le seul membre du casting à ne pas avoir joué dans la pièce, pas étonnant qu'il semble plus motivé que les autres.

Cette adaptation est en fait un vrai piège à cons pour ceux qui, comme moi, n'ont pas accès aux grandes salles de théâtre. Pas grave, de gentils producteurs bien intentionnés ont pensé à tout pour attraper les petits campagnards à la volée. Le prénom, vous n'y échapperez pas. Tant pis si vous vous faîtes chier devant parce qu'il a été pensé pour les planches, pas pour la toile...

4/10

[zack_]

Tu es contradictoire sur le début. Tu parles d'anti-cinéma, tu reproches de voir du théâtre au cinéma mais tu vas pas au théâtre. Donc voilà l'opportunité de lier les deux sans aller au théâtre et de découvrir cet art en sachant que même si la scène est souvent grande les personnages quoi qu'il en soit tourne eux aussi en rond (on a pas le souci d'encombrement de la caméra certes). Après c'est le choix des décors et de cet environnent très chargé qui rend le film un peu encombré, pas comme le diner de cons.

Tu parles pas de la force des dialogues que je trouve parfois exquis. C'est du tac-o-tac, ca balance bien même si c'est très clichés gauche/droite.

[Jimmy Two Times]

Ouais bah, l'empilement de clichés a eu raison de moi. Le tac-o-tac, c'est pas forcément un gage de qualité. On peut débiter du vent à la vitesse de l'éclair, ça sera toujours du vent. Quand je dis que je ne vais pas au théâtre, c'est pas que n'aime pas ça ou que je ne veux pas, juste que ce type de pièce est plutôt réservé aux habitants des très grandes villes. Par chez moi, à part des adaptations du théâtre antique, il n'y a pas grand chose...

[Alegas]

Ted - Seth MacFarlane - 2012

Conforme à ce que j'en attendais. A savoir un bon petit moment de déconne sans prétention, vaguement irrévérencieux mais bien moins que les séries déjantées de son auteur. Avec Family Guy et American Dad, Seth MacFarlane règne en maître sur le créneau de l'animation trashy. L'Amérique et ses concitoyens sont croqués avec beaucoup d'amour/humour et en prennent aussi plein la gueule. Dans Ted, rendement économique oblige, l'attaque est plus tempérée. Jamais ce film ne va aussi loin que les séries susnommées. Ce qui ne l'empêche pas pour autant de sortir des sentiers battus de la comédie US, un peu embourbée depuis quelques années dans un moule à la Very Bad Trip dont elle n'arrive pas à s'extirper.

Ted se situe au confluent de la comédie romantique et du film de potes. C'est un peu sa principale qualité (plaire au plus grand nombre) et son pus grand défaut (amourette conventionnelle d'un côté, frein à main serré de l'autre au vu des précédents de MacFarlane). On reste cependant séduit par cette grosse peluche plus vraie que nature et par l'alchimie avec le personnage interprété par Mark Walhberg. Le duo nous réserve les meilleurs scènes. Pas celles où ils passent leur temps à téter leur bang mais plutôt leurs conflits où les vérités les plus blessantes sont balancées en pleine face. Il y a aussi une baston assez épique, pas loin de figurer dans les meilleures pugilats de l'année écoulée.

Marky Mark est très surprenant et plutôt à l'aise dans le registre de la comédie pure, preuve que quand il veut (chez James Gray ou dans Boogie Nights), il peut être très bon. Je n'en dirai pas autant de sa partenaire Mila Kunis, aussi agaçante que d'habitude... Elle brise un peu trop souvent les quelques bonnes vibes qui émanent de ce Ted... petit plaisir coupable qui se voulait à la pointe de la controverse mais qui en garde finalement sous le capot pour ne pas choquer outre-mesure. MacFarlane a encore un peu de boulot pour ajuster sa recette entre volonté trash et exigences du grand public. Fuck you thunder you can suck my dick!

6.5/10

[maltese]

FLASH!!!

[Jimmy Two Times]

Voisins du Troisième Type - Akiva Schaffer - 2012

Déception parce que les croisements entre science-fiction et comédie ne sont pas légion mais aussi déception au vu d'un casting sous-exploité. Pourtant, il y avait de quoi faire. L'idée était sympa, une brigade de surveillance dans une banlieue proprette des USA se fightent avec des E.T, le résultat n'est pas irrécupérable mais particulièrement fainéant... Ben Stiller cachetonne et rejoue encore le même rôle, Jonah Hill est l'atout jeunesse, Vince Vaughn est bien lourdingue (et saoulant, le maillon faible) et l'excellent Richard Ayoade (la série IT Crowd) apporte un peu de fraîcheur, sans plus.

Le film met trois plombes à démarrer et aura du mal à se relever de cet handicap. Une fois la menace from outta space clairement identifiée (en milieu de pelloche), on commence enfin à se fendre la gueule (un peu, faut pas déconner non plus) notamment lors d'une séance de shooting photo avec un cadavre alien. Même si ça n'était pas l'extase, un film comme Paul était tout de même un peu plus fun. Et que dire du british Attack the Block, qui l'envoie carrément valser dans les cordes, plus drôle, bien mieux shooté, meilleurs design des créatures et surtout un côté fresh qui manque cruellement à ces Voisins du Troisième Type.

4.5/10

[Moviewar]

Mud - Jeff Nichols - 2013

Une seule méthode pour se délecter de ce voyage initiatique. Calez vous dans votre fauteuil de cinéma comme si c'était une barque voguant sur le majestueux Mississipi. En trois films, Jeff Nichols s'est imposé comme un grand. Une véritable respiration au sein d'un cinéma indépendant US qui tourne parfois à la caricature. Technicien et scénariste de talent, il confirme avec Mud à quel point il est également doué avec les acteurs. Car au delà de son classicisme, ce nouvel opus doit beaucoup à l'ensemble de son casting, au diapason de cette très belle histoire sur l'adolescence, l'amour et l'Amérique authentique.

Sur le papier, le film peut paraître moins ambitieux que son précédent (Take Shelter) mais il a encore plus à offrir. Mud touche en plein coeur. On suit les péripéties de deux ados tout droit sortis d'un roman de Mark Twain et qui ont délaissé les bancs de l'école depuis un moment. Au gré de leurs pérégrinations quotidiennes, ils font la rencontre sur un îlot paumé dudit Mud, homme mystérieux qui vit tel un Robinson Crusoé. Il est armé et semble fuir quelque chose (et là, on pense irrémédiablement à Un Monde Parfait d'Eastwood). Pas de quoi effrayer pour autant les deux amis téméraires qui sont rapidement séduits par son charisme et par les valeurs trop souvent oubliées qu'il prône.

Le jeune Ellis, dont la vie de famille n'est pas des plus joyeuses en raison d'un conflit parental latent, trouve en Mud un père de substitution. Ou du moins une personne qui va l'aider à réengager le dialogue avec les siens. L'histoire est simple mais profondément touchante. Dans ce cadre idyllique pour le cinémascope, Nichols laisse le temps d'exister à ses personnages. Dans le rôle titre, Matthew McConaughey confirme après Killer Joe qu'il vaut bien mieux que les bluettes dans lesquels il s'est fourvoyé au début de sa carrière. La quarantaine lui sied à merveille et il faudra compter avec lui à l'avenir. Désarmants de naturel, les deux gamins le sont. On a vraiment le sentiment qu'ils sont leurs personnages. Deux petits aventuriers qu'on suivrait au bout du monde tant ils sont attachants. Quand on voit le nombre de films peuplés de mioches têtes à claque, la justesse de ton ici présente tient du miracle.

Les seconds rôles ne sont pas en reste. Le vieux briscard Sam Shepard et les fidèles de Nichols, Michael Shannon et Ray McKinnon semblent faire parti du cru et bénéficient eux aussi de scènes très fortes. Mud est une ode à l'amitié et à l'amour et que serait ce dernier sans les femmes. Aussi miraculeux que celà puisse paraître, Nichols arrive à rendre crédible Reese Witherspoon, pourtant si souvent horripilante. Si ça n'est pas la marque d'un grand directeur d'acteurs...

Pour couronner le tout, Mud est d'une beauté apaisante. Evidemment, le cadre s'y prête à merveille mais celà ne fait pas tout. Certains plans sont à tomber et contribuent grandement à l'émotion palpable tout au long du récit. Bercé par toutes ses belles intentions, j'y suis même allé de ma petite larme peu avant l'épilogue. Ce dernier tranche d'ailleurs assez nettement avec le reste du récit en ouvrant la voix à un règlement de comptes entre Mud et une flopée de tueurs à gages. Les mauvaises langues diront que le film prône la loi du Talion mais ne sommes nous pas en Amérique, qui plus est profonde? Je ne retiendrai pour ma part que la parfaite cohésion entre écriture, jeu d'acteurs et réalisation. Un torrent de belles émotions comme je n'en avais pas ressenti depuis très longtemps dans une salle. Des émotions qui m'habitent encore au moment où j'écris ces lignes et qui donnent envie de suivre de près cet artiste majeur du XXI ème siècle. Pour ma part, Nichols est sans conteste le réalisateur US le plus doué à avoir émergé ces dernières années. J'ai comme une furieuse envie de me refaire son premier coup de maître, Shotgun Stories.

9.5/10

[osorojo]

Belle et juste ( ) critique

Et moi aussi MUD m'a donné envie de revoir ses deux autres films, surtout Take Shelter que j'avais regardé alors que j'étais fatigué

[Jimmy Two Times]

Je n'en attendais pas tant et pourtant, Nichols livre assurément un des plus beaux films de ces dernières années avec une histoire en toute simplicité. Pour le moment, j'aime bien 2013. Vu que je n'ai pas trop le temps d'aller au ciné, je n'ai vu que des bons, très bons voire excellents films à une exception près.

Petit top qui me servira de mémo pour réactualiser ma première page:

1 - Django
2 - Mud

Là, il y a clairement baston pour la première place. Le fun à l'état pur d'un côté, un immense coup de coeur de l'autre. Vivement que les Blu-ray passent par mon lecteur!

3 - Zero dark Thirty
4- The Master
5 - Du Plomb dans la Tête
6 - The Place Beyond the Pines
7 - Les Croods

Que des films à 7.5 ou plus. Zéro déception. Pourvu que ça dure!

Sinon, reprise (pour de bon) de mon cycle Kitano:

[Mark Chopper]

Au plaisir de te lire

[osorojo]

Genre le mec il tease sur son topic !

Pour ta moyenne cinoche, bouge toi pour y voir Iron Man 3, il faut tempérer un peu ce déluge de bonnes notes

[Jimmy Two Times]

Iron Man, j'ai abandonné après le premier. Le jour où tu me verras noter les deux suites, c'est que je serai au fond du gouffre!

[Mark Chopper]

Bah tu seras bientôt Papa, donc ton topic risque de se scalpiser

[Dunandan]

Jugatsu - Takeshi Kitano - 1990

Après un premier film aux faux airs de commande mais finalement sans concession (Violent Cop), Takeshi Kitano livre sa première oeuvre personnelle avec Jugatsu. Mais ici, il n'est pas la tête d'affiche. Il se réserve simplement un second rôle. Un personnage borderline, très économe dans ses paroles et bien souvent incontrôlable. Il faut cependant patienter jusqu'à la seconde moitié du film pour le voir entrer dans la danse. Pendant 45 minutes, Jugatsu suit l'itinéraire d'un jeune pompiste hébété, joueur de baseball du dimanche à ses heures. Pour avoir manqué de respect à un yakuza, il s'attire les foudres d'un gang et part pour Okinawa avec un de ses potes, à peine plus futé que lui, afin d'y dénicher une arme pour se défendre.

Pas d'excès de violence dans cette première partie, Kitano en profite pour dresser le portrait d'une jeunesse un peu dépravée et incapable de prendre des initiatives réfléchies. Entre 2 matchs de baseball un peu chiant (en même temps, la caméra s'intéresse plus à l'idiot du village qu'au terrain), le burlesque pointe le bout de son nez. Ce sera une des composantes majeures du cinéma de son auteur, un humour avant tout très visuel, inspiré du muet, et qui arrive souvent sans crier gare. Pas vraiment de quoi passionner les foules jusque là mais le côté foutraque ainsi que la bêtise des personnages n'effraiera pas outre mesure les aficionados du réalisateur.

La suite est évidemment d'un tout autre calibre avec l'arrivée de ce yakuza totalement imprévisible, à moitié gay et sujet à des accès de colère à la moindre contrariété (ce qui arrive fréquemment l'alcool aidant). Personne ne trouve grâce à ses yeux, pas même sa pseudo petite amie, véritable souffre douleur qu'il n'hésite pas à envoyer dans les bras d'autres hommes. Au gré de pérégrinations complètement loufoques, dignes de l'itinéraire d'une bande de clodos se laissant porter par le souffle du vent, les saynètes sans queue ni tête s'enchaînent. D'un épisode complètement absurde dans un karaoké, en passant par des enfantillages sur la plage, le spectateur est ballotté bien malgré lui et essaye de recoller les morceaux de l'histoire, du moins jusqu'à l'épilogue qui permet enfin de comprendre le pourquoi de ce foutoir pétri de non sens.

Techniquement, Kitano se cherche encore et faute d'avoir trouvé un compositeur dans les temps, Jugatsu fait sans bande originale. C'est un des handicaps majeurs du film tant la musique sera un vecteur d'émotions important dans la filmographie du bonhomme. Un film à réserver aux fans mais qui possèdent déjà toutes les caractéristiques de son cinéma identifiable entre mille. Un essai cheap et bancal qui forme avec Violent Cop et A scene at the Sea, une première trilogie qui sera résumée à merveille dans le premier film somme du maître, Sonatine. Pas vraiment très engageant pour ceux qui voudraient découvrir l'univers du réalisateur et pourtant parfaitement cohérent au regard de ce qui va suivre.

7/10

[Mark Chopper]

Tout est dit sur les qualités et défauts de ce film attachant